A chaud, en réponse à Frans De Maegd, comme en réponse à Arnaud. La question de "La Bourgeoisie" J'aimerais que l'on ne s'embarque peut-être pas trop vite dans des clichés éculés sur la bourgeoisie. Il est facile d'englober dans ce terme - qui a pris au cours des années une connotation de plus en plus négative - toute la majorité silencieuse accusée de lâcheté, de compromis et de soumission au pouvoir. Il y a "bourgeoisie" et "bourgeoisie". A l'époque des Lumières (je sais, je remonte loin), les idées les plus révolutionnaires provenaient de ce que j'appellerais la bourgeoisie "éveillée" (si le terme ne vous convient pas, soit, prenons-en un autre...). Marx était un bourgeois, Proudhon aussi, Bakounine un aristocrate, Guevara n'était pas un ouvrier mais bien un médecin ... C'est l'émergence de la bourgeoisie qui a fait refluer les acquis de l'aristocratie... Bien sûr, les autres "bourgeois" non pas "éveillés" mais "bien-pensants" décriés par Brel ont repris la suite, hélas. Et c'est cette phase -là à laquelle il faut être attentif. Mais avant cela, il y a encore beaucoup de choses à faire! Nous sommes donc face à 2 types d'interlocuteurs (en gros et pour shématiser). D'une part ceux qui craignent par-dessus tout le "qu'en dira-t-on", le regard des autres et le jugement des autorités... ceux que j'appellerais les "bons moutons"... ... mais il y a aussi les autres qui ont vécu leur révolte, ont une place dans cette société et y tiennent, mais qui n'arrêtent pas pour autant de penser, réfléchir et s'interroger. Ces derniers, qui font toujours partie de la majorité silencieuse, sont pourtant nos alliés! Ils se taisent par manque d'informations, ou pire : par désinformation! Ils se retrouvent dans un quotidien pressant, stressant qui agit comme un lavage de cerveau, qu'ils se doivent pourtant d'assumer parce qu'ils ont des enfants, parce qu'ils ont des acquis, parce qu'ls sont pris dans un certain engrenage et que tout, finalement, est pris en otage par une société qui se veut "égalitaire dans l'indifférence". Ils croient ne pas avoir d'impact et mais en ont un! Enorme!! D'abord l'impact financier mais qui demande une solidarité et une convergence d'action. Ils peuvent paralyser un pays aussi sûrement que les travailleurs. Hélas, ce sont les bien nommés "indépendants" pour la plupart. L'impact aussi d'une certaine formation, d'une certaine capacité d'adaptation et, même si cela peut paraître absurde : une capacité d'inertie fondamentale pour nos gouvernants. Bouger cette bourgeoisie-là et vous faites basculer le rapport de force! Pour la bouger, il faut lui apprendre, ou plutôt lui réapprendre à regarder, à écouter, à entendre. Il y a des tas de barrages, des tas de "somnifères" mis en place pour garder la bête très calme. Si les ouvriers sont la force vive d'un pays, la bourgeoisie en est l'épine dorsale, que cela nous plaise ou non. Nous ne nous débarrasserons de ce clivage absurde qu'en changeant de regard les uns sur les autres! Et je crains bien que ce n'est pas demain la veille :-(( Les médias sont les armes les plus pernicieuses, les lois les plus puissantes. Et comment leur expliquer que les medias mentent sans leur présenter d'autres arguments dans un langage qui leur est familier? Comment leur démontrer que tout être est au-dessus des lois qui ne sont là que pour aider à s'entendre et non s'empêcher de vivre comme cela devient le cas? Obscurément, ils le savent. Mais ils ont tout à perdre! Et nous devons leur apprendre qu'ils ont beaucoup à gagner car cela, ils ne le savent pas encore.. Mais cela implique que d'autres sont prêts, eux, à tout mettre en jeu. Tout! Alors, ils bougeront et rien n'arrêtera le mouvement. A ce moment, un autre phase critique s'ouvrira : la mise en place d'une nouvelle inertie. Et là, les révolutionnaires généralement se cassent pour d'autres combats. Seuls ceux qui désirent gagner quelque chose restent... Toute la différence entre Guevara et Castro. Dommage qu'ils ne bougent que parce qu'ils auraient quelque chose à gagner? Arrêtez! Nous bougeons tous pour quelque chose! Si ce n'est pas matériel, c'est pour une reconnaissance, pour se faire entendre, pour se faire voir. Nous sommes humains et les humains ne sont pas des saints : cela se saurait ;-) La question des casseurs Je comprend la réaction d'Arnaud. Il est malheureusement vrai que les medias "officielles" et également le lecteur en général ne s'arrête que lorsqu'il y a atteinte au matériel. Toucher au veau d'or, et vous serez reconnu. Soit. Passer pour des "neuneu" en manifestant poliment, gentiment dans les sentiers balisés n'apporte que peu de chose. Finalement on passe pour des clowns. Soit Avoir la sympathie et la larme à l'oeil des "bien-pensants" ne nous aide pas. Au contraire, ils vont nous bouffer, nous diviser et nous récupérer pour leur petit bien-être.. Soit Des actions plus vives et plus vindicatives permettent de nous faire entendre... peut-être aussi d'imposer un respect par la crainte et d'affirmer notre engagement? Soit...........Mais... Au Nova, entre les sorties et les articles, nous avons souvent discuté de Gandhi. Comment a-t-il fait? Pourtant, sans actions vindicatives, il a bien réussi là ou les autres ont échoués? Un secret : la désobéissance civile!! OK. Comment appliquer une désobéissance civile sans casser? Comment désobéir en se faisant éminemment remarquer? En marquant les esprits? En forçant le respect? En mettant les rieurs de notre côté?? Gandhi avait résolu ses peurs : il ne craignait ni la mort, ni la perte matérielle, ni la perte d'identité sociale : il était centré, fondant son identité intrinsèque dans ses opinions. Et nous? Ces dernières années, toujours sous l'exemple de Gandhi, nous avons inventé, réinventer les actions pacifiques. Nous devons aller plus loin. Peut-être pour les arrestations arbitraires, trouver des menottes, se menotter entre nous et se jeter au sol avec les autres... que les policiers n'aient pas 10 ou 30 personnes appréhendées mais 100 et plus!!! Cela signifie être prêt pour les coups, être prêt pour la nuit au poste, être prêt pour ce risque -là... non plus envisagé, mais imposé par nous!! Peut-être refuser de courir devant eux lorsqu'ils chargent et les forcer à nous écraser. Reprendre le jeu en main et imposer notre présence et notre calme. Peut-être emmerder le capital dans ce qu'il a de plus cher : son image. Tagger au lieu de casser. Mais alors, solidement, que cela laisse des traces longtemps. Peut-être trouver des slogans, des chants, non plus virulents mais ironiques.. des pamphlets que chacun retienne et fredonne. Que cela deviennent in leitmotif aussi ancré que les jingle des pubs! Fouiller, chercher, analyser, présenter des arguments, des preuves, des images des dessins ... Revendiquer une intelligence des dossiers, imposer une analyse, un regard, non plus seulement une révolte. Nous sommes déjà dans le chemin... Se battre pour être représentés aux conférences de presse, aux débats, aux tables de négociations, aux discussions. Et entre nous, surtout, accepter que la "communication" n'est jamais une "confrontation", mais un échange libre de points de vue.. Décrypter la foule d'infos des officiels, l'expliquer à tous