Réponses après les questions: 1 «Saddam a été puni à partir du moment où il a envahi le Koweït en 1990.» O VRAI O FAUX 2 «C’est Saddam qui est seul responsablede la meurtrière guerre Iran - Irak (1980-1988).» O VRAI O FAUX 3 «Saddam a volontairement gazé 5.000 civils kurdes à Halabja. » O VRAI O FAUX 4 «Saddam possède les plus dangereuses armes du monde (Bush, janvier 2003). » O VRAI O FAUX 5 «L’Ouest doit éliminer Saddam car c’est un tyran.» O VRAI O FAUX 6 « Saddam ne saurait être un modèle de société. » O VRAI O FAUX 7 «Saddam a été un instrument des USA, pas question de voir en lui un anti-impérialiste. » O VRAI O FAUX 8 «Mais ce serait quand même bien si on se débarrassait de Saddam. » O VRAI O FAUX 9 «Quand même, il est impossible de soutenir Saddam ! » O VRAI O FAUX 10 « Finalement, ne doit-on pas dire ‘Ni Bush, ni Saddam’ ? » O VRAI O FAUX XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX 1 «Saddam a été puni à partir du moment où il a envahi le Koweït en 1990.» FAUX : Le Congrès US avait décidé un embargo contre l’Irak en 1989. Après que Saddam ait appelé tous les pays du Moyen-Orient à s’unir pour augmenter leur indépendance face aux USA. Pourquoi les médias occidentaux ont-ils soigneusement caché l’histoire du Koweït ? Celui-ci avait toujours fait partie de l’Irak. Mais les colonialistes britanniques l’en avaient séparé en 1920 « afin d’affaiblir l’Irak et de lui ôter son accès à la mer » (lettre du gouverneur britannique de l’époque). Aucun pays de la région n’a reconnu cette séparation. Et tous les régimes irakiens successifs ont cherché à récupérer cette province perdue. 2 «C’est Saddam qui est seul responsablede la meurtrière guerre Iran - Irak (1980-1988).» FAUX : Saddam a effectivement déclenché cette guerre, malheureusement, après des provocations iraniennes dont la tentative d’assassinat de Tareq Aziz. Mais c’est Khomeiny qui a refusé un accord de paix et l’a fait durer huit ans. Mais le plus important ici est la stratégie diabolique des Etats-Unis : diviser pour régner. Le ministre US Kissinger disait espérer que cette guerre « dure le plus longtemps possible et qu’il en meure le plus longtemps possible des deux côtés ». En fait, les USA n’ont jamais toléré qu’un Etat du Moyen-Orient ait les moyens de résister à Israël, ils ont attaqué l’Iran, le Liban, la Syrie, la Libye, les Palestiniens… Et l’Irak, fidèle soutien des Palestiniens. 3 «Saddam a volontairement gazé 5.000 civils kurdes à Halabja. » DOUTEUX : Rappelons les très nombreux médiamensonges lancés en 1991 quand USA et Europe ont attaqué l’Irak : couveuses prétendument volées par l’armée irakienne à Koweït-City, marée noire attribuée à Saddam, mais ?uvre en réalité de l’armée US, prétendues tortures de pilotes occidentaux prisonniers, bla-bla sur la « 4ème armée du monde » présentée comme une menace pour nous tous… Tout cela s’est effondré (voir livre Attention, médias ! Les médiamensonges du Golfe) Quant à Halabja, dans le New York Times du 31 janvier 2003, Stephen C. Pelletiere, responsable de la CIA chargé de suivre cette guerre, et professeur à l’US Army War College, a démenti Bush, indiquant que ce gazage 1° était survenu par erreur lors d’une bataille entre l’armée irakienne et l’armée iranienne. 2° Et surtout était presque certainement l’?uvre de l’armée iranienne, seule à posséder le type de gaz (à base de cyanure) utilisé à cet endroit. Sa conclusion : « Il y a peut-être des justifications pour envahir l’Irak, mais Halabja n’en est pas une. » Quoiqu’on en pense, que dirait-on si Cuba bombardait Washington parce que les Etats-Unis ont commis de multiples crimes de guerre, tenté d’assassiner Castro, d’envahir l’île et y accumulent des armes de destruction massive à Guantanamo ? 4 Saddam possède les plus dangereuses armes du monde (Bush, discours Etat de l’Union 2003). » FAUX : Israël possède 200 têtes nucléaires, illégalement et clandestinement, refusant lui, toute inspection. Il a emprisonné Mordechai Vanunu, ingénieur israélien qui avait eu le courage de révéler l’existence de ces arsenaux. Voilà le grand tabou des médias occidentaux. Pourquoi l’Irak, Etat souverain, doit-il désarmer, quand Israël menace toute la région ? Mais le plus grand danger, ce sont les USA eux-mêmes qui ont utilisé les armes nucléaires (Hiroshima), chimiques (Vietnam – Agent Orange) et bactériologiques (Cuba). Aujourd’hui, ils refusent de s’engager à ne pas utiliser leurs armes nucléaires, même contre un petit pays non nucléaire. Sous prétexte de « menace ». Hitler aussi se disait « menacé » par la Pologne. Ajoutons que, même en 1991, quand il a été attaqué par l’Ouest, Saddam n’a pas employé ses armes chimiques. 5 «L’Ouest doit éliminer Saddam car c’est un tyran.» HYPOCRITE : Les Etats-Unis ont soutenu et soutiennent les pires dictateurs de la planète : Mobutu, Pinochet et tous les dictateurs d’Amérique latine, les généraux turcs, etc… Pour servir leurs intérêts économiques. Le véritable objectif des USA a été défini dès juillet 2002 par un proche de Bush, le sénateur Lugar : «Nous allons gérer le business du pétrole, nous allons faire de l’argent, et ça servira à reconstruire l’Irak, car de l’argent, il y en a là-bas.» (Comité des Affaires étrangères du Sénat US, 31 juillet 2002). Esso, Shell et BP figurent au TOP 15 des multinationales. Avant 1958, elles colonisaient et pillaient l’Irak. Chassées par une révolution de libération nationale, elle n’ont cessé de vouloir récupérer les deuxièmes réserves d’or noir du monde. Et d’en évincer leurs concurrents français (Total) et russe (Lukoil). Washington veut absolument exercer un chantage complet sur l’approvisionnement énergétique de ses rivaux : Europe et Japon. Les Etats-Unis sont une économie en faillite : leurs exportations sont inférieures à leurs importations de 450 milliards $ par an. Ils ne tiennent le coup que par les emprunts allemands et japonais. Et en confisquant les pétro-dollars du Moyen-Orient, grâce aux émirs et cheikhs corrompus qu’ils imposent dans les Etats-marionnettes du Golfe. 6 « Mais Saddam ne saurait être un modèle de société. » REPONSE : Saddam représente la bourgeoisie irakienne nationaliste qui a chassé le colonialisme britannique en 1958. A ce titre, il présente deux aspects. D’un côté, il ne constitue certes pas un « modèle de société » pour les ceux qui prônent une société socialiste et démocratique comme seul moyen d’assurer le bien-être de toute la population. Mais, comparé aux autres régimes du Moyen-Orient, son bilan est bien plus positif : au lieu de reverser les pétrodollars aux multinationales US, il les a utilisés – tous les observateurs occidentaux le reconnaissent - pour développer l’enseignement, les soins de santé et en général l’économie de son pays. L’Irak est aussi le seul pays laïc du Moyen-Orient. Dans ses administrations, il n’est pas rare de voir des femmes diriger des hommes. Comparez avec les pays voisins… 7 «Saddam a été un instrument des USA, pas question de voir en lui un anti-impérialiste. » REPONSE : Il faut partir des faits, de la réalité économique. L’aggravation de la crise et de la guerre économique pousse les multinationales des pays riches à ne laisser aux bourgeoisies du tiers monde même plus les miettes du gâteau. Elles entendent contrôler totalement les pays stratégiques, leurs entreprises et leurs matières premières. Pour survivre, ces bourgeoisies locales n’ont souvent plus d’autre issue que de s’opposer à l’impérialisme. Leur résistance a pour effet d’entraîner de plus larges populations dans la lutte. Or, pour résister à la menace planétaire que représentent aujourd’hui les Etats-Unis et leurs alliés, les peuples ont intérêt à ce que le front anti-impérialiste soit le plus large possible. Quelle est aujourd’hui en Irak la contradiction principale ? Celle qui oppose ce pays à la menace d’occupation impérialiste. Celui qui met au premier plan une autre contradiction, celle entre la bourgeoisie irakienne et sa population, fait le jeu de Bush. Imaginez un homme et sa femme en pleine dispute. Survient un bandit qui veut s’emparer de leur propriété et commence à mettre le feu à leur maison. Quelle est la tâche prioritaire ? Continuer la dispute ou éteindre l’incendie ? 8 «Mais ce serait quand même bien si on se débarrassait de Saddam. » REPONSE : Bien pour qui ? Actuellement, Saddam représente l’indépendance de son pays, c’est-à-dire le refus de donner le pétrole gratuitement aux multinationales. Tout dirigeant « importé » - que ce soit par les bombes ou par un chantage - sera une marionnette. Dire « nous devons remplacer Saddam » revient, dans le rapport de force actuel, à laisser faire les classes dominantes des Etats-Unis et d’Europe. Remplacer les rebelles par des marionnettes est une stratégie globale de la recolonisation. Madame Rice, ministre de Bush, a déclaré : « Aussi bien l’Irak de Saddam que les Palestiniens d’Arafat ont besoin de nouveaux leaders (…) capables de diriger des réformes comme en Serbie et en Afghanistan »[1] . Voyons les résultats… En Afghanistan, dix ministres sur seize ont le passeport US et le président Karzaï est un vulgaire employé de la multinationale pétrolière US Unocal. En Serbie, le prix du pain est passé de quatre à trente dinars ; celui de l’électricité a été multiplié par quatre, privant de courant et donc aussi de chauffage urbain 170.000 familles rien qu’à Belgrade. Le FMI a exigé 800.000 licenciements avant de privatiser tout au service des multinationales. Les « dirigeants démocratiques made in USA », c’est la recolonisation du monde. Impitoyable pour ses travailleurs et ses paysans. 9 «Quand même, il est impossible de soutenir Saddam ! » REPONSE : La première question, pour tout anti-impérialiste, est : faut-il tout faire, oui ou non, pour empêcher les Etats-Unis de dominer totalement le monde ? Réponse : oui. Car, si on se laisse le rapport de forces se détériorer à leur avantage, c’est un nouveau fascisme qui menace tous les peuples du monde. Lorsqu’Hitler et Mussolini menaçaient le monde, il fallait soutenir tous ceux qui leur résistaient. Y compris, par exemple, le dictateur éthiopien Haïlé Sélassié qui s’opposait à l’invasion italienne. Faut-il donc soutenir la résistance du peuple irakien et de ses dirigeants contre l’invasion ? La réponse est oui également. Après l’Irak, Bush s’en prendra à l’Iran, la Syrie, voire l’Arabie saoudite. Si Washington contrôle totalement le Moyen-Orient (et les autres grandes régions stratégiques : Asie centrale, Caucase, Afrique centrale, Maghreb, nord de l’Amérique latine…), le rapport de forces sera plus désavantageux pour les prochaines guerres planifiées par Bush. Et quand les USA occupent une région, les conditions de lutte y deviennent bien pires pour tous les peuples, qu’il s’agisse de la lutte pour le droit de manger, de la lutte pour la démocratie, pour l’environnement ou la solidarité entre les peuples. Une occupation militaire US est la pire catastrophe, et pour ces peuples, et pour le rapport de forces international. Si les dirigeants irakiens résistent à l’impérialisme US, est-ce une bonne chose pour leur peuple ? Oui. Un communiste irakien avait fui Saddam et pris la nationalité algérienne. Revenu en avril 2002 avec notre mission des « Inspecteurs de la paix », il fut très clair : « Aujourd’hui, mon devoir en tant que communiste est de défendre mon pays et ses matières premières contre les USA. Avec l’actuel régime s’il le faut. Une fois la menace écartée, ce sera au peuple irakien de décider s’il faut transformer ce régime ou le remplacer. Que les pays riches décident à notre place est du paternalisme colonialiste.» Les pays impérialistes prônent la suppression de la souveraineté des Etats du tiers monde afin de justifier leurs ingérences intéressées et pouvoir menacer tout peuple qui résiste à leur mondialisation. Mais le droit à la souveraineté est un acquis de la lutte anticoloniale, et il faut le préserver. C’est pourquoi l’intérêt global des peuples est de soutenir les pays et dirigeants qui résistent à la mainmise des Etats-Unis. Ce qui n’implique pas d’approuver toutes leurs actions passées ou présentes, ni le reste de leur programme politique. Mais mettre en avant cette critique au moment où Bush cherche à exciter l’opinion publique internationale en sa faveur, c’est contre-productif. 10 «Finalement, la seule position possible, c’est ‘Ni Bush, ni Saddam‘ » ! REPONSE : C’est ce que dit depuis douze ans la tendance dominante dans la gauche, avec des conséquences très négatives. En 1991, sous le mot d’ordre, déjà, de ‘Ni Bush, ni Saddam’, ils ont recommandé non la guerre, mais l’embargo contre l’Irak. Une autre forme de guerre en réalité : bientôt deux millions de victimes. En 1995 et 1999, avec ‘Ni l’Otan, ni Milosevic’ ils ont approuvé (et parfois même réclamé) les bombardements de l’Otan. Prélude à l’imposition d’un gouvernement du FMI et à l’occupation par l’OTAN du Kosovo. Lequel vit aujourd’hui sous la terreur de la maffia albanaise et le nettoyage ethnique de toutes les minorités nationales : Serbes, Roms, Juifs, Musulmans, Turcs, etc. En 2001, avec ‘Ni Bush, ni les talibans’, ils ont fermé les yeux sur l’occupation néocoloniale de l’Afghanistan, visant à construire un pipeline US et à installer des bases militaires au c?ur de l’Asie centrale. On a aussi souvent entendu ‘Ni Sharon, ni Arafat’… Demain, on entendra encore les ’Ni, ni’ lorsque Washington attaquera l’Iran, la Corée, la Colombie (c’est déjà commencé), les Philippines ou d’autres pays. Toujours avec des prétextes humanitaires, toujours avec des médiamensonges pour diaboliser qui résiste. Il est temps d’en revenir à la véritable position fondamentale de la gauche, qui se doit d’être d’abord anticolonialiste : ne pas mettre sur le même pied l’agresseur et l’agressé, démasquer la propagande de guerre et les médiamensonges des classes dominantes, et surtout dénoncer les intérêts économiques cachés derrière chaque guerre. La seule position anti-impérialiste conséquente, c’est de refuser la guerre globale et de soutenir la résistance des peuples. Le ‘Ni, ni’ condamne à la paralysie. Le ‘Ni, ni’ empêche d’élargir et d’unir la résistance à l’impérialisme US. [1] AFP-Rome, 3 juillet 2002.