Dieu, révolution et transcendance

Le but de ce texte est de démontrer que beaucoup de gauchistes, anarchistes et autres libres penseurs se trompent en pensant qu'une révolution ou même une simple évolution positive de notre société sont possible en exprimant un déni total de Dieu et en l'absence de transcendance.

Dieu et les religions

Le nombre de discours condamnant l'attitude des religions et présentant un conformisme absolu avec les dogmes de ces mêmes religions est absolument consternant.
Exemple: dire que Dieu n'existe pas mais que s'il existait il mettrait de l'ordre dans sa création ou ce qui revient au même dire que les religions sont à la base de toutes les guerres et que jamais Dieu ne permettrait de telles choses.


Tenir ce genre de discours est accréditer l'idée d'un Dieu qui soit un Dieu doté de pouvoirs surnaturels qui juge nos actions et qu'il faut craindre. C'est accréditer également le concept de l'immuabilité du conflit du bien et du mal ancré par les religions dans l'inconscient collectif de notre civilisation comme un leitmotiv. Accréditer tout cela est se conformer à la logique du système de notre civilisation qui est un système de domination de l'autre pour s'assurer pouvoir et richesses.


En effet, le dernier de ces concepts, celui de l'immuabilité du conflit du bien et du mal est le plus pervers de tous, justifiant à lui seul toutes les différences, toutes les diabolisations de l'autre ou de sa culture. Associé aux autres dogmes des églises cela donne un mélange explosif.


La croyance que Dieu est le juge suprême et qu'il faut le craindre transforme un acte d'amour en un Dieu de la guerre, et permet de justifier en son nom un nombre incalculable d'horreurs. Cela transforme une théologie de la libération par l'amour en une théologie de la domination par son nom. Car c'est bien là qu'est le fond du problème, Dieu est un nom dans la langue courante alors qu'il est un acte d'amour, c'est à dire comme tout acte, un verbe.


L'acte

Conjuguer cet acte d'amour permet d'atteindre le vrai sens de Dieu, celui d'une libération de l'humanité et de chacun des individus la composant par l'amour. La foi devient alors un simple vecteur de cet acte d'amour: la certitude de savoir que ce que je fais est bénéfique pour l'ensemble des autres.
Le corollaire de cela est que celui qui est incapable d'aimer est incapable de croire en Dieu. Il est également incapable de croire en ce qu'il fait, même si son égo va le persuader du contraire il ne fera que suivre la conformité et par là la logique du système, et ce indépendamment du fait qu'il croie ou non en Dieu. Car il n'est pas nécessaire de pouvoir croire en Dieu pour pouvoir aimer. L'amour est quelque chose d'absolu qui, tout comme le bien et contrairement au mal, se suffit à lui-même. S'aimer soi-même, avec tout le respect que cela implique, aimer l'autre, avec tout le respect que cela implique, sont des conditions nécessaires et absolues pour réaliser un monde meilleur. Le même absolu se retrouve dans les paroles de Jésus quand ils disait aux riches : « Pour être mon disciple vous devez abandonner tout ce que vous possédez. » Cela n'était pas une condamnation des abus et des excès de la propriété et de la richesse, c'était une condamnation de leur principe même. Jésus en cela était un bien plus grand révolutionnaire que tous les gauchistes. Il ne proposait pas une nouvelle religion, il était même tout comme Bouddah, le plus irréligieux des hommes, il proposait une libération de l'humanité par l'acte d'amour qu'est Dieu.


Certains objecterons que si Dieu est amour il interviendrait pour mettre de l'ordre dans sa création. Faux, car aimer veut dire laisser l'autre libre de ses choix et nous sommes libre de nos choix. Par cela nous sommes même supérieur aux anges. Ce n'est pas Dieu qui tue sur les champs de bataille ou en laissant mourir 45 millions de personnes par année mais bien nous, par nos actes et nos choix, y compris celui de la passivité qui n'est jamais que profiter du système en attendant le grand coup de pied au cul comme le fait l'autruche quand elle a peur.


Notre société est régie par une philosophie de l'être : le plus beau, le plus fort, le plus riche. Il ne tient qu'à nous de remplacer cette philosophie de l'être par une philosophie de l'acte: le plus aimant. Cela donne tout de suite une nouvelle dimension qui transcende le tout, y comprit la société.

Avant même la naissance d'une philosophie de l'acte par laquelle Dieu est, en toute chose et en tout homme, l'acte qui le fait être, l'acte par excellence, celui de la création, Dieu fut vécu comme une force animatrice de toute vie.



La transcendance

La trinité occidentale, dominatrice du monde, telle que la perçoivent les peuples dominés se résument à ceci: les militaires, les marchands et les missionnaires. La véritable trinité est ceci: la vie est à la fois existence, conscience et joie. Ou dit autrement Dieu est l'unité de l'amour, de l'amant et de l'aimé. Exprimé de façon matérialiste cela donne Dieu est l'unité de la matière, de l'esprit et de ce qui les anime. Ce qui les anime est cette force animatrice de toute vie, ce formidable acte d'amour qui fait que nous sommes. Prendre conscience de cette trinité des chose est, quelque soit le nom que nous lui donnons, réaliser ce Dieu qui est en nous, comme le disait Jésus. Et réaliser du même coup et sans attendre le paradis sur terre. Car c'est bien de tout cela dont les religions nous privent avec leurs dogmes, dogmes reprit en coeur dans notre culture.


Une religion n'est jamais que la foi exprimée dans le langage d'une culture. La crise que traverse les religions à l'heure actuelle est en fait la crise de notre culture. Il est tout bonnement impensable de vouloir réformer les principes régissant notre culture sans changer les principes régissant les religions. Dieu est un acte d'amour présent en chacun de nous. C'est une affaire personnelle, il ne peut donc en aucun cas être l'affaire d'une organisation codifiant sa pratique dans un but de domination. Sans la transcendance que donne le passage à une philosophie de l'acte, faisant de Dieu un acte d'amour absolu, les révolutions seront vouées à l'implosion, la période des 2 guerres mondiales en est un exemple parfait et récent. Vous pouvez appeler Dieu par le nom que vous voulez: paix de l'esprit, que sais-je encore. L'important n'est pas le nom mais l'acte.


Cette transcendance nécessite de se ré-approprier l'acte d'amour dont les religions nous privent au nom de leurs Dieux de la guerre et de la domination.