Le projet du gouvernement de recruter un millier de professeurs de langue maternelle anglaise choque profondément les enseignants taiwanais. Le ministre de l'éducation Huang Jung-cun espère que cette mesure favorisera une meilleure maîtrise de l'anglais. Taiwan est engagée dans une intense compétition avec les autres pays d'Asie pour attirer des firmes étrangères grâce à un personnel sachant bien l'anglais, langue qui fait office de langue internationale à l'époque de la mondialisation. Pour les enseignants, le projet représente une discrimination à l'encontre du peuple taiwanais. En effet, les professeurs d'anglais recrutés à l'extérieur seront mieux payés que le personnel local (ils gagneront entre 1739 et 2608 dollars des États-Unis, contre 1159-1739 pour les enseignants de langue maternelle chinoise). Le recrutement d'anglophones de naissance, à partir de septembre 2003, coûtera au total quelque 37 millions de dollars. Pour les enseignants taiwanais, cette différence de traitement est inacceptable. Ils craignent en outre que des enseignants venus des États-Unis, de Grande-Bretagne et d'Australie finissent par pourvoir tous les postes actuellement occupés par des Taiwanais. Le projet a déjà été approuvé en première lecture par la sous-commission compétente du Parlement. Il appartient désormais au ministre de l'éducation de définir qui sont les vrais anglophones de naissance. "Le ministère de l'éducation envisage de réserver l'enseignement de l'anglais à l'école primaire à des personnes dont la langue maternelle est la langue de Shakespeare. Les enseignants philippins et indiens ne sont pas réellement des locuteurs natifs de l'anglais, leur langue maternelle est différente. Le ministère se propose donc de limiter la recherche d'enseignants aux États-Unis, au Canada, à la Grande-Bretagne et à l'Australie," explique Wo Chai-shung, directeur de l'enseignement primaire au ministère de l'éducation. Giridhar Rao, secrétaire général de la Fédération indienne d'espéranto ( http://geocities.com/bharato ), s'insurge contre cette politique: "Le Gouvernement taiwanais se rend coupable de discrimination à l'encontre de tous les enseignants qualifiés, aussi bien taiwanais que d'autres pays." Rao souligne qu'il serait plus efficace d'employer à Taiwan des enseignants taiwanais, parce qu'eux au moins connaissent parfaitement la langue et la culture des élèves. "De toute façon, les meilleurs professeurs d'anglais venant de l'Inde seraient du même niveau que les meilleurs professeurs britanniques ou américains." Les écoles privées préfèrent s'adresser à des enseignants indiens ou philippins parce qu'ils acceptent un traitement représentant à peu près la moitié de la rémunération d'un Occidental. "Les Philippines et l'Inde sont également des pays anglophones. Pourquoi les ressortissants de ces pays poseraient-ils un problème au ministère de l'éducation?" demande une agence de placement. "Le ministre n'a pas à s'opposer au recrutement d'enseignants philippins ou indiens si leurs qualifications correspondent aux exigences fixées par la loi." Apparemment, le projet du ministère n'enthousiasme guère les parents. Un sondage téléphonique effectué auprès de 1027 adultes par la chaîne de télévision TVBS révèle que 51% des personnes interrogées préfèrent les professeurs taiwanais. Plus de 80% désapprouvent l'idée de payer davantage les enseignants venus d'un pays anglophone. Seuls 36% aimeraient mieux que leurs enfants apprennent l'anglais avec un enseignant étranger. "La domination de l'anglais continue de progresser en Asie de nombreuses décennies après la décolonisation. Depuis bien des années les effets de l'inégalité linguistique sur la vie économique et sociale de l'Asie est pour moi une grave cause de souci," dit Renato Corsetti, président de l'Association mondiale d'espéranto ( http://www.esperanto.net ). Le fait qu'une seule langue nationale, l'anglais, ait aujourd'hui un monopole sur la communication internationale produit des effets inquiétants, notamment dans le domaine de l'enseignement. Il existe en Asie d'excellentes universités. Mais les pays anglophones ne cessent de drainer les ressources des pays asiatiques et de leur enlever leurs meilleurs étudiants." L'an dernier, 546.867 étudiants étrangers étaient inscrits dans les universités des seuls États-Unis. Les Asiatiques, au nombre de 302.058 (8% de plus que l'année précédente), représentaient plus de la moitié (55%) de cet ensemble. Les étudiants étrangers sont une importante source de devises: chacun injecte en moyenne environ 25.000 dollars par an dans l'économie américaine. "Le problème ne sera résolu que par une politique efficace visant à promouvoir à long terme une authentique égalité linguistique, par opposition aux politiques actuelles dont le seul effet est de favoriser une unique langue nationale, l'anglais. Malheureusement, l'expérience de l'Association mondiale d'espéranto donne à penser que la plupart des politiciens n'ont guère conscience de l'énorme importance de l'égalité linguistique," ajoute Corsetti. Depuis quelques années il suit de près l'évolution linguistique de l'Asie, qui va de plus en plus dans le sens de l'inégalité et de la discrimination. From September 2003, Taiwan education Minister Huang Jung-cun plans to hire 1000 native speakers of English to teach a range of subjects in the international and thereby promote English fluency. Taiwan is in fierce competition with other Asian countries to attract international firms. Native English speakers from the Philippines or India are currently excluded from the scheme. Taiwan hires 1000 English mother tongue teachers and discriminates Filipionos. From September 2003, Taiwan education Minister Huang Jung-cun plans to hire 1000 native speakers of English to teach a range of subjects in the international and thereby promote English fluency. Taiwan is in fierce competition with other Asian countries to attract international firms. That means having a workforce that fluent or perfect in the language of globalisation, English. The proposals have now been approved after a first reading in a parliamentary subcommittee. Native English speakers from the Philippines or India are currently excluded from the scheme. "The education ministry is considering only those teachers who know English from birth to teach in primary schools. Teachers from the Philippines and India are not native speakers of English, and their mother tongues are different. The ministry is currently considering hiring teachers only from the US, Canada, Britain and Australia," clarified Vuo chaj-shung, the director of the primary school department of the education ministry. Giridhar Rao is unhappy: "The Taiwanese government is discriminating against all qualified teachers, both from Taiwan and from other countries". Rao, general secretary of the Indian Esperanto Federation ( http://geocities.com/bharato ), which campaigns for language rights, insists that it would be more effective to use Taiwanese teachers in Taiwan because of their knowledge of language and culture of the schoolchildren. "In any case, the best English teachers from India function at the same level as the best British or US teachers of English". Taiwanese unions also fear that the government is discriminating against its own people. Native speakers from other countries get a higher monthly salary than the Taiwanese (between 1,739 and 2,608 US dollars, compared to a Taiwanese teacher's salary of 1,159 to 1,739 US dollars). In all, the plan to hire native speakers from September 2003 will cost around 37 million US dollars. According to Cheng chen-lung of the joint union, the difference in salaries will be too high. Chen-lung is also afraid that foreign teachers from the US, Britain and Australia will replace local teachers. Private schools prefer to hire cheaper teachers from India or the Philippines since they work for about half the salary of Westerners. "The Philippines and India are also English-speaking countries. Why does the education ministry have a problem with English teachers from these countries?" complains one businessman at an employment agency. Legal experts also question the ability of the education minister to oppose the hiring of English teachers from the Philippines and India, if their qualifications have been approved under the employment law. Parents too don't seem to be very enthusiastic about the plans. Opinion polls by the Taiwanese TV channel 'TVBS', which telephonically interviewed 1,027 adults, show that 51% favour Taiwanese teachers of English for their children. More than 80% of those interviewed rejected the plan to pay more for native speakers of English than for non-native speakers. Only 36% would like their children to learn English from a native speaker. "The dominance of English is growing in Asia, even several decades after decolonisation. I have been worried for many years now about the increasing impact of this linguistic inequality on economic and social life in Asia," says Renato Corsetti, president of the World Esperanto Association ( http://www.esperanto.net ). For several years now, the Rome linguistics professor has been paying close attention to the growing language inequality in Asia. "A serious effect of the almost exclusive use of a national language (English) for international communication is beginning to be felt in the field of education. Asia has excellent universities. However, resources and the top students are continuously being sucked away by English-speaking countries." Last year, in the US alone there were 546,867 foreign students. Over half (55%) of these international student registrations were of Asian students (302,058, an increase of 8%). Foreign students are a valuable foreign exchange, and usually pay about 25,000 US dollars every year. "Only an effective and long term policy of promoting a true linguistic equality can help to solve this problem. Unfortunately, the experience of the World Esperanto Association indicates that politicians generally have scarcely any idea of the critical importance of linguistic equality", says Corsetti.