Témoin direct d'une photo-mensonge raciste

Quelle n'est pas ma surprise - et ma colère - ce matin, lorsque je découvre ma photo à la «une» de La Dernière Heure. Une photo qui manipule honteusement les faits. Démonstration en images.

Salim Hellalet
28-11-2002

Témoin direct d'une photo-mensonge raciste

Après le meurtre raciste du jeune prof Mohamed Achrak, je me rends à Anvers pour rencontrer ces jeunes qui sont la cible d'une campagne haineuse des médias et pour faire un reportage photos sur leur colère grandissante.

La photo-mensonge

Moi, Salim Hellalet, photographe à la rédaction de www.solidaire.org, Belge d'origine immigrée. Durant 90% de mon temps, j'ai un appareil photo collé au visage. Là, le photographe de Belga a attendu pour pouvoir cliquer au «bon moment» et me prendre dans une situation qui l'arrange: forcer le déséquilibre entre jeunes d'origine immigrée et police. Je regarde en direction d'un flic (qu'on ne voit pas sur la photo) qui ne cesse de provoquer Ahmed, le jeune devant moi.
Le photographe de Belga a choisi de montrer un flic (très) jeune, sympa et pas cagoulé (alors que tous les autres l'étaient).
Commentaires de la photo: «émeutes», «violences», «vitres de magasins et voitures cassées...» Alors que la scène est celle d'un jeune mis en colère par un policier violent et provocateur.

Mes photos

Voici ce flic qui, comme le montre la partie visible de son visage, nargue Ahmed. Il porte un casque et une cagoule. Et quelques instants plus tôt, il frappait des jeunes aux jambes avec sa matraque, sous les yeux des photographes et caméramans présents. Avant cela, deux minutes seulement après la cérémonie funèbre à la mosquée, la police a envahi les lieux et bouclé les rues voisines . Les flics provoquent les habitant du quartier, jeunes ou vieux . Ils empêchent des gosses de 10-12 ans de rentrer chez eux . En l'occurrence, ce jeune habite juste là.
Le photographe de Belga. Il se sent heureux d'avoir pris LA photo qui sera diffusée en masse (DH, Le Soir, etc.). Il a tourné deux ou trois fois autour de cette scène de cinq minutes et s'est arrêté précisément sur cet angle-là! En ce qui concerne Ahmed, on le a pu le voir demander des dizaines de fois aux jeunes de ne pas répondre aux provocations policières.
Il n'en est rien passé dans les médias. Ceux-ci préfèrent des photos haineuses pour une campagne haineuse qui est certainement à l'origine du crime raciste de Borgerhout.