Lydie Neufcourt a dirigé la campagne de mobilisation pour O19 pour le Parti du Travail de Belgique. Elle nous a livré ce vendredi à 23h un premier bilan de cette journée d’action mémorable. Vous parlez que la psychose n’a pas eu raison de la mobilisation. Que veux-tu dire ? Lydie Neufcourt : « Le premier point à souligner est que la psychose installée par la ville de Gand n’a pas eu raison de la mobilisation populaire qui s’est particulièrement montré dans la manifête de ce soir qui a rassemblé plus de 10.000 personnes, mais aussi dans la manifestation des lycéens (2000 personnes) et aussi dans une certaine mesure dans la manifestation syndicale (7000 personnes). Depuis des semaines, le bourgmestre « socialiste » Beke avec l’accord de Verhofstadt avait créé une véritable psychose dans la ville contre les « antimondialistes ». Toutes les universités et les écoles étaient fermées, mais aussi les magazins, les cinémas et les écoles ce qui ne s’est jamais vu. Les manifestants n’ont pu trouver qu’un ou deux snacks ouverts. Une lettre avait été envoyé aux commerçants pour leur demander de fermer leurs magazins, de vider leurs caisses. Des agents de la ville disaient même aux personnes âgées de ne pas regarder par les fenêtres. Beke et Verhofstadt parlaient de dialogue mais ils faisaient passer les manifestants pour des casseurs et des voleurs auprès de la population. 1000 policiers ont été déployés pour boucler une grande partie du centre. Résultat : Gand était pratiquement désert vendredi matin. Certaines personnes avaient peur de se rendre à la manifestation par crainte d’incidents. Malgré tout ce climat répressif, plus de 20.000 personnes ont manifesté aujourd’hui avec une forte présence de la jeunesse. » Les voix qui contestent la construction européenne se sont exprimés avec beaucoup de force ? Comment expliques-tu le succès du front O19 qui a rassemblé autant de monde? Lydie Neufcourt : « Tout d’abord, les événements des dernières semaines font progresser énormément la conscience des gens, les radicalisent. Les attentats du 11 septembre, la réaction des Etats-Unis et de l’Europe, la guerre qui a été déclenché contre tout un pays l’Afghanistan ont révélé davantage les vrais visages de nos gouvernants et susciter encore plus la révolte de la jeunesse contre le système actuel. Le mouvement actuel conteste la globalisation actuelle mais aussi sa conséquence inévitable, la guerre. Ensuite, je pense qu’O19 est un front qui a appliqué à notre petite échelle les leçons des manifestations de Gênes. La plateforme était large et contestait clairement sur plusieurs points la construction de l’Etat européen, ce qui est en opposition claire avec les revendications portées par les directions syndicales nationales qui, elles, défendent plus d’Europe, au nom de la paix. Or, justement, 019 s’est opposé résolument contre la guerre et contre la construction d’une armée européenne. L’action « Un mur pour la paix » comme les nombreux calicots et slogans à ce sujet dans la manifestation étaient des signaux très clairs contre le sommet qui se déroulait quelques centaines de mettre plus loin où l’Union européenne a décidé de continuer à soutenir la guerre. » 019 a aussi développé l’esprit de Gênes : l’unité dans la diversité Lydie Neufcourt : « 019 a aussi développé l’esprit de Gênes : l’unité dans la diversité. Les dix jours avant la manifestation, il y a eu 25 débats politiques très riches avec des centaines de personnes. Au dizaine de débats initialement prévus par les différentes organisations, une quinzaine d ‘autres s’est rajouté vu la dynamique. Avec le PTB, nous avons apporté aussi une contribution importante à ce front. Nous avons vendu plus de 500 journaux lors de ces débats et nous sommes à chaque fois intervenus. Je félicite particulièrement les jeunes qui ont fait preuve de persévérance, de détermination et de créativité depuis des jours. Le dragon rouge qui a étonné tous les manifestants a attiré derrière lui plus de 500 personnes, sans compter les centaines de chasubles du Ché vendus dans la manifestation et portés par des syndicalistes, des tiers-mondistes et autres jeunes activistes. » Quelle réflexion as-tu sur tout le bourrage de crâne sur les « violences » annoncées par la police ? Lydie Neufcourt : « Je constate que le gouvernement et la ville de Gand ont surtout voulu utiliser le thème de la « violence » (violence qu’ils pratiquent d’ailleurs eux tous les jours à travers les licenciements, les privatisations et la guerre) pour attaquer les droits démocratiques. Ils ont voulu réduire le droit de manifester et imposer un mauvais parcours à la Manifête. Là, il faut souligner le travail des juristes du Legal Team qui ont construit une défense juridique pour réfuter les arguments de la ville et qui ont convoqué plusieurs conférences de presse pour répondre aux restrictions de la ville. Ainsi, la ville a voulu faire signer un contrat aux organisateurs engageant chacun d’entre eux en cas de dommages matériels. Finalement, personne des organisateurs n’a signé ce document qui était une entrave claire à la liberté de manifester. Le débat a été ainsi public constamment ce qui a mobilisé et aussi rassuré les hésitants. Les manifestants se sont sentis protégés par la présence des Legal Teams, des Medical teams (qui ont travaillé main dans la main avec la Croix Rouge) et par le service d’ordre. » Comment vois-tu maintenant la suite ? Lydie Neufcourt : « Il me semble qu’il nous reste un peu moins de deux mois pour, sur la lancée de Gand, réussir le grande rendez-vous de Bruxelles. Après le succès de la manifête Gand, un grand débat sur le mouvement pour une autre mondialisation s’impose au niveau syndical. Il faut en terminer avec l’attitude d’une Mia De Vits (FGTB) ou d’un Luc Cortebeek (CSC) qui ont exigé un autre parcours pour ne pas être mêlé avec les « antiglobalistes » et qui ont volontairement limité l’ampleur de la manifestation syndicale à la demande des autorités de la ville ! Les dirigeants syndicaux répètent qu’ils veulent plus d’Europe et une Europe plus sociale. Or, les syndicalistes à la base vivent souvent dans le concret comment l’Europe est antisociale. Regardes à la Sabena ou au port d’Anvers. 600 dockers étaient présents aujourd’hui car leur statut est gravement menacé suite à une directive de la commissaire européenne Loyala di Palacio, la même qui refuse tout soutien public à la Sabena. Ca c’est l’Europe qui déclare la guerre aux travailleurs. Et c’est contre cette Europe que les vrais syndicalistes se mobilisent. Avec ce qui se passe dans le monde et ici, les semaines à venir doivent servir à informer, convaincre le maximum de groupes syndicaux, d’associations, de mouvements de jeunesse à manifester pour les manifestations le 13 et surtout le 14 décembre avec D14 du Petit Château au Grand Château. Je suis sûr que ce mouvement va grandir énormément. Gand nous a montré que nous étions sur la bonne voie : au travail pour Bruxelles maintenant.»