Traduction du témoignage reçu du demandeur d’asile camerounais


NYANURJI SHU Pascal,

détenu à la prison de Saint-Gilles, août 2001.



Pascal Shu, demandeur d’asile anglophone camerounais, actuellement détenu à la
prison de Saint Gilles, a été la victime de violences à l’aéroport de Bruxelles-National lors de ses troisièmes et quatrième tentatives d’expulsion, voici son témoignage :

" Voici ce qu’il m’est arrivé à l’aéroport. La première fois il n’y a pas eu de problème.

La deuxième fois, le 9 juillet 2001, j’ai été emmené à la cellule de l‘aéroport et dès que j’y ai été je leur ai dit que si je retournais au Cameroun j’y aurais de gros problèmes à l’arrivée. D’abord la photo du passeport que j’ai utilisé n’est pas la mienne et comme anglophone j’aurai de terribles difficultés avec la police de l’aéroport parce qu’ actuellement
beaucoup de Nigérians achètent des passeports camerounais pour voyager ; et en dehors de cela ce sera pour moi le début d’une série de problèmes liés à la situation des anglophones au Cameroun et aussi en rapport avec ce qui m’a fait quitter le pays. J’ai expliqué cela en détail à la police de l’aéroport mais ils m’ont quand même ligoté des pieds à la tête et porté dans l’avion.
J’ai crié et hurlé et au bout d’un moment le pilote a ordonné qu’on me débarque.

La troisième fois a été la plus difficile. Lorsque l’on a voulu me ligoter et que j’ai résisté, six policiers se sont jetés sur moi dans la cellule et m’ont grimpé sur le corps. Un a mis son pied sur mon cou, les autres ont tiré mes mains derrière moi. A ce moment j’étais par terre. Ils ont à nouveau entièrement ligoté mon corps, très fort cette fois, je pouvais à peine bouger. Quatre hommes m’ont alors porté à la voiture, m’ont attaché sur le plancher de la voiture, m’ont conduit à l’avion et m’ont porté jusqu’à un siège. Là je me suis débattu, refusant de m’asseoir et criant.
Ils ont tout essayé mais ne sont pas arrivés à me forcer à m’asseoir.
Finalement l’un d’entre eux a donné un très fort coup de genou dans mes testicules et les trois autres m’ont fait asseoir car la douleur était terrible et je ne pouvais plus résister. Comme mes mains étaient liées derrière le dos, un de mes doigts a été cassé, l’os déplacé. Je criais de douleur mais ils étaient autour de moi et s’efforçaient à couvrir ma bouche. Après un long moment de lutte ils ont renoncé et dit que je ne partirais pas. Ils m’ont dit de descendre de l’avion mais je ne pouvais marcher à cause de la douleur aux testicules, ils m’ont donc porté hors de l’avion.
Dans la voiture ils ont employé toutes sortes de mots d’insultes, disant qu’ils ne me considèrent pas comme un être humain mais comme un animal et qu’un animal comme moi n’aura jamais le droit d’être en Belgique. Ils m’ ont dit un tas de mauvaises choses, et que le seul endroit pour moi en Belgique est ici à la prison de Saint-Gilles. Ils m’ont remis dans la cellule pour quelques heures puis m’ont transféré à la prison. C’était le 23 juillet 2001.
A l’aéroport, le médecin a étiré mon doigt et m’a donné un médicament, le médecin de la prison a poursuivi le traitement. "

Pascal a également été la victime de violences lors de la quatrième tentative d’expulsion le 4 août dernier : " J’ai encore été emmené à l’aéroport la semaine dernière pour la quatrième fois maintenant et c’était tout aussi terrible que les autres fois. J’ai reçu des coups et ai été battu ça et là sur mon corps. Ils m’ont finalement sorti de l’avion après que les passagers aient revendiqué le fait que je sorte de l’avion. C’était très difficile et ils (les policiers) m’ont insulté cruellement mais je reste fort. " Voici les extraits d’une lettre que nous avons reçu de la prison de Saint Gilles. Il est inadmissible que des demandeurs d’asile soient traités de cette façon et soient enfermés de manière arbitraire que ce soit dans les
centres fermés ou des prisons. Le cas de Pascal Shu n’est pas isolé. D’autres demandeurs d’asiles, Mohammed Konteh par exemple qui est un co-détenu de Pascal Shu, subissent également la violence des policiers à l’aéroport et la violence mentale que représente l’enfermement en centre fermé.
Parce que nous ne pouvons laisser passer de telles pratiques et parce que le respect du droit d’asile doit être un droit fondamental , nous dénonçons ces situations et revendiquons:

La fermeture des centres fermés
L’arrêt immédiat des expulsions
Régularisation de tous les sans-papiers.


Collectif de résistance aux centres fermés et aux expulsions.
C/O UPJB. 61, rue de la victoire 1060 Bruxelles.
Tel : 0486919468 , 0497737386.
Mail :
collectif.resistance@caramail.com