Cette opération s\'inscrivait dans le cadre d\'une stratégie délibérée de la part des autorités belges visant à rendre aussi visible que possible ce type d\'éloignements, afin de dissuader à l\'avenir d\'autres candidats à l\'émigration vers la Belgique. Cette stratégie conduit parfois à des dérapages: ainsi Katarina Smit, officier à l\'immigration, a-t-elle déclaré à un journal kazakh, afin qu\'il répercute ses propos, que les demandeurs d\'asile qui arrivent en Belgique, sous la nouvelle procédure, \"seront juste hébergés et recevront à manger. Ca va ressembler plus ou moins à un hébergement pour chiens abandonnés comme il y en a beaucoup en Belgique\" (Karavan, 24 novembre 2000). Plus préoccupant encore est le peu d\'attention qui a été portée, par les autorités belges qui ont décidé de l\'expulsion collective des demandeurs d\'asile d\'origine kazakhe, à la situation spécifique des membres de la minorité Ouïghoure. Ceux-ci, parmi lesquels figurent des réfugiés de Chine (voy. document d\'Amnesty International d\'avril 1999: \"République populaire de Chine. Graves violations des droits humains dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang\"), sont persécutés au Kazakhstan, aux yeux du pouvoir duquel ils sont perçus comme une menace. A notre demande, le Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies le confirme dans la lettre annexée du 31 janvier 2001. Après avoir détaillé les persécutions dont les ouïghoures sont victimes, le HCR \"souhaite insister sur le fait que, en tout état de cause, compte tenu de la situation actuelle au Kazakhstan, toute demande de reconnaissance du statut de réfugié émanant d\'une personne appartenant à la minorité ouïghoure, qu\'elle ait la nationalité chinoise ou la nationalité kazakh, devrait être déclarée recevable car elle nécessite un examen détaillé, au fond\". Nous croyons devoir diffuser cette lettre, afin que l\'opinion publique sache exactement quels risques l\'expulsion collective du début janvier a fait courir aux personnes qui en ont fait l\'objet, et, faut-il ajouter, la légèreté avec laquelle la Belgique a agi en cette circonstance. A cet égard, certaines déclarations de représentants de l’ Organisation Internationale des Migrations brossent de la situation un tableau différent. Il faut savoir que l’OIM (voir ci-dessous son statut) a conclu un accord avec le gouvernement belge pour mener au Kazakhstan une campagne de dissuasion à l’émigration vers la Belgique, campagne financée par les autorités belges. Il faut enfin souligner que, dans une affaire similaire à celle-ci, concernant l\'éloignement en octobre 1999 de demandeurs d\'asile Tsiganes de Slovaquie, la Ligue des droits de l’Homme a introduit une requête devant la Cour européenne des droits de l’Homme. Cette requête est toujours pendante. Elle allègue notamment que la Belgique a procédé, en l\'espèce, à une expulsion collective d\'étrangers, ce qu\'interdit l\'article 4 du Protocole n°4 additionnel à la Convention. En persévérant dans ces pratiques sans attendre que la Cour ne prenne position sur les exigences de la Convention dans ce type de situations, les autorités de l\'Etat belge témoignent de ce qu\'à leurs yeux, le fait accompli constitue une politique digne d\'être suivie. Contact : Olivier De Schutter, secrétaire général. 010/47.46.42. pour obtenir copie par fax de la lettre du HCR 02/2096280 Sur l\'Organisation Internationale des Migrations ------------------------------------------------- L\'O.I.M. (Organisation internationale des migrations) est une organisation intergouvernementale, créée en 1951 à Bruxelles, à l\'initiative de la Belgique et des Etats-Unis. L\'O.I.M. et la Belgique entretiennent des relations étroites et privilégiées en matière de gestion des flux migratoires. C\'est à Bruxelles que l\'O.I.M. a choisi d\'établir le bureau régional qui supervise ses activités dans le domaine des migrations en Europe de l\'Ouest et en Europe du Nord. L\'O.I.M. offre aux autorités belges son expérience, notamment pour l\'aide au retour, qui est non seulement devenue une de ses activités traditionnelles, mais aussi un domaine qu\'elle ne cesse d\'explorer et d\'approfondir avec l\'aide de ses Etats membres. Il s\'agit d\'une organisation prestataire de services, au service de ses Etats membres.