Le 19 Juillet 2002 Haaretz A Jénine, la famille d'Abou Ali Abouès est ressuscitée mais le « Nouvel Observateur » ne publiera aucun rectificatif sur ce « massacre » Ada Oushpiz revient sur l'un des personnages clés de la bataille médiatique de Jénine, en avril dernier, durant l'opération « Rempart ». A la faveur d'une levée partielle du couvre-feu imposé par Tsahal depuis le début de l'opération « Voie ferme », Oushpiz est retournée, il y a quelques jours, à Jénine. La journaliste du « Haaretz » s'est rendue devant la maison détruite d'Abou Ali Abouès. Elle rappelle que dans un reportage qu'elle qualifie de « négligeant » du « Nouvel Observateur », Abou Ali s'était lamenté sur sa femme et ses enfants « enterrés sous les décombres de sa maison, au cœur du camp de Jénine ». Oushpiz cite même un extrait du reportage du journaliste Benjamin Barthe. Abou Ali Abouès y déclare : « Ça sent la mort ici. Je suis certain que les corps de ma femme et de mes enfants se trouvent sous les décombres. Revenez dans une semaine et vous pourrez voir les corps » dit-il au journaliste du « Nouvel Obs ». Mais, précise Ada Oushpiz, l'envoyé spécial du journal n'a pas pris la peine de revenir. S'il l'avait fait, il aurait pu constater qu'Abouès avait retrouvé sa femme et ses neuf enfants dans un village voisin, tous sains et saufs : « Quinze jours après la réunification de la famille Abouès, le "Nouvel Obs" a publié le reportage sur la mort des neuf enfants d'Abou Ali. Et la presse internationale s'est emparée du drame. La journaliste du « Haaretz » affirme que Tsahal ne s'est pas contenté d'un démenti et accuse Abouès d'avoir mis en scène cette situation afin de prouver que les Israéliens s'étaient livrés à des massacres dans Jénine. Oushpiz relate, en détail, l'histoire d'Abou Ali : le jour de l'entrée des forces israéliennes dans le camp de Jénine, Abou Ali se trouvait à l'extérieur et n'avait pu rejoindre son domicile à temps pour rester aux côtés de sa nombreuse famille. Abou Ali était par contre resté en contact téléphonique avec son épouse. Un matin, alors que sa femme le prévenait de l'entrée imminente des soldats israéliens dans leur maison, la conversation téléphonique a été coupée. Il est resté 12 jours sans nouvelles d'elle. Quelques jours plus tard, lorsqu'il a pu entrer dans le camp, il a découvert sa maison détruite, mais sa femme et ses enfants avaient disparu. Il s'est mis donc mis à pleurer devant le journaliste du « Nouvel Obs ». Quelques jours plus tard, il s'est avéré que sa femme et ses enfants étaient sains et saufs. Ils avaient simplement été contraints, par Tsahal, de quitter leur maison et s'étaient réfugiés dans un abri de fortune… Le grand reporter francophone du « Haaretz », Daniel Bensimon a sollicité la réaction de René Backman, rédacteur en chef de la rubrique internationale du « Nouvel Obs ». En voici la traduction intégrale : « J'ai tenté de pénétrer à Jénine avant que le reportage de Benjamin Barthe ne soit publié mais je n'y suis pas parvenu… Je suis rentré à Jérusalem mais notre journaliste est resté à Salameh (près de Jénine). Lorsque l'armée a enfin ouvert le camp, il est entré avec plusieurs journalistes et je lui ai demandé d'interroger les Palestiniens blessés et de les photographier… Je n'avais pas travaillé auparavant avec Bart. C'est un pigiste et il semblait être un type sérieux. Les interviewés lui ont parlé de la destruction du camp et des maisons détruites. Pendant ce temps, moi, j'ai recueilli les témoignages de Palestiniens qui étaient restés hors du camp ou qui l'avaient fui. Le témoignage d'Abou Ali coïncidait avec ces récits. A ce moment-là, les Palestiniens restaient devant les décombres de leurs maisons et ne savaient pas si leurs proches y étaient ensevelis ou pas. Après un certain temps, j'ai lu le discours que le rédacteur en chef du « Haaretz », Hanoch Marmari, a prononcé devant des rédacteurs en chef à Bruges, et j'ai compris que les enfants d'Abou Ali étaient vivants. J'ai eu la joie de constater que les appréhensions d'Abou Ali, telles qu'elles avaient été recueillies par notre journaliste, étaient infondées. Les journalistes sont des êtres humains et peuvent se tromper. Il en est de même pour les interviewés. Abou Ali a raconté que ses enfants étaient morts parce qu'il le croyait réellement. Notre rôle était de publier. Il n'est pas nécessaire de publier de rectificatif ou de démenti. Peut-être allons-nous envoyer notre journaliste interviewer Abou Ali ainsi que des gens qui n'ont pas retrouvé leurs enfants. Tout cela ne se serait pas produit si l'armée nous avait autorisés à pénétrer dans le camp afin que nous puissions faire notre métier. Lorsqu'il n'y a rien à cacher, on ne ferme pas un camp ! Cela signifie qu'il y avait et qu'il y a encore quelque chose à cacher !… Certains commentateurs israéliens se sont plaints des journalistes étrangers qui avaient fait usage du terme "massacre" à propos de ce qui s'est passé à Jénine. Dans notre journal, nous n'avons jamais utilisé ce terme mais plutôt des termes plus nuancés comme actes (ou attaques) de vengeance. »