22 oct - Les commentateurs de la presse israélienne se perdaient en spéculations, mardi, au lendemain de l’attentat-suicide contre un autobus près de la ville de Hadera, dont le dernier bilan s’établissait à 13 morts (dont les deux auteurs présumés) et plusieurs dizaines de blessés. Constatant l’impasse absolue dans laquelle Sharon et ses complices ont conduit Israël, un éditorialiste du Haaretz donne ainsi la parole à des Palestiniens ordinaires, qui haussent les épaules : « Bien sûr, Sharon peut multiplier raids et bombardements sur Gaza, mais il le fait déjà de toutes façons ; il peut aussi resserrer la cage d’Arafat, mais il l’a déjà fait plusieurs fois sans résultat », disent-ils. Cet attentat a été revendiqué par le Djihad Islamique, et condamné par le président de l’Autorité Palestinienne Yasser Arafat, que le gouvernement israélien a naturellement eu une fois de plus le culot d’incriminer, tout en reconnaissant qu’il n’était pour rien dans l’attaque. Cet attentat, pas plus que les précédents, n’a de chances de faire progresser la lutte pour les droits du peuple palestinien. Mais –et c’est bien pourquoi le flux de jeunes Palestiniens prêts à donner leur vie pourvu qu’ils puissent donner aussi la mort à des Israéliens, civils ou militaires, n’est pas prêt de se tarir- l’absence d’attentats non plus. Car que se passe-t-il pendant ces périodes honteusement qualifiées « d’accalmies », où il n’y a pas d’attentats anti-israéliens, que ce soit par manque de candidats ou par succès des forces israéliennes ? Eh bien, grâce au sentiment d’impunité croissant que lui procure le silence du monde (gouvernements occidentaux, arabes, médias dans une très large mesure, sans parler des institutions auto-proclamées « représentatives des Juifs »), Israël resserre chaque jour un peu (et certains jours beaucoup) plus le nœud coulant autour du cou du peuple palestinien, sans jamais faire la plus insignifiante des concessions (même les levées temporaires de couvre-feu, de par leur caractère aléatoire et arbitraire, se sont révélé être des pièges mortels pour de nombreux enfants palestiniens). Outre l’attentat de Hadera, qui a apparemment fait une majorité de victimes militaires, ce que les autorités israéliennes ont quelque réticence à avouer, la seule journée de mardi en Palestine a ainsi été marquée par des événements très graves. DESTRUCTION ACCELEREE DE L’ACTIVITE AGRICOLE En début de journée, on apprenait ainsi que le ministre des « Infrastructures », l’ultra Effie Eytam, avait purement et simplement interdit aux Palestiniens de Cisjordanie de creuser des puits, ce qui signifie rien moins qu’un arrêt de mort de l’activité agricole. Le fasciste Effie Eytam, partisan déclaré de la déportation des Palestiniens, est le représentant le plus en vue des colons d’extrême-droite dans le gouvernement Sharon. Il a directement provoqué au cours du week-end une épreuve de force avec le ministre de la guerre « travailliste » (« socialiste ») Benyamin Ben-Eliezer lorsque ce dernier a eu des velléités de démanteler quelques « avant postes illégaux » de colons en Cisjordanie. Tandis que les nervis du ministre Eytam bombardaient de pierres les policiers et soldats désarmés (ces derniers gardent leurs munitions pour les Arabes, cela va de soi), et reconstruisaient bientôt leurs « avant postes », Ben Eliezer s’empressait de leur donner de nouveaux gages, en annonçant mardi le feu vert à 16 nouvelles implantations dans la région de Hébron. Eytam, qui avait publiquement traité son collègue Ben Eliezer de serpillière, avec quelque pertinence d’ailleurs, s’est alors senti suffisamment fort pour regretter l’injure, laissant aux travaillistes le ridicule de pleurnicher sur leur propre sort, alors que l’opinion publique découvrait à la télévision les morts de Hadera. Le décret sur l’eau, une ressource qu’Israël conteste depuis toujours de manière obsessionnelle aux Palestiniens, représente un enjeu autrement plus sérieux pour Eytam et consorts, qui sont les véritables maîtres aujourd’hui de ce pays. Parallèlement, des bandes de colons ont entrepris, avec la complicité de l’armée, de s’opposer systématiquement à la cueillette des olives, une des principales productions agricoles de la Cisjordanie, dont la saison vient de commencer. Les militants pacifistes israéliens et internationaux organisent depuis plusieurs jours des brigades d’accompagnement des paysans palestiniens dans les oliveraies, après qu’un Palestinien a été froidement abattu par un colon au début du mois. Mais, nous rapportent Oren Medicks (Gush Shalom) et Amer AbdelHadi (radio TFM 97.7 à Naplouse), cela n’empêche pas les colons armés de débouler, et de menacer d’ouvrir le feu. « Un officier est alors venu nous voir et a déclaré : je ne peux pas garantir votre sécurité ni celle des Palestiniens, il faut donc que vous partiez », raconte Oren Medicks. Ce que nos camarades ont été obligés de faire, la rage au cœur. La presse israélienne en a conclu que l’armée avait purement et simplement interdit la cueillette, ce qui, dans les faits, n’est de toutes manières pas loin de la réalité. (Invraisemblable que des récoltants, parce qu'ils sont palestiniens doivent subir le sordres et contre ordre israélien pour simplement récolter leurs olives, source de leur seul revenu. L'interdiction semble levée : pour quelle autre exaction anti palestinienne )