Rapport d’un meeting pour la démocratie syndicale 200 militants syndicaux soutiennent Faust Mardi 3 septembre, au Garcia Lorca s’est tenue une réunion sur la démocratie syndicale. Quelque 200 Militants syndicaux étaient présents.. Parmi eux beaucoup de militants du SETCA-BHV, CGSP, ACOD et CMB-Bxl, des membres du MRS-Bxl, quelques secrétaires de différentes centrales, des militants du PC, du MAS/LSPLSP, du POS, de l’AET et l’Unité Socialiste/Vonk. Le meeting a commencé par une intervention de Polo Marcus, membre du Comité exécutif du SETCA-BHV, co-fondateur de la délégation syndicale chez AMP, ancien délégué chez GB-INNO-BM et chez Artes. Il a expliqué comment la pression exercée par l’appareil sur les militants et les secrétaires pèse comme un poids de plomb. Comme dans chaque entreprise qui risque d’aller en faillite, il y a inévitablement des gens qui se mettent à genoux dans l’espoir de sauver leur petite position. Il a fait référence à une interview de Van der Smissen dans Solidaire, hebdomadaire du PTB, où il dit carrément qu’ils avaient organisé leur putsch au cours l’été « parce qu’il fallait être sûr du résultat et que quelqu’un comme Faust était capable de faire retourner une salle en trois phrases. (Solidaire ne comprenait pas le cynisme). Comme toujours lors d’un putsch, il suffit de penser à Jaruzelski ou disons à Pinochet, la justification du coup d’état se fait toujours après les faits ! Polo Marcus a aussi fait référence à quelques nouveaux éléments : 1) Les conclusions de la Cour du Travail ont été cassées, après que le sommet de la FGTB ait adressé une lettre au gouvernement et au ministre de la Justice. 2) Il y a eu de nouvelles perquisitions au SETCA-BHV concernant des manipulations de primes syndicales par un des putschistes La comptable a été emmenée pour interrogatoire. De plus la comptabilité du SETCA national (rue Haute 42) a été emportée. C’est comme nous l’avions prédit : les putschistes ont commencé quelque chose qui va se tourner contre eux-mêmes. Bien sûr, ce sera encore une fois Albert le coupable. 3) Le vote sur la motion d’ordre concernant la réunion illégale (contraire au jugement juridique convoquée par Christian Roland) du Comité exécutif (CE) du 28 août. La réunion était présidée par Philippe Van Muylder, successeur officieux d’Anne-Marie Appelmans dont le sort paraît déjà réglé. Le Comité exécutif compte 144 membres dont Albert Faust. Thierry Nollet a refusé l ‘accès de la salle à Albert Faust et à Marc-André Verbeure. Albert l’a fait constater par huissier de justice. Lors du vote était pris, on a manipulé comme suite : on promettait qu’on allait seulement discuter sur l’élimination sur l’administrateur judiciaire, une chose est claire : il existe au sein du Comité exécutif et du Bureau exécutif un consensus général. En plus on disait : «Faust, nous l’écouterons sur la réunion du CE du 04/09 ». Ces arguments ont jeté de la poudre aux yeux de beaucoup de militants. Ainsi une motion d’ordre de la délégation de l’AMP pour que Faust puisse participer à la réunion a été. Ensuite une résolution de 5 pages a été présentée, remplie d’accusations à l’adresse de Faust. Finalement cette résolution a été réduite à 4 points: 1) Un retour à plus de transparence ; 2) Il y aura un congrès statutaire 3) Il n’y aura pas de sanctions contre des militants, quelle que soit la position qu’ils prennent aujourd’hui ; 4) Acceptation de la tutelle de façon rétroactive. Ainsi 100 des 108 présents ont voté pour, 8 se sont abstenus. La démission de Faust a été enlevée de la résolution et sera discutée au 4 septembre en présence de Faust. L’intervenant suivant, Jacques Hardy, ancien secrétaire du SETCa-Namur, trouvait inacceptable la façon dont les gens sont cassés. Si on avait consacré autant de temps dans la lutte contre les multinationales et les délocalisations, ce pays serait bien différent. Après avoir donné une série d’exemples de grèves et des occupations que lui-même, Faust et Roland (à l’époque encore un jeune gauchiste) avaient menées. Il a regretté que l’appareil transforme des gens qui dans le passé étaient de bons militants, Il a demandé si c’était bien cela que Marx appelait «aliénation». Bruxelles a un rôle stratégique: en tant que capitale internationale elle occupe une positon quelque part entre les interrégionales flamande et wallonne de la FGTB. Ce coup est un coup bureaucratique. Tout le monde sait que Faust a hérité d’une situation déficitaire au moment où il est arrivé il y a 25 ans à la tête du SETCa-Bxl. A l’époque ses propres décisions se heurtaient à la résistance au sein de l’ancien appareil. Je ne suis pas partisan du particularisme, mais je pense que dans la FGTB aujourd’hui on s’applique au centralisme bureaucratique. Dans son intervention Albert Faust a expliqué qu’il était souvent épuisé, non par la lutte syndicale, mais par les tonnes de mensonges qu’on déverse sur lui. Normalement l ‘opinion publique s’intéresse peu à un débat sur la stratégie syndicale, mais dès qu’on parle d’argent et de voitures tout le monde prête l’oreille. Il a cité le courrier d’un lecteur poujadiste publié dans le journal publicitaire bruxellois Vlan, qui utilise le cas Faust pour dire que ce n’est pas la mondialisation antisociale mais la maffia corrompue des syndicats et des politiciens qui sont à la source de tout le mal. « Qui a lancé ce type de campagnes ? » a-t-il fait remarquer. La bataille a commencé : non seulement Faust mais tout militant qui est pour Faust doit être expulsé. Dans quel procès quelqu’un est-il condamné sans au minimum faire semblant que l’inculpé a eu la possibilité de se défendre? Même dans une dictature on sauve les apparences et l’inculpé a le droit de se défendre, cela est le minimum absolu. Il y a deux ans la FGTB a mené une campagne contre le licenciement des délégués syndicaux. Nous avons constaté que quand le patron veut licencier quelqu’un il trouve toujours une faute grave quelque part. Même si la justice donne tort au patron, il n’est jamais question de réintégration. A l’époque 650 militants du SETCa-Bxl ont pacifiquement occupé le siège de la FEB. Les responsables de la FEB nous ont même accueillis pour un entretien, contrairement à la direction de la FGTB. A l’occasion de cette action j’ai reçu deux lettres fâchées : une de Michel Nollet et une de Christian Roland. Ils disaient qu’ils allaient en parler dans les commissions paritaires. Nous attendons toujours. Bien sûr, le contexte politique est toujours l’élément le plus important. Dans une récente interview à La Libre Belgique, André Mordant déclare : « Nous devrons reformuler les statuts de façon plus précise. Au sein de la COFI on a déjà proposé un changement de statuts. » Je ne connais aucun exemple historique d’un régime qui ait changé la loi afin de condamner des gens qui avaient commis des faits antérieurs au changement de la loi, à l’exception du régime de Vichy. C’est justement ce que la FGTB veut faire maintenant. a conclu Albert Faust. Mia de Vits veut une FGTB hyper centralisée où les militants n’ont plus un mot à dire. D’ailleurs, elle l’a annoncé au congrès. D’ailleurs Christian Roland doit faire attention, sa position est menacée, pas par moi mais par l’appareil qui va le jeter par-dessus bord après l’avoir utilisé. Je peux me tromper, mais nous verrons dans un an. Notre tâche primordiale est de lutter pour le droit de grève. Un syndicat, même de droit, qui renie le droit de grève, n’est plus un syndicat. Les sommets de la FGTB et de la CSC se sont, dès le début mis d’accord sur l’interdiction des grèves spontanées et des grèves de solidarité. J’ai toujours expliqué que la FGTB n’est pas une compagnie de gaz et d’électricité où tout le monde a adhéré pour avoir un service et où tout est décidé par le conseil d’administration. Nous ne fournissons pas seulement des services, cela n’est pas notre concept. Nous sommes un instrument pour la défense des intérêts des travailleurs. Albert Faust a terminé son intervention parla lecture d’une lettre d’Anne-Marie Appelmans dans laquelle elle exprimait son dégoût pour la façon dont on s’est saisi de Faust, lettre dans laquelle elle lui confirme sa solidarité. «Je suis terrifiée par la violence institutionnelle de la COFI » a-t-elle écrit. Silvio Marra a expliqué qu’à Clabecq tous les moyens ont été utilisés (par l’appareil) afin d’affaiblir la confiance des travailleurs envers leur délégation : la presse, la justice, la police .... Ils nous ont couverts de rumeurs afin de nous rendre suspects. En réaction nous avons organisé la Marche contre les Menteurs, avec 20.000 participants à Namur où se trouve la source de tous les mensonges, le gouvernement wallon et le PS. Michel Nollet a visité toutes les entreprises pour raconter que nous avions molesté les commerçants de Tubize. On prétendait que nous, nous qui avions investi notre argent et notre vie dans la construction du syndicat, avions volé pour 20 millions de FB de timbres syndicaux. Apres 5 ans de procès contre les 13 de Clabecq tout cela à été rejeté. J’ai été inculpé de tout, 26 inculpations au total, et après 5 ans j’ai été acquitté de tout cela. Mais entre-temps ces ragots ont laissé leurs traces. Je sais ce que j’ai vécu. Je ne dois pas voir les livres de compte du SETCA-BHV pour savoir que Faust est innocent dans tous ces ragots. Quand on s’attaque à un délégué on ne dit jamais que c’est parce qu’il défend les travailleurs ou parce qu’il a été depuis 32 ans membre de la délégation syndicale, non, d’abord on va le discréditer, puis on va l’inculper de vol etc. ainsi celui auquel on s’attaque n’est pas un délégué, non, c’est un voleur ! On nous a reproché d’être une mafia, des bandits, des voleurs, de tout... pour nous casser. Le 28 septembre nous voulons faire le bilan du procès à Tubize. Si vous pouvez venir, je vous invite tous à y participer. La réunion aura lieu dans la salle La Bruyère, une salle de paroisse au-dessous de l’église, non pas parce que nous sommes des catholiques mais parce que la Maison du Peuple nous est refusée. Depuis des années ma femme est membre du SETCA à Bxl. Elle connaît Faust comme quelqu’un qui informait régulièrement. Une source d’information politique, quelqu’un qui activait les gens. Il peut compte sur son soutien total. Parmi ceux qui se tournent contre Faust il y en a qui se disent plus à gauche que lui. Qu’ils le prouvent alors dans la pratique et qu’ils n’oublient pas que ce que D’Orazio est au niveau national, Faust l’est à Bruxelles. A Clabecq nous avons été exclus du travail, tous les 400! Si cela est possible, la démocratie n’est qu’une coquille vide. Le PS est crucial dans l’expulsion des travailleurs, c’est lui qui est derrière l’attaque contre Faust. En réaction nous avons construit le MRS. Encore une fois, les livres du SETCA-BHV ne m’intéressent pas, Faust à tout mon soutien. Pierre Beauvois (Parti communiste) est intervenu pour dire que son secrétaire du SETCA du Centre avait voté contre le SETCA national. Il a fait référence à un philosophe qui disait que la meilleure façon de liquider la démocratie est de pousser les gens à la démoralisation était la passivité. Les putschistes sont bien en route. Il a fait l’exercice de comparer les bilans de toutes les entreprises belges (à obtenir sur CD-ROM à la Banque nationale) avec celui du SETCA-BHV. La dette du SETCA-BHV est en dessous de la moyenne de ces entreprises. Proportionnellement le SETCA-BHV a besoin de moins de capital pour donner une plus-value aux services ; c’est quand même une mesure pour la santé d’une entreprise. 92% de la valeur ajoutée vient des salaires, donc le SETCA-BHV n’est pas seulement plus sain que la majorité des entreprises, mais en plus il a un coefficient de travail plus élevé. C’est quand même un élément auquel les syndicats attachent beaucoup d’importance, du point de vue de l’emploi. Pour le reste il plaidait pour plus de démocratie directe. Mahfoudh Romdhani, un parlementaire du PS à Bruxelles a plaidé pour plus de démocratie. Serge Noël est intervenu sur le pacte du diable conclu entre le petit appareil du PTB et le grand appareil syndical. Il a expliqué que Bruxelles est la seule région bilingue sur le plan syndical. Aujourd’hui on veut casser cela. On parle ouvertement d’une scission entre Bxl 19 communes et Halle-Vilvorde qu’on veut transférer à l’Interrégionale flamande de la FGTB. Dans cette lutte il n’y aura pas de vainqueurs : on applique la politique de la terre brûlée. Francine Dekoninck du MAS/LSP était la dernière intervenante avant que la salle ne prenne la parole. Elle a expliqué que le succès du SETCA national dans l’expulsion de Faust n’était possible qu’avec la collaboration d’une partie de l’appareil de Bruxelles. L’ appareil a mis de son côté une série de secrétaires «de gauche » et ainsi divisé la gauche au niveau bruxellois. Elle a ajouté : « Je pensais avoir vu tout avec Clabecq au niveau des obscénités. Je me suis trompée. Ici on a l’impression de lire La Dernière Heure quand on lit Le Soir et La Libre Belgique. » Le contexte politique est le suivant : on veut éliminer tous les obstacles vers un nouvel accord interprofessionnel et la scission partielle de la sécurité sociale. C’est la raison pour laquelle Faust doit disparaître. Le coup d’état a eu lieu en juillet, quelque chose qu’ils ont appris du patronat pour éviter la mobilisation. Les Forges de Clabecq ont aussi fermé juste avant les vacances de Noël. Ici, on n’a même respecté les instances en place, ce qui devient peu à peu la règle générale. En fait les militants syndicaux ont moins de droits dans leur syndicat que devant un tribunal. La bureaucratie, cela commence déjà dans les entreprises et grimpe ainsi vers le sommet. Certains disent : « Oui, mais j’ai des enfants, je ne peux rien faire ! » mais plus de la moitié des ouvriers ont des enfants. Ils devront finalement oser de se mouiller. Il y a beaucoup de gens de gauche dans le syndicat, mais ils sont dispersés, nous devons nous regrouper la gauche syndicale. Les militants syndicaux du MRS (Mouvement pour la reforme Syndical) veulent que le syndicat revienne sous le contrôle des membres. Dans les interventions de la salle il y a eu encore beaucoup de contributions intéressantes : Leen Van Damme déléguée chez Fortis Banque depuis près de 30 ans et membre du Comité exécutif du SETCa BHV depuis 20 ans, a dit ce qu’elle ressentait. Elle a expliqué comment de façon habile, elle est mise à l’écart, et comment en avril Thierry Nollet préparait le terrain en écartant un militant de la Commission de contrôle des comptes. Staf Galand a ensuite pris la parole pour rappeler que depuis des années il avait pu compter chaque fois sur la solidarité de Faust entre autres lors de la grève de Boël Tamise et pour un concert au cinquantenaire des ONG lors de la présidence belge de l’Union européenne. André Henry, ancien délégué de Glaverbel, a expliqué comment la bureaucratie fonctionne quand elle récupère ou casse des gens. Paul Wattiez a fait référence au pacte signé par Mia De Vits en 1999 quand elle avait marqué son accord de principes concernant les conventions collectives régionales. Jo Coulier a annoncé qu’il organiserait un débat sur son lieu de travail sur le cas Faust avec les deux parties. Il expliquait la nécessité de venir avec des propositions concrètes pour organiser la gauche dans le syndicat . Il n’est pas possible de rapporter toutes les interventions. Ici et là il faudra ajouter. J’ai essayé de me limiter à l’essentiel. Une chose est claire : ce qui se passe ici n’est que le sommet de l’iceberg. La prochaine étape est que les délégations et les entreprises seront épurées de tous leurs éléments critiques. Ceux qui se laissent prendre par les innombrables ragots et la boue ... peuvent être et seront d’eux-mêmes victimes sauf s’ils, comme certains anciens secrétaires «de gauche » baissent aussi leur pantalon devant l’appareil. Il y toujours un argument pour ne pas soutenir les travailleurs : ils boivent, sont trop souvent absents, arrivent trop tard au boulot, etc. Un délégué qui n’est pas préparé à les défendre ne sera pas préparé si nécessaire, de défendre d’autres travailleurs. Dans le cas de Clabecq l’excuse était que certains de Clabecq était trop violents et n’importe quoi encore. Le résultat a été que la délégation la plus combative a été exclue sans avoir eu la possibilité de se défendre. Certains «de gauche » se sont servis de faux-fuyants pour légitimer les expulsions. D’ailleurs, ce n’était pas une lutte contre les syndicalistes, non contre des criminels. Bien sûr, le cas Faust est diffèrent de celui de Clabecq. Il serait difficile d’imaginer une répétition exacte. Certains voient ces différences et en tiennent compte. Par exemple le fait que les délégués de Clabecq avaient le soutien des travailleurs des Forges, alors que Faust travaillait dans l’appareil. D’autres utilisent ces différences comme feu vert pour s’enfuir vers «l’abri » de l’autre coté. Dommage, parce que cela divise la gauche à un moment crucial où l’unité est absolument nécessaire. «Mais, diront-il, Faust était un corrompu». Ils le disent avec une telle fermeté qui laisse supposer qu’ils l’ont soumis pendant des jours à des interrogations intenses. La réalité est qu’ils ne veulent même pas l’écouter (certainement pas avec la présence de la base), qu’ils prennent des mesures antistatutaires, et qui sont justifies par l’hypothèse que Faust ne serait qu’un corrompu. Et le bouquet et qu’après avoir aidé l’appareil à nettoyer, ces hypocrites nous appellent à serrer les rangs et à rétablir l’unité. C’est comme cela que fonctionne une dictature. Nous sommes prêts à serrer les rangs si on revient sur la liquidation de Faust, en faisant respecter les statuts, en laissant contrôler les comptes par la base et en laissant décider les instances démocratiquement élues. Mais il y a encore autre chose, d’une importance encore plus élevée : avec le mouvement antimondialiste une nouvelle génération de syndicalistes critiques est proche. De Vits et Compagnie le savent et en comprennent le danger. Cela explique leur hâte pour éliminer déjà maintenant tout ce qui est combatif et qui a de l’expérience avant qu’ils aient la possibilité de se lier à ces couches nouvelles. Eric Byl, membre du LSP/MAS