Intervention de Benjamin Pestieau (24 ans), membre de la direction de la section jeunesse du Parti du Travail de Belgique (PTB), lors du " Centre thématique : Droits des jeunes et des étudiants ".
Festival Mondial de la Jeunesse et des Etudiants, Alger, août 2001.
Chers Camarades,
Le 10 février de cette année, les étudiants de l’université néerlandophone de Bruxelles ont occupé les bureaux de leur direction pour protester contre l’implémentation de la Déclaration de Bologne dans leur université. Beaucoup d’entre-vous n’ont sans doute jamais entendu parlé de cette déclaration. Celle-ci a été signée le 19 juin 1999 par 30 ministres européens de l’enseignement supérieur. Elle vise à transformer profondément l’enseignement supérieur européen dans les 10 années à venir. On y parle dedans de qualité, de mobilité, d’autonomie des établissements d’enseignement supérieur, de leur compétitivité mondiale et d’autres choses du même goût…
Qu’il y a-t-il de si grave dans cela me demanderez-vous probablement ? Il serait impossible dans le temps qui m’est imparti de l’expliquer dans les détails. Cependant, pour comprendre la Déclaration de Bologne le plus important est de connaître les objectifs des gouvernements européens dans leur volonté de réforme. Ecoutons-les. En mars 2000, les gouvernements qui forment l’UE ont insisté sur le rôle de l’enseignement et de la formation dans la construction de l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde. Plus récemment encore, à Prague en mai 2001, les 30 signataires de la déclaration de Bologne ont insisté sur le rôle de l’enseignement supérieur dans l’attractivité et la compétitivité de l’Europe. Quelle que soit la couleur politique des gouvernements européens ils sont tous d’accord entre eux sur ce point. En fait, ils ne font que répéter réellement littéralement le discours de la Table ronde des industriels européens, l’association des multinationales européennes.
Leurs préoccupations premières dans la volonté de réforme de l’enseignement est la compétitivité des multinationales européennes. Ce qu’on appelle aujourd’hui le " processus de Bologne " a pour but de faire de l’enseignement une réelle arme dans la guerre, aujourd’hui économique, que les multinationales européennes mènent avec les multinationales du bloc américain et asiatique.
Chaque jour nous pouvons expérimenter ce que cela veut dire. Plus de compétitivité pour les multinationales signifient moins de droits pour les étudiants et les jeunes travailleurs, plus de sélection dans les universités et plus d’exploitation dans les usines, plus de bénéfices pour les multinationales mais plus de guerres et d’oppressions pour les peuples du tiersmonde.
Les débats qu’a suscités la
Déclaration de Bologne parmi les étudiants nous mènent à la question : quelle société pour quel enseignement ?. Celle-ci doit être débattue sans relâche dans le mouvement pour un enseignement réellement démocratique. Les interventions des délégués cubains et nord-coréens m’ont beaucoup ému : elles nous montrent à tous qu’un enseignement au service du peuple est possible, un enseignement sans sélection sociale est possible : il existe dans ces pays. La lutte pour un enseignement au service du peuple doit être pour nous tous une porte d’entrée pour expliquer parmi les étudiants qu’un autre monde est possible, qu’un autre monde existe et il s’appelle le socialisme !Finalement, je demande que les conclusions du centre thématique prennent position pour le rejet du processus de Bologne.
Merci