Comme chaque année, se déroule le " Teknival ", grand rassemblement qui réunit sous une même bannière ravers et autres amateurs de techno. Tous ne revendiquent qu’une seule chose : la considération des musiques électroniques comme une culture à part entière et donc les libertés que celle-ci implique comme le droit de se mouvoir sans aucune contrainte ou réglementation trop stricte qui la conduirait fatalement à téter du bon vouloir des autorités. Échappant totalement à son contrôle, le gouvernement Raffarin a entrepris de réglementer ce type d’événement afin d’avoir une main mise certaine. En retour, il justifie cette réaction paternaliste évoquant le non-respect des règles de sécurité et d’hygiènes mettant la vie des ravers en danger. Ce qu’il ne dit pas par contre, c’est que d’année en année il a contribué à la criminalisation de la scène techno, la poussant à la fois dans la clandestinité et l’illégalité.

En quoi consiste cet arrêté ? En application depuis le 7 mai, il concerne tout rassemblement supérieur à 250 personnes et contraint les organisateurs à envoyer à la préfecture un mois avant la date prévue, une déclaration faisant mention d’un accord préalable avec le maire de la commune concernée ainsi qu’avec le propriétaire du terrain. Ils devront outre ces dispositions détailler toutes les mesures misent en place au niveau sécuritaire et hygiène et tranquillité publique.
En cas de non-respect, les sanctions encourues seront une suspension du permis de conduire (d’une durée de 3 ans max. ), une saisie du matériel sono, un travail d’intérêt général ou encore pour les personnes morales, à des amendes.

Voici ce qu’en pense le président de l'association Technopol, porte-parole des organisateurs officiels d'événements techno, Brice Mourer. Quel constat faites-vous de la situation actuelle sur le terrain dans l'organisation de soirées diffusant de la techno ? BM : C'est la confusion totale. Le décret d'application va au-delà de la loi et pousse à la radicalisation des acteurs de la scène " free party ". Nous avons déposé un recours. À partir du moment où un rassemblement diffuse de la musique techno, la répression est aveugle. On constate un retour de la diabolisation concernant aussi les soirées qui respectent la réglementation. Que souhaitez-vous ? BM : Il faut réformer la circulaire de 1998 et reprendre le dialogue avec tous les intervenants, organisateurs, pouvoirs publics et élus, dans une démarche réellement constructive. Le plus étonnant est que l'on est confronté à une sorte d'exception culturelle française avec le paradoxe que la techno, avec le succès mondial de la " French touch ", est aujourd'hui le moteur de l'exportation musicale, mais que ce courant musical devient impossible à diffuser en France. Le mouvement techno ne paye-t-il pas quelques dérives récentes avec des " free party " anarchiques ? BM : Si les " free parties " se sont tant développées récemment, c'est à cause de la répression qui poussent les acteurs de la scène techno underground à la radicalisation. L'amendement Mariani fait l'amalgame entre fêtes légales et illégales. La loi aboutit à l'inverse de l'objectif de responsabilisation des organisateurs qui n'ont plus confiance face à la confusion réglementaire et à la diabolisation. Aujourd'hui, la scène techno s'en trouve sinistrée.

Ils étaient donc tout de même dés ce vendredi près de 10.000 à s’êtres attroupés sur le site du Teknival édition 2002 ; non sans difficultés car les CRS avaient reçu l’ordre dés jeudi midi de barrer la route ce qui a d’ailleurs causé quelques échauffourées : un policier a été victime d’un traumatisme crânien à la suite d’un jet de pierre. Barrage qui fut levé en début de soirée. Les camions transportant le matériel sono, eux aussi interdit d’accès ont finalement choisi de s’établir à la commune d'Argentera (situé à seulement 200 mètres de la frontière française), les organisateurs ont en effet choisi consciencieusement le côté italien ce qui leur évite d’être sous le joug du nouveau décret. Une présence policière de 200 gendarmes et CRS était tout de même sur place côté français, tandis que les carabiniers (gendarmes italiens) se faisaient plutôt discrets, presque imperceptibles. Médecin du monde, présent par une cinquantaine de personnes et qui joue un rôle sanitaire supplémentaire, déplore quant à eux l'augmentation de la répression rendant son travail plus difficile auprès des jeunes.