En bref, pour ceux qui n'ont pas le temps de tout lire, malgré l'extrème gravité de ce qui est décrit ici:
Jeudi à 8h30 comparaissent 3 militants antimondialistes au palais de justice pour association de malfaiteurs lors de l'organisation d'une manif altermondialiste de 3000 personnes où aucun incident ne s'est déroulé. Tout cela sur base d'une application de la loi-cadre européenne sur le terrorisme traduite dans notre loi sous le numéro loi 324bis qui criminalise tout opposant politique au pouvoir établi (si si je vous assure).Etre présent ce jeudi, c'est montrer à la justice que la population s'oppose vivement à ce genre de jugement et qu'elle ne se laissera pas faire si le procès continue. Tant que plusieurs centaines de gens se réuniront avec la presse pour une affaire, les juges et avocats n'oseront pas faire de coup bas. On l'a bien vu, ça a marché pour Clabecq et pour des dizaines d'autres affaires qui se seraient mal déroulées si on les avait laissées se dérouler dans l'ombre.
Alors, prenez une demi-journée de congé ce jeudi et venez à Liège. Nous ne pouvons pas laisser passer ça. Ce serait la porte ouverte à la criminalisation générale mais surtout très réelle de la majorité des militants opposés au système actuel.Soyez là, soyez présent et empéchez les, nous en avons le pouvoir à ce niveau là.
Topsy.
Plongée dans l'espionnage politique belge et liégeois... Trois militants antimondialistes mis sur écoute...
Ce mail est adressé à tous les sympathisants liégeois et autresPeut-être connaissez-vous Raoul Hedebouw (enseignant, porte-parole du mouvement antimondialiste, membre du Mouvement des Jeunes du PTB et actuellement journaliste au Congo) ? Peut-être connaissez-vous aussi Arnaud Leblanc (Indymedia) ou Didier Brissa (militant FGTB) ? Ces trois sont trois responsables du mouvement antimondialiste sur Liège. Elles sont gravement accusées d'appartenance à organisation criminelle et d'association de malfaiteurs. Elles sont convoquées ce jeudi à 8h30 en chambre du conseil au palais de justice.
Il y a deux mois, ces trois personnes ont eu la mauvaise surprise d'être convoqués au palais de justice où ils ont pu prendre connaissance d'un dossier monté contre eux par la police de Liège. Ce dossier montrait clairement que :
Qu'est-ce qui leur est reproché ?
Souvenez-vous... Au mois d'août 2001, la Belgique prenait la présidence de l'Union Européenne. A cette occasion, un large mouvement appelé D14 a appelé à 3 manifestations lors des différents sommets organisés dans les villes belges. A Liège, S22 vers D14 organise le 22 septembre une manifestation contre le somme des ministres de l'économie et des finances au Palais des congrès. 3000 jeunes défilent dans les rues. Manif réussie... Pas de casse. Aucune interpellation. Rien à se mettre sous la dent pour ceux qui, avides de nouvelles "sensationnelles", attendaient cette manifestation avec beacoup d'impatience.
Mais quelques mois auparavant, le parlement avait adopté une loi d'un nouveau type : la loi 324 bis. Cette loi qui avait donné lieu à beaucoup de protestation dans les milieux démocrates permet à l'état de considérer comme criminel toute personne faisant partie d'une organisation qui remet en cause le fonctionnement de la société. Cette loi permet donc de poursuivre en justice tout militant syndical, activiste contre la guerre, militant antimondialiste et de le considérer aux yeux de la justice comme un vrai criminel...
C'est donc en invoquant cette loi que la police liégeoise a demandé l'ouverture d'une enquête sur les trois individus et qu'elle les a placé sur écoute téléphonique.
Mais alors, qu'ont-ils fait pour être traînés en justice ?
Rien. Strictement rien. A moins que ne soit considéré comme "association de malfaiteurs" et "organisation criminelle" ce mouvement antimondialiste qui a permis à 3000 jeunes liégeois d'exprimer leur colère contre l'Europe capitaliste par des slogans contre les privatisations, les licenciements massifs et les guerres qui étaient alors en préparation. A moins que ce ne soit criminel que de se rassembler sous les mots d'ordre "non à l'Europe anti-sociale, anti-démocratique et guerrière" ?
Mais alors, pourquoi ?
Si l'accusation est injuste, elle est malgré tout présente et pend au bout du nez des trois accusés. Un des points cruciaux dans cette affaire est de comprendre les réelles motivations de la police. Laissons la parole à Raoul Hedebouw qui donne ses sentiments dans sa lettre ouverte :
"on utilise contre moi la loi 324 bis utilisée contre les " organisations criminelles ". Or, je ne suis pas un criminel. Je suis un activiste qui me bat pour un monde meilleur. Un monde plus juste où l'argent dépensé pour la guerre servirait à renflouer les caisses de l'enseignement. Ou les bénéfices plantureux des multinationales serviraient à créer de l'emploi et non du chômage. Ou les nouvelles technologies serviraient à développer le tiers monde plutôt qu'à détruire l'emploi. Je ne suis pas un criminel et la justice le sait. Il s'agit donc bien d'utiliser la loi des " organisations criminelles " contre des opposants politiques dans un pays comme la Belgique qui a pourtant signé la déclaration des droits de l'Homme. De plus, notre justice utilise hypocritement et politiquement contre moi une loi qu'elle n'utilise même pas contre les " véritables " organisations criminelles. Comment expliquer sinon l'étouffement de l'affaire des tueurs du brabant wallon ? De l'affaire Cools ? Des enfants disparus ?"
La conclusion est évidente et effrayante... Criminels pour avoir remis en cause le système, criminels pour "s'être battu pour un monde meilleur".
Mais alors, nous sommes tous visés par cette loi ?
On pourrait espérer que ce soient les fauteurs de guerres, les marchands d'armes, Nihoul et ses amis, ceux qui privatisent à tout vent, les fraudeurs ou les grands pollueurs qui soient mis sur écoute et considérés comme criminels... Mais la réalité est toute autre. Il faut plutôt craindre que ce soient les militants antiguerre, les parents Russo ou Lejeune, les mosquées, les militants syndicaux ou les militants antimondialistes que nos dirigeants considèrent comme des criminels.
Le 10 décembre, les partis PS, MR et Ecolo ont fait voter une loi qui permet à la police de rentrer par effraction chez n'importe quel individu pour y place du matériel d'écoute (micros) et d'observation (caméras chachées)... Ce n'est pas une blague !
Le 12 mai 2003, le gouvernement arc-en-ciel a acquis une table d'écoute centrale et 28 tables locales qui sont en mesure de contrôler toutes les communications téléphoniques, fixes, mobiles et par satellite. Et ceci, pour la modique somme de 500 millions d'euros payées à l'Etat d'Israël, fabriquant de ce "bijou" de l'espionnage politique.
Que faut-il en penser ?
Il ne faut surtout pas s'effrayer et se laisser intimider. A contraire, il faut continuer ! Contre les nouvelles guerres d'agression américaines en préparation, contre les réformes des retraites, contre les privatisations et les licenciements massifs, nous n'avons que deux choses à faire : réfléchir et agir. Car les écoutes vont continuer et même augmenter car ils ont peur. En effet, ceux qui nous dirigent savent très bien le prix d'une bombe qui s'écrase sur un marché, d'un soldat ou d'un résistant tué, du pétrole ou de la terre qu'on a volé, d'un peuple affamé, d'un portefeuille vidé, d'une école abandonnée, d'une usine fermée ou d'un service "restructuré"... Et chacun sait que l'addition se paye souvent très cher. Surtout si elle est salée.
Pour le mouvement des Jeunes du PTB,
Damien Robert
0478/469245
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