Avant toute chose, je viens de voir qu'il y a encore un article censuré à tort, allez le lire dans "administration". C'est écrit par "Armand", un prof du secondaire qui se fait traiter de juif de la part des charmantes têtes brunes innocentes à qui on donnerait le bon Dieu sans confession. Son analyse n'a rien de fasciste, et de plus, elle part de son expérience personnelle. Je ne suis pas d'accord avec le motif de la censure. C'est choquant de ne pas le laisser s'exprimer. Heureusement, on a aussi pu voir passer beaucoup d'articles et d'infos qui convergent vers un point important: les victimes de la controverse, des actes de violence et du conflit, sont toujours les personnes qui ont des idées vraiment démocratiques, et qui pourraient apporter la paix. 1) Dans sa lettre (republiée dans « Eh qué ? »), Miriam, qui connaît manifestement mieux la situation sur place que pas mal de vociférateurs habitués d’Indy, révèle que les lieux visés par les kamikazes du Hamas sont des bastions de la gauche israélienne opposée à la politique conquérante du gouvernement, et des lieux où Palestiniens et Israéliens se rencontrent dans la laïcité et dans l’indistinction entre les ethnies et les religions. Ce sont ces lieux-là dans lesquels les extrémistes se font sauter, alors qu’une autre stratégie de la part des Palestiniens ferait lâcher à Israël les territoires occupés depuis 1967. Carole évoque les retombées au quotidien sur les civils qui vivent en Israël à l’intérieur des frontières de 1948. On voit que, dans les faits, le Hamas n’a pas pour ennemis les « sharognards » mais les colombes. 2) Dans le Knack du 21 août, Abou Jahjah lui aussi s’en prend à « l’intégration » : « En Belgique, intégration égale assimilation. Lisez les textes de Paula D’Hondt : les différences entre la communauté allochtone et autochtone auront presque disparu à la troisième ou quatrième génération. A l’écouter, on croirait que le plus haut niveau d’intégration qu’un allochtone puisse atteindre, est d’épouser un(e) Belge. Dans les administrations chargées de l’intégration, on répète que les allochtones peuvent garder leur identité, mais rien n’est plus faux. Cela signifie qu’on ne peut plus vivre sa culture ni sa religion que sur un mode minimal, à peu près réduit à du folklore. » Ensuite, il s’en prend aux « allochtones intégrés » : « Beaucoup d’allochtones ont adopté les points de vues de la majorité, surtout ceux de la première génération, ce que je leur reproche profondément. Ils estiment que « ce n’est pas notre pays, c’est le leur, aux Belges, donc c’est normal qu’on a plus de mal qu’eux. » Du coup, « L’identité de nombreux allochtones est en train de sombrer. Ils n’ont plus de cadre de références. La Belgique, qui est une société multiculturelle, ne peut pas se permettre d’ignorer la notion de « différences d’identité ». Ainsi, les Etats-Unis sont aussi une société multiculturelle. » Pardon ? Jahjah érige la gestion étatsunienne de la multiculturalité en exemple, en vertu de son respect des identités culturelles différentes ? Veut-il peut-être dire qu’à Guantanamo, les prisonniers d’Al Quaeda avaient les cinq prières par jour ? Des sorties pareilles, ça met l'intuition féminine en éveil, ça déclenche la fantaisie et on se dit que Jahjah est un type louche. Un mot comme ça dans la bouche d’un militant du 11 septembre, ça ne colle pas ; dans celle d’un ami de la CIA déguisé en militant, ça colle mieux! Bon, et que dit encore Jahjah sur les allochtones intégrés ? Il dit qu’aucun politicien ne défend les mêmes points de vue que lui, « pas même les politiciens allochtones, et eux encore moins que les autochtones. Alors qu’ils devraient transmettre l’agenda des allochtones au monde politique, ils font le contraire. Nahima Lanjri est une des moins graves, parce qu’elle a encore de la retenue ; mais Fatima Bali, qui se met à pleurer dans l’émission « Ter Zake », par exemple, ce n’est pas la politicienne allochtone forte que nous cherchons. » C’est bizare, il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes dans la politique, mais quand Jahjah cherche parmi ceux qui lui déplaisent, il trouve justement deux femmes. Enfin bon, voilà toujours ce que dit Jahjah des allochtones intégrés. En clair, il utilise le conflit des générations doublé d'un conflit social ("mes parents se sont trop écrasés..."), pour enfoncer son coin et récupérer les jeunes vers le fondamentalisme. 3) L’extrait d’article du Soir du 28 novembre qui a été retiré d’Indymedia pour cause de copyright (« Abou Jahjah n’est pas la star de tout le monde »), révèle que le jeune homme qui a été abattu, sa famille et son voisinage font précisément partie des allochtones « intégrés », qui ont fait des études, qui ont un bon boulot, des relations jugées harmonieuses avec les autochtones, et portent un regard sans complaisance sur les jeunes allochtones en décrochage social: « tenez-vous un peu convenablement et faites des efforts au lieu de vous croire victimes de racisme. Faites pour les autorités belges les mêmes efforts que vous feriez pour votre père ou pour les autorités de votre culture, et vous verrez ce que deviendra le prétendu racisme. » Qu’ils aient à moitié tort ou à moitié raison, ce sont en tout cas ces intégrés que le raciste a frappé. A moitié raison ? Anecdote. Sur mon passage, je suis interpellée par des jeunes, sur un ton mielleux : « - Tu êtes jolie, un petit sourire mademoiselle, on ne veut pas dire bonjour ? - Je ne vous ai rien demandé ! - Oh ça va, ça va, raciste ! » Oui, l’accusation de racisme est parfois un prétexte pour se permettre n’importe quoi. Oui, la discrimination vient d'eux. Ils n'oseraient pas adresser la parole comme ça à un mec, de peur de recevoir un poing dans la gueule. Si on peut croire Le Soir, si Le Soir n’a pas commis de faux intervieuw, la famille de la victime a refusé énergiquement que Jahjah et la LAE s’associent à son deuil, estimant que c’était une tentative de récupération politique d’un fait divers qui les laisse perplexes. Un voisin ajoute : « Jahjah ne comprend rien à la mentalité des Marocains. Ses clients ne sont pas les jeunes de la rue, ce sont des Libanais qui sont de passage dans les hôtels d’Anvers pour des affaires de diamants. » Ben ça alors! Ses gardes du corps seraient-ils financés par les affaires du "lobby sioniste" ? Voilà qui fait méchamment gondoler les perspectives et déjanter les poncifs militants qui se vocifèrent à longueur d’Indy ! C’est comme quand Jahjah dit que la Belgique doit prendre exemple sur les Etats-Unis pour gérer la multiculturalité : ça dénote. Alors que sur Indy tout le monde s'indigne, le sentiment qui anime les plus proches du crime est lutôt la perplexité : pourquoi l’avoir tué, lui ? On n’y pige rien. Ce n’est pas la répétition forcenée du label « crime raciste » qui peut servir d’explication, ni le fourre-tout du « dérangement mental », parce que Pinochet est aussi un dérangé mental, tant qu’à faire. Ce qu’on comprend, en attendant, c’est que les victimes désignées par un camp ne sont jamais les extrémistes de l’autre camp, mais les modérés, y compris les modérés de leur propre camp. Les fouteurs de merde s'entendent pour bousiller la paix. Quand on a compris ça, on cesse de hurler avec les loups.