Certains sont extradés à la Haye... ...d'autres nommés à la Maison Blanche Institutions financières internationales et politiciens sont aux anges. L'ancien président serbe Slobodan Milosevic a été extradé aux Pays-Bas pour être jugé par le Tribunal Pénal International de La Haye pour l'ex-Yougoslavie. Les médias s'en donnent à coeur joie pour reprendre leurs couplets de propagande de la guerre du Kosovo. Grands chroniqueurs et petits journalistes essaient de nous convaincre que la "communauté internationale" est, aujourd'hui, en route vers moins d'impunité, vers plus de justice. La moralité va enfin dominer les relations internationales, nous disent-ils. Tout ce discours n'est bien évidemment et comme d'habitude qu'un écran de fumée masquant une réalité dans laquelle le deux poids deux mesures est roi. On a appris, il y a quelques jours, que le tyran chilien Pinochet échapperait à la justice de son pays. L'alliance de la droite, des forces armées et du gouvernement social-démocrate voulant préserver la tranquille "transition" à la démocratie a permis au vieux général putschiste de s'en sortir, probablement définitivement, et sans susciter l'ire de la communauté internationale. Ce
dont on n'a pas parlé, ce sont les nominations de gens plus que
douteux à des postes-clés dans l'administration étasunienne. Ainsi, le président Bush a décidé de nommer aux principaux postes de politique extérieur pour l'Amérique latine, tant au sein du Département d'Etat qu'au Pentagone, les mêmes fonctionnaires qui furent les assesseurs et stratéges du programme d'appui étasunien à la contra nicarageyenne. Cet épisode noir (pour la population nicaragueyenne) de la politique étrangère étasunienne eut lieu dans les années '80. L'Oncle Sam finançait la contre-révolution au Nicaragua en transformant le Honduras voisin en base militaire et en équipant et entraînant des assassins qui ont saboté les bases de la révolution sandiniste, en persécutant les gens, en violant les femmes, en détruisant les écoles, etc. On savait déjà que l'actuel secrétaire d'Etat et ancien "héros" de la Guerre du Golfe, Colin Powell, était très impliqué à l'époque dans ces programmes d’assistance à la Contra nicaragueyenne. Les investigateurs Robert Parry et Norman Solomon ont notamment documenté le rôle que joua Powell dans les arrangements pour l’envoi de missiles à l’Iran dans ce qui devint le scandale Iran-contra (1). Cette semaine, Bush a nommé formellement Otto J. Reich comme prochain sous-secrétaire d'Etat pour les affaires de l'hémisphère occidental (le continent américain), nomination qui devra être ratifiée par le sénat étasunien. |
Qui est
cet Otto J. Reich? - Avocat d'origine cubaine, Otto J. Reich fut officier de l'armée des Etats-Unis au Panama en 1967 et aussi ambassadeur au Venezuela dans les années '80. - Reich est
surtout obsédé par un problème: Cuba. -De 1976 à 1981, Il fut directeur à Washington du Conseil des Amériques, une association de compagnies étasuniennes ayant des investissements en Amérique latine et dans les Caraïbes, association dont était membre la multinationale Bacardi. - Il passa, après, deux ans dans la section Amérique latine de l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (US-AID, sigles en anglais) où il bloqua toute demande d'aide au gouvernement sandiniste. - Ronald Reagan le nomma ensuite ambassadeur à l'ONU, à Genève. Durant cette période, grâce à Reich, la Fondation Nationale Cubano-Américaine (FNCA) se vit ouvrir de nombreuses portes pour son travail de lobby, ou plutôt de sape de la révolution cubaine. - Durant
les années '80, quand les étasuniens sont intervenus dans
les conflits nicaragueyens et salvadoriens, Reich a dirigé un bureau
de propagande au sein du département d'Etat appelé Office
of Public Diplomacy. Cette unité était composée
de membres de la CIA et de spécialistes en psychologie du Pentagone.
Son objectif était de tromper l'opinion publique étasunienne
en diffusant de la fausse information, en discréditant des journalistes
que l'administration reagan n'aimait pas, en utilisant les principes de
la propagande pour manipuler et apporter la confusion au sein des "populations
des pays ennemis". En 1987, ce bureau a été accusé
de mener des "activités interdites de propagande cachée"
et suite au scandale de l'Iran-contragate, il fut fermé. On pourrait encore décrire la suite du curriculum vitae de ce monsieur, mais les éléments apportés ci-dessus permettent déjà de bien cerner le personnage. Un individu très bien intégré aux sein des institutions de "la plus grande démocratie du monde" et qui ne sera pas le seul criminel nommé par la nouvelle admnistration républicaine. Ainsi, récemment, le Conseil de Sécurité a annoncé qu'Elliot Abrams, ex-secrétaire d'Etat assistant pour l'Amérique latine dans les années '80 et qui a admis avoir menti au Congrès par rapport à l'affaire Iran-Contra, occupera le poste d'assesseur principal chargé de la promotion de la démocratie et des droits de l'homme. Cette décision ne requiert pas l'approbation du Sénat, tout comme la nomination d'un certain Pardo-Maurer au Pentagone comme sous-secrétaire d'Etat assistant pour les affaires interaméricaines et qui fut officier politique des assassins de la contra nicaragueyenne. Une telle ribambelle de criminels dans un gouvernement devrait empêcher celui-ci de faire la morale, de parler d'éthique internationale. Les classes dominantes étasuniennes savent très bien ce dont sont responsables ces individus. Ils le savent et c'est pourquoi ils ne veulent pas de la création d'un Tribunal Pénal International. Les journalistes ont pour responsabilité sociale d'en parler et cesser d'être les agents de propagande de l'empire euro-étasunien. Notes: (1) Alors que le président étasunien de l'époque, Ronald Reagan, appelait constamment à condamner le régime iranien "démoniaque et terroriste"de Khomeiny, son gouvernement lui vendait en même temps des armes, via Israël, pour financer la sale guerre contre la révolution sandiniste. L'opération antisandiniste a aussi été financée par l'argent de la drogue. Dans le cadre du Projet Démocratie (Projet contre-insurrectionnel en amérique central ayant une façade honaorable), des leaders de cartels colombiens de la drogue fournissaient de la cocaïne et de la marihuana qui étaient acheminées par voie aérienne vers des pistes au Costa Rica, au Salvador et au Honduras contrôlées par la CIA. De là, la drogue était acheminée vers des aéroports civils et militaires en Floride où un autre réseau se chargeait de la mettre sur le marché. En remerciement, les narcotraficants colombien recevaient armements, matériel sophistiqué de sécurité et des facilités pour pénétrer sur le territoire américain. (2) Cette "fondation" et la myriade d'association qui l'entoure est l'avant-garde de l'extrême droite cubaine de Miami. Totalement intégrées dans les institutions étasuniennes, elles ont participé, avec la CIA ou/ et la mafia, à des actions contre-révolutionnaires en Amérique latine comme au Nicaragua, au Chili d'Allende, en tentant d'assassiner Castro, etc. Sources: Hernado Calvo Ospina, Ron Bacardi: La Guerra Oculta, la Casa Editora Abril. |