Une caméra a filmé la mort de Sémira Adamu! Incroyable, non? Bien sûr, cette vidéo a de suite été subtilisée au regard des médias! Et puis, lorsque l'affaire s'est tassée dans l'esprit des gens, celle-ci fait sa réapparition. Bonne idée, les esprits sont moins à vif maintenant. Endormons la vigilance des citoyens, mentons par omission, on obtiendra alors une plus grande soumission.
Ci dessous, le déroulement de son assassinat par notre belle gendarmerie, soucieuse du respect des droits les plus élémentaires de l'homme. Mais oui, j'avais oublié, les pauvres et les humanoïdes de couleur ne sont pas des hommes!
Et des expulsions comme celle-là, comme celle de Sémira, il y en a des milliers par année, dans cette Europe qui, par ses colonisations et son exploitation toujours actuelle des ressources de ces pays, crée elle-même les conditions inhumaines qui poussent ces milliers d'hommes détruits à fuir leur pays natal, leur terre, ce qu'ils ont de plus cher au monde, parce qu'elle est la proie des grandes multinationales ou des chefs de guerre, dictateurs, financés par celles-ci, pour pouvoir plus aisément piller ces pays de leurs ressources. Et ces malheureux dont on broie leurs pays n'ont évidemment pas la possibilité de venir se réfugier chez leurs tortionnaires. On leur laisse la seule possibilité de mourir. Quelle belle Europe en construction, une forteresse toujours plus impénétrable qui tue les plus faibles car elle a décrété que l'argent comptait plus que la vie, quelle soit humaine, ou autre, d'ailleurs. Et la fatalité n'y est pour rien là-dedans, je peux vous l'affirmer.
Dans nos choix de consommateurs, nous pouvons, empêcher ces multinationales de piller les ressources de ces pays et ainsi permettre à ces citoyens de vivre mieux. Choisissons des produits alimentaires Oxfam "Commerce équitable", ou des produits Bio "Max Havellar" (en général, plus de choix dans les petites épiceries, et moins cher!), ou d'autres qui garantissent une gestion saine, durable et profitable aux paysans du Tiers monde et d'ailleurs.
Cela ne sert à rien me direz-vous. Détrompez-vous, la consommation de ces aliments est en très forte progression dans nos pays, et, ensemble, nous pourrons renverser la balance, car, après tout, c'est le consommateur qui décide.
Trop cher, peut-être! Vous préférez acheter du poulet qui n'a pas vu de lumière durant sa vie, qui ne savait même pas se retourner dans sa cage, dont on a brûlé le bec et les griffes pour qu'il ne se suicide pas (majorité des poulets vendus en grande surface, et presque totalité des œufs que vous achetez); acheter des bananes Chiquita, dont les paysans récolteurs sont pulvérisés de pesticides par avion en même temps que les bananiers, des légumes et des fruits qui ont le sang de pauvres paysans sur la peau, ou vous préférez acheter des produits qui respectent notre environnement et les citoyens de cette terre.
Mais vous pensez peut-être que vous n'aurez plus suffisamment d'argent pour payer les communications exorbitantes de votre GSM (tout profit pour des multinationales exploitant leurs salariés) ou pour votre soirée du vendredi soir, ou encore pour acheter le dernier DVD sorti. C'est votre choix, tant que votre conscience suit...
Il ne faut pas non plus passer d'un coup, d'un opposé à un autre, il s'agit, doucement, de prendre plus conscience de notre pouvoir en temps que consommateur et de la responsabilité que l'on exerce vis à vis de notre terre en réalisant nos achats. Et si, consommer responsable à tous les niveaux, n'est actuellement accessible qu'aux riches, c'est justement parce que les multinationales n'aiment pas ça, et les gouvernements sous leur tutelle ne favorisent donc pas cette consommation responsable. Mais la pression du consommateur fait son bout de chemin et on arrive maintenant sur le marché bio à fournir des légumes de saisons "commerce équitable" avec seulement 10 à 20% grand maximum de hausse de prix par rapport aux aliments pollués des grandes surfaces. La vie et la santé morale et physique des gens à un coût! Mais il n'est pas si élevé qu'on le pense. Et faire un peu, c'est déjà mieux que de ne rien faire.
Nous ne pourrons lutter réellement contre le monde qui se crée, que si nous arrivons à changer nos habitudes de consommateurs irresponsables. Car c'est nous qui sommes à la base de l'exploitation actuelle du monde. Refusez d'acheter des produits qui ont tués, les multinationales vous suivront, elles ne peuvent faire autrement.
Après cette digression, voici le compte rendu de l'assassinat de Sémira:
Article de La Dernière Heure, 6/2/2002
Infos > Faits divers Les onze dernières minutes de Semira Adamu
(06/02/2002) Dans l'Airbus, la jeune femme sera bientôt morte
BRUXELLES-NATIONAL Six fois. En quatre minutes, on a clairement demandé six
fois aux deux gendarmes - ceux qui étaient assis juste à la gauche et à la
droite de Semira Adamu - de bien faire attention, de ne pas exagérer, de
lui permettre de respirer. Voici la preuve.22 septembre 1998. Dans l'Airbus
qui doit ramener Semira au Togo, tout est filmé. Après le drame, la vidéo a
été saisie. C'est la transcription - sur P.-V - des onze dernières minutes
de vie de la jeune Nigériane que nous reproduisons ici. La vidéo permet un
minutage précis.
Il est 29.26 - 29 minutes et 26 secondes - quand Semira, poussée dans
l'appareil, est assise de force entre les gendarmes Johnny Pipeleers et
Danny Cornelis. `Serre bien fort, hein´, recommande quelqu'un.
Sur la vidéo, à 29.37, le gendarme Pipeleers a déjà prévu deux coussins sur
les genoux. A 29.50, son collègue Cornelis est en possession du sien.
A 30.29, la vidéo montre Semira; elle chante. A 31.17, on s'encourage:
`Allez, ça va marcher, cette fois.´ Pliée, la tête ramenée sur les genoux,
Semira est menottée dans le dos. Et Pipeleers et Cornelis pèsent de tout
leur poids.
32.02
- Semira chante toujours. Semira dont on croit comprendre, au dialogue qui
suit, qu'elle a dû s'oublier. Des fragments de conversation sont, hélas!,
parfois incompréhensibles.
32.02.
`Elle commence à puer.´
- `...?... parce que je ne sens rien...´
Même position. Semira pliée sur son fauteuil, poignets dans le dos.
- `Comme ça toi aussi Johnny tu es filmé... ´
Pipeleers: `Oui, hein!´
- `... et tu peux tout renifler.´
33.39.
Cornelis: ´Comme ça c'est déjà moins.´ (Veut-il dire: maintenue de cette
façon, Semira se débat déjà beaucoup moins?)
- `Eh, laisse-la respirer. Tu sais ça quand même hein?´
(33.49)
Cornelis: `C'est vrai qu'on voit la différence. Elle s'est déjà bien
fatiguée. Toi aussi sûrement...´
- `Là au-dessus il y a un pantalon et une blouse.´ (De rechange?)
Pipeleers: `Oui.´
- `... ne l'étouffe pas!´
- `Laisse-la respirer, Johnny. Johnny, non Danny, tu la laisses bien
respirer?´
(34.38 )
- `Oui, oui. Ne la laisse pas trop (comme ça) sinon elle va s'évanouir.´
- `Non, non! Elle doit respirer. N'oublie pas!´- `Dis, il ne faut pas non
plus qu'on nous remarque trop.´- `Wat? Quoi? ´
- `Faut pas que (les autres passagers) nous voient trop.´
>
35.27
- `Eh, elle glisse!´
Pipeleers - `Oui, elle glisse. Faut pas que sa culotte glisse surtout...´
Musique d'ambiance dans l'Airbus.
35.49
Danny Cornelis: `Elle respire très profond.´
- `Eddy, tu filmes tout sans arrêt, hein?´
- `Oui, oui, je filme le plus possible. Je vais bientôt devoir changer de
cassette. Il me reste 9 minutes...´
- `Allez, encore six heures un quart et c'est fini, on y est!´- `Oui, oui.
Eh, elle faiblit.´ (Résiste moins.)
37.35
- `Hé, tu la laisses bien respirer encore une fois.´- `Oui, laisse-la
respirer.´
Cornelis: `Elle respire bien.´
(37.40)
- `Bon! O.K.!´- `Elle respire très profond. Très profond. Même trop
profond, selon moi.´- `Alors on essaie encore une fois tout à l'heure...´-
`C'est bon! On n'attire pas trop l'attention des passagers. Quelques-uns
voient mais pas la plupart parce qu'on (fait écran)...´
Johnny Pipeleers et Danny Cornelis continuent de peser sur le dos de
Semira. Cette prise porte un nom. C'est le bec-de-canard. Douce musique
d'ambiance. Réacteurs.
39.16.
Pipeleers s'adresse à Cornelis - incompréhensible. Ce dernier approuve.
- `Règle ça, hein!´- `Ce sera amusant.´- `Ça - le fait pour Semira d'avoir
déféqué? - fait partie du boulot. On a déjà eu le cas. Ce sera bientôt
fini.´
Pipeleers: `J'espère bien....´
Danny Cornelis: (incompréhensible)
- `Eh, Paul, tu veux te retirer. On est en train de filmer.´
(40.45)
On s'aperçoit alors que Semira a cessé de respirer. De vivre.
La mort en direct
Semira Adamu résiste - mais pas plus que toute personne que l'on
maintiendrait courbée de trop longues minutes durant.
>Semira résiste de plus en plus faiblement. Tandis que ses gendarmes, Danny
>Cornelis et Johnny Pipeleers, font les potaches. `Toi aussi tu es filmé.´
>Ils plaisantent grassement: `Faudrait pas non plus que sa culotte glisse à
>terre.´ Par six fois - entre 33 minutes 49 secondes et 39 minutes 16
>secondes - des collègues leur disent de ne pas exagérer. Bon, ce n'est pas
>la première fois qu'elle utilise les vieux trucs - jusqu'à se souiller -
>pour retarder son rapatriement. Mais Semira ne hurle pas, ne se débat pas,
>ne crache pas, ne frappe pas: elle chante.
Les gendarmes la sentent faiblir: ils le disent.
Pas un pour imaginer qu'elle suffoque. Etouffe.
D'autres assistent à la scène: pas un pour redresser la jeune fille -20 ans
- pour s'assurer que la position de femme cassée qui l'immobilise bouche et
nez collés sur les coussins, que cette position n'est pas en train de la
tuer.
Pas un n'a conscience de tuer. La preuve? On filme pour bien prouver qu' on
ne fait qu'appliquer la circulaire Tobback.
L'un des premiers à l'avoir visionnée, Benoît Dejemeppe, procureur du Roi à
Bruxelles, s'était dit profondément horrifié par cette vidéo filmant la
mort en direct.
Cet enregistrement, une inspectrice en a rédigé un procès-verbal dans
lequel elle raconte exactement et objectivement ce qui se voit, ce qui se
dit. C'est ce P.-V. - Numéro 19924 - que nous publions (après traduction
néerlandais/français).
Le juge Guido Bellemans a décidé que la vidéo serait visionnée
intégralement le 18 mars prochain! Indispensable, à ses yeux, pour décider
ensuite seulement de qui sera - ou non - jugé.