********* Corine Barella, journaliste : Les droits et libertés démocratiques se défendent quotidiennement. Le péril est grand, les années nonante ont marqué un tournant sociétal vers un pouvoir autoritaire qui s’est traduit par des atteintes portées aux droits et libertés des citoyens. Celles et ceux qui défendent leurs droits fondamentaux et les droits fondamentaux d’autrui sont désormais la cible des attaques des exécutants de la politique gouvernementale, les gardiens d’un certain ordre social. Il n’est pas bon contester les décisions du pouvoir en place, même si celui-ci bafoue allègrement, conventions internationales, droits de l’Homme, et Constitution belge. Nous sommes là pour exercer cette légitime vigilance à l’égard de ceux qui nous gouvernent aujourd’hui et pour tenter de mettre un terme à ce que nous considérons comme inhumain, injuste, et inacceptable pour un démocrate. Nous ne nous laisserons pas museler par la peur des poursuites, simplement parce que nous défendons des valeurs reprises dans une certaine déclaration universelle... ************ Predrag Grcic, LDH-section Bruxelles : Comme les membres des Collectifs, nous nous opposons aux centres fermés, véritables \"arrière-cours de la démocratie\", aux expulsions collectives et aux lois qui frappent les sans-papiers, notamment sur le plan social. A différentes reprises nous avons soutenu les membres des Collectifs dans leurs actions, qui n\'ont jamais été violentes. Certains de nos membres ont d\'ailleurs participé physiquement à plusieurs actions organisées par les Collectifs. Nous considérons que toutes ces actions, qui donnent lieu aujourd\'hui à l\'ouverture de procédures judiciaires, participent d\'un légitime devoir de résistance et que celles et ceux qui y ont participé doivent en être félicités. Les procès de celles et ceux qui considèrent que la dignité humaine vaut également pour les étrangers, les candidats à l\'asile, les réfugiés, seront politiques. Ces procès seront ceux des personnes qui ont choisi la résistance civile et le délit de solidarité plutôt que la résignation devant l\'arbitraire de l\'Etat. Nous choisissons la solidarité, sans la moindre hésitation. **********Pascale Fonteneau, auteur : Hors la loi pour avoir secoué les barbelés de la honte. Hors la loi pour avoir manifesté sa solidarité à ceux qui étaient venus, sous notre ciel gris, chercher un peu de chaleur, d\'espoir et d\'avenir. Hors la loi pour avoir contesté pacifiquement une politique d\'enfermement. Je veux être aux côtés des femmes et des hommes inculpés aujourd\'hui pour avoir défendu des valeurs auxquelles je tiens furieusement. C\'est donc à mon tour d\'être solidaire. ************ Les femmes en noir : Face à un Etat qui durcit sa position sur les questions d’immigration et qui a fait de la solidarité un délit, nous revendiquons le droit et le devoir de désobéissance civile. Nous rappelons aux ministres, qu’élu-e-s par le peuple, ils/elles sont censé-e-s proposer des améliorations de la condition de chacun-e et non faire donner les gendarmes à la moindre réaction de bon sens face aux nombreuses injustices. Symbole morbide des sans-papiers et sans-droits de notre société, Semira Adamu a trouvé la mort sous la pression physique des gendarmes obéissant à leur ministre. Ces gendarmes se trouvent bien seuls au moment de répondre de leurs actes. Quelle égalité devant la justice de notre pays ! Semira était venue en Belgique pour tenter de trouver refuge dans une démocratie pourtant au fait des droits des femmes. Ainsi le meurtre de Semira, bien que largement médiatisé, a été présenté à la population comme un drame individuel concernant une femme en particulier. Après ce meurtre et sa médiatisation, nous avons pris conscience qu’il fallait s’organiser en tant que femme pour faire entendre la voix des femmes et faire reconnaître la dimension collective de la violence faite aux femmes dans les pays qu’elles fuient et le caractère politique de cette violence. Nous avons constaté que la convention de Genève dans sa définition du “ réfugié ” ne prend pas en considération l’appartenance sexuelle comme pouvant être cause de persécution donnant droit à l’asile. Nous, Femmes en noir contre les expulsions et les centres fermés sommes solidaires des personnes migrantes et de leur juste aspiration à une vie meilleure. Si le degré de démocratie d’une société se mesure à la place qu’elle fait aux personnes étrangères, ce qui se passe en Belgique est édifiant : parquées dans des zones de non-droit, victimes de tracasseries administratives sans fin, expulsées avec une violence inouïe (liens de plastique compromettant la circulation sanguine, maintien entravée des heures durant, injections forcées de calmant, ...) La même logique sécuritaire (contre qui ?!) est à l’origine de la criminalisation des réactions justifiées de la société civile. Tous les collectifs, issus de cette société civile, s’organisent sur une base politique et c’est ce qu’on leur refuse. La criminalisation du mouvement social se fait sur des accusations grossies et grossières où, par exemple, une facture de pressing suffit à mettre un homme en prison pour fait de vandalisme ! Les Femmes en noir sont solidaires dans l’action et la répression ce qui signifie que nous étions présentes lors des manifestations qui font l’objet des inculpations. Nous réclamons la fermeture des centres fermés et l’arrêt des expulsions. Nous réclamons une réelle liberté de circulation des personnes et pas seulement des biens. Nous réclamons une réelle liberté d’expression et d’opinion.