Réaction rapide à l'apparition sur Indymedia --une nouvelle fois-- de textes & commentaires assimilant les black blocs & émeutiers aux flics (et aux fascistes, pendant qu'on y est !) Il est lamentable que les mêmes discours ineptes continuent à fleurir. Combien de fois faudra-t-il répéter que la police est intrinsèquement violente, qu'elle a de tous temps et dans toutes circonstances brutalisé manifestant-e-s et contestataires ? C'est une réalité historique tout simplement INCONTESTABLE ! En ce qui concerne la manifestation de vendredi 14 décembre 2001 à Bruxelles, la police a de toute évidence cherché par tous les moyens à interpeler "les fauteurs de trouble". De plus, la situation politique laissait présager que la police préférerait éviter la confrontation (les prochains sommets devant se dérouler en Belgique, celle-ci doit faire la preuve qu'elle sait garder la face !). Par ailleurs, si l'on se bat contre l'Europe des injustices, l'Europe sécuritaire, l'Europe capitaliste, l'Europe de l'exclusion et plus généralement, de l'exploitation et de la domination, l'ON NE PEUT FAIRE L'ECONOMIE D'UNE CRITIQUE RADICALE DE LA POLICE. La fonction sociale de la police n'est plus à démontrer : dans le cadre des manifestations, il s'agit evidemment de contenir la contestation dans des limites acceptables pour le systèmes, en réprimant sa contestation plus concrète et radicale. Dans le cadre de la vie quotidienne, il s'agit de faire en sorte de chacun-e reste à sa place, de perpétrer un ordre inégalitaire et violent par la force. Mais plus dangereux encore que la police, c'est l'intégration par chacun-e du comportement policier. Et c'est précisemment ce dont ceux qui accablent les black blocs témoignent. Ceux-ci se trompent de colère. Car le problème, c'est la police, ses violences, ses bavures, son rôle quotidien. Le problème, c'est le capitalisme, ses violences, ses massacres, son rôle. Mais certainement pas des manifestant-e-s qui font le choix de la confrontation directe avec le système, pour un grand nombre de raisons diverses (qu'il s'agit de comprendre, et non condamner aveuglément). Le problème, ce n'est pas non plus les vitrines cassées de quelques banques. Cette violence reste incomparable avec celle générée par le système, et se morfondre sur ces bris de vitres contribue clairement à invisibiliser ce en quoi le système capitaliste est réelement meurtrier. On peut choisir, pour tout un tas de raisons également, de NE PAS employer les tactiques confrontationnelles des black blocs. Mais cela ne justifie en aucun cas de les assimiler à la police. Et s'il peut arriver à la police de provoquer des heurts, c'est justement parce qu'ils savent que certain-e-s militant-e-s en quête de responsabilité à tout prix sauront s'en démarquer, pour se valoriser par contraste. Que certain-e-s militant-e-s sauront plus orienter leur rage vers ceux qui manifestent avec des pratiques différentes des leurs que vers ceux qui la méritent réelement, les dominants. A ce titre, il est parfois amusant de remarquer les incohérences de discours : certains de ceux qui s'opposent à la "violence", la pratiquent contre les émeutiers, quand il s'agit de protéger une banque, par exemple. Ou encore ATTAC, qui sur la base de quelques images banales, a monté une véritable campagne de criminalisation des black blocs les associant systématiquement à la police. Ces mêmes ATTAC qui accusent les émeutiers d'être des flics, demandent aux flics d'arrêter ces émeutiers, et recommande pour s'informer des manifs de Bruxelles d'aller faire un tour sur le site de la police. On croit rêver, mais c'est la réalité. En bref, ce texte est un appel à revenir sur Terre, et à traiter les événements dans les proporsions qui leur sont dues. Arrêtez de pleurer sur les banques brisées et sur les commissariats brûlés, surtout quand ces mêmes actions ont tant participé de l'essort d'un mouvement dont vous vous revendiquez aujourd'hui (le fameux "peuple de Seattle" n'a pas fait annuler la réunion de la banque mondiale par son citoyennisme !). Ayez le courage et l'honnêteté intellectuelle d'affronter les véritables responsables de la misère mondiale, quand bien même cela signifierait faire tomber quelques illusions (citoyennes ?). Arrêtez de creuser la tombe d'un mouvement en prétendant le sauver de ses sabordeurs (c'est VOUS qui faites le boulot des flics, en divisant/criminalisant la contestation). La diversité (des tactiques) peut être une force, alors, svp, arrêtez de la saboter. D'ici là, bon courage dans vos actions (quelles qu'elles soient : non-violentes, théâtrales, comiques et/ou confrontationnelles... ou autre chose !), pour peu qu'elles critiquent effectivement la société et non la réponse que certain-e-s choisissent de lui opposer.