L’Union européenne cédera-t-elle aux pressions des Etats-Unis et de l’industrie du génie génétique?
En Amérique du Nord, les cultures transgéniques sont un cauchemar économique et agricole, comme le démontre un rapport de la Soil Association
Octobre 2002 sera décisif pour l’avenir de l’agriculture européenne
Bruxelles, le 17 septembre 2002 : dans les prochaines semaines, l’Union européenne (UE) doit prendre deux décisions cruciales en matière d’organismes génétiquement modifiés (OGM) : l’une concernant la présence d’OGM dans les semences conventionnelles et l’autre concernant le maintien du moratoire sur les OGM actuellement en vigueur dans l’UE. Quel sera le choix européen, alors qu’un rapport publié ce jour par la principale association pour l’agriculture biologique du Royaume-Uni démontre que la culture de plantes transgéniques aux Etats-Unis et au Canada se solde par un désastre économique et agricolei ? Ce rapport est la première étude complète de la situation en Amérique du Nord, où sont cultivés les trois-quarts de la surface mondiale en OGM. De nombreux agriculteurs américains sont prêts à témoigner de leurs déboires en matière de cultures transgéniques.
Quels sont les enseignements de ce rapport ? Co-financé par le Greenpeace Environmental Trust, le rapport de la Soil Association, intitulé Seeds of doubt, est basé sur des entrevues menées en janvier et février 2002 avec des agriculteurs conventionnels et bio des Etats du Midwest américain, ainsi que sur des données récoltées auprès de scientifiques indépendants, de spécialistes et d’analystes financiers aux Etats-Unis et au Canada. Il révèle les éléments suivants :
le soja, le maïs et le colza transgéniques ont coûté au moins douze milliards de dollars à l’économie des Etats-Unis depuis 1999i. Les cultures transgéniques ont également renforcé la dépendance des agriculteurs par rapport aux herbicides et provoqué l’apparition de problèmes agronomiques liés aux mauvaises herbes. Les rendements supérieurs promis par l’industrie du génie génétique ne se sont - dans la plupart des cas - pas matérialisés et des réductions de rendements sont au contraire constatées. Les OGM ont également mené à une prolifération de procès portant sur les brevets et la perte de marchés. Dans certains secteurs agricoles, les plantes transgéniques ont tout simplement provoqué la disparition de l’agriculture biologique. La gravité des problèmes liés aux OGM a mené plus de 200 groupes d’agriculteurs conventionnels et bio aux Etats-Unis et au Canada à s’opposer à la commercialisation du blé transgénique, la prochaine culture transgénique en projet.
Au niveau européen, deux décisions cruciales doivent être prises prochainement en matière d’OGM. Lors d’un vote prévu pour les prochaines semaines, le Comité Permanent sur les Semences de l'UE doit se prononcer sur un projet de directive de la Commission concernant la présence de matériel génétiquement modifié dans les variétés de semences conventionnelles. Actuellement, le projet de directive de la Commission inclut des seuils qui légaliseraient la contamination des semences conventionnelles par des OGM (0,3% pour le colza, 0,5% pour le maïs, la betterave, la tomate et la pomme de terre et 0,7% pour le soja)i.
Une norme unique de pureté des semences Pour Marc Fichers, agronome chez Nature & Progrès, " il est indispensable que ces seuils, ouvrant la porte à une contamination à grande échelle de l’agriculture européenne, soient remplacés par une norme unique de pureté des semences. Seule cette tolérance ‘zéro’, correspondant au seuil de détection actuel des OGM, permettra de garantir la liberté de choix des agriculteurs, des producteurs alimentaires et des consommateurs, et de préserver la faisabilité des filières non- OGM dans l’agriculture et la chaîne alimentaire ". Pour Nature & Progrès, autoriser le présence d’OGM dans les semences conventionnelles menacerait les agricultures conventionnelle et bio dans leur existence mêmei.
Une nouvelle directive européenne sur la dissémination volontaire des OGM dans l'environnement entrera en vigueur d'ici au 17 octobre 2002. Soumise à une intense pression des Etats-Unis et de l'industrie du génie génétique, la Commission européenne pourrait alors tenter de forcer la levée du moratoire sur l’approbation de nouveaux OGM, en vigueur dans l’UE depuis 1999, et l'offrir comme une sorte de 'compensation' aux Etats-Unis et à l'industrie du génie génétiquev.
Ne pas répéter l’erreur américaine " Au vu de l’expérience nord-américaine et des impacts économiques potentiellement désastreux pour les acteurs concernés, il serait incompréhensible que la Commission européenne et les Etats-membres fassent passer les intérêts commerciaux de l'industrie du génie génétique avant ceux des agriculteurs, des consommateurs et de la protection de l'environnement ", s’inquiète Jean-François Fauconnier, chargé de mission chez Greenpeace.
Les OGM ont été introduits aux Etats-Unis alors que les agriculteurs se trouvaient dans une position financière difficile. Les OGM se sont depuis lors révélés être un cauchemar agronomique, environnemental et économique. Pour Greenpeace et les associations Nature et Progrès et Velt, qui défendent les intérêts de l’agriculture biologique en Belgique, l’Europe ne peut se permettre de commettre les mêmes erreurs que l’Amérique du Nord.
Rapport " Seeds of doubts " disponible sur www.greenpeace.be (résumé disponible en français sur demande au 0496/161.589) Possibilité d’interviewer des agriculteurs nord-américains via le service de presse de Greenpeace – Elysabeth Loos 0496/161.589
Pour plus d’informations :
Jean-François Fauconnier - Greenpeace 0496/161.587 Marc Fichers - Nature & Progrès 081/30.36.90 Nadia Tahon - Velt 03/281.80.62.