Meurtre raciste: 500 Schaerbeekois réclament une enquête sur le comportement de la police

Le 7 mai, un partisan du fasciste Demol, a assassiné les parents d'une famille marocaine de Schaerbeek. Deux enfants de la famille sont blessés et restent dans un état grave.

La police n'a rien fait pour prévenir ce drame et sauver des vies humaines. Ce sont les voisins qui ont mis en sécurité trois des enfants et leur ont sauvé la vie alors que le forcené tirait. Et la police n'a rien fait et a même empêché les pompiers de s'approcher de plus près.

Mercredi, le bourgmestre Clerfayt invitait la population en colère. Pas de drapeau en berne, pas de registre à signer à la commune, aucun conseiller communal ne porte un ruban noir. Le Vlaams Blok Demol, qui fréquenatit l'assassin, siège au Conseil Communal avec deux autres conseillers facsistes. Ce double meurtre raciste pèse visiblement moins que le meurtre du politicien d'extrême-droite Pim Fortuyn.

Mercredi le 8 mai, l'anniversaire de la victoire sur le fascisme, Clerfayt promettait de diaologuer avec la population et "chercher ensemble les réponses aux nombreuses questions".

La population était là en masse: 500 personnes. Mais toute l'assemblée démontrait le mépris des autorités: pas de micros, aucune réponse aux questions demandées.. Des dizaines de gens sont partis fachés "Nous aurions dû le savoir, nous ne sommes quand même que des immigrés".

Récit de Selma Benkhelifa

Mercredi 8 mai, 20h, réunion à la Maison Communale de Schaerbeek. Les autorités communales, de police, judiciaires vont nous donner des réponses aux questions posées par le meurtre raciste du 7 mai. Les gens sont venus nombreux, très nombreux.

La salle du conseil communal est trop petite. Le bourgmestre est très mal à l’aise, nerveux, … peut-être n’aime-t-il pas la foule ? Finalement, il décide de faire la séance de questions-réponses dehors sur la Place Collignon.

Nous sortons tous. Le bourgmestre commence. Il n’a pas de micro. Les gens n’entendent pas et le crient. On lui donne enfin un mégaphone.

Il se dit « ému par le drame terrible qui nous est arrivé » et il réclame une minute de silence… qu’il ne respecte pas. Quelqu’un dans la foule lui crie : « C’est pour vous aussi la minute ! ».

Ensuite, le bourgmestre nous explique que « notre présence est une démarche d’ouverture et que nous avons besoin de garder confiance en nos institutions. » Les gens rient. Un membre de la famille des défunts prend la parole et l’atmosphère devient recueillie.

Le bourgmestre nous présente aussi les intervenants. « Mesdames les substituts du Procureur ». Aucun applaudissement. Un jeune dans le public leur demande une enquête sur la police et sur les sympathisants de Demol. Tonnerre d’applaudissements !

« Monsieur le chef de la police ». Hué par la foule qui réclamera sa démission.

Des habitants de la Rue Vanderlinden, voisins des victimes, s’expriment. Leurs exigences sont claires, leurs questions précises :

Aucune réponse ne sera apportée à ces questions. Le chef de la police, pourtant très sollicité, ne prendra même pas la parole. Tout à coup le mégaphone ne fonctionne plus. Le substitut du procureur veut expliquer qu’une enquête est en cours. Personne ne semble à même de trouver un autre micro… ou des piles !

« La police fonctionne comme le micro »

« La police fonctionne comme le micro », entend-on dans la foule. Tout le monde rit.

Les interventions se succèdent mais ce sont toujours les mêmes questions et toujours la même absence de réponse.

Un jeune homme me demande si « Le Ministre de l’Injustice, Marc Verwilghen, pourrait poser un acte civique, avoir un geste, nous considérer enfin comme des citoyens ».

La question est omniprésente. Si c’était un immigré qui avait abattu une famille de Belges, les réactions du monde politique auraient été toute autres. Nous n’avons pas les mêmes droits et nous n’avons que des devoirs. Le devoir de rester calmes, de rester dignes, de pleurer en silence et surtout de respecter les institutions. Sur le racisme, sur l’extrême-droite, sur l’insécurité que nous vivons, pas un mot, pas un regret. Rien.

A suivre…