"Avec l'aide d'Allah, nous transformerons l'Occident en Dar Al-Islam (c'est-à-dire en terre soumise à la loi islamique)... Si un État islamique se lève et envahit l'Occident, nous serons ses soldats et son armée de l'intérieur. Sinon, nous changerons l'Occident par une invasion idéologique à partir d'ici, sans guerres ni meurtres.» (Sheik Bakri, président du Tribunal islamique de Londres, interviewé par Al-Hayat, le quotidien arabe publié dans la capitale britannique, le 31 juillet 2002). Nos démocraties ont dû âprement lutter contre le nazisme et le communisme pour survivre. Un nouveau danger, tout aussi mortel pour notre espace de liberté, menace aujourd'hui: l'islamisme. Il a déjà frappé les populations, toujours civiles, à New York, Bali, Moscou, Djerba, Jérusalem,... Selon tous les experts, l'usage d'armes de destruction massive au coeur de nos capitales n'est qu'une question de temps. Un observateur attentif ne peut qu'être inquiet de découvrir des similitudes entre la situation de 1938 et celle de cette fin de 2002, comme si un miroir, certes inversé, reflétait aujourd'hui les sinistres événements de cette période. Complaisance et naïveté Les années 30 virent la montée en puissance des mouvements nazis et fascistes en Allemagne et en Italie. De nombreux mouvements d'extrême droite, mais aussi de droite, des intellectuels, étaient séduits par l'expérience autoritaire allemande et italienne. De nos jours, l'islamisme mortifère, qui a déclaré le djihad à nos sociétés occidentales, fascine l'extrême gauche en raison de son anti-américanisme virulent. N'a-t-on pas vu, dans les rues de Paris, Noël Mamère, leader des Verts et Arlette Laguillier, leader trotskiste, manifester aux côtés de militants du Hezbollah et du parti islamiste de France qui vociféraient «Mort aux Américains». Une certaine gauche modérée et humaniste fait également preuve de naïveté sur les motivations réelles de l'islamisme djihadiste. Il n'est pas le fruit du désespoir mais au contraire d'une idéologie de conquête et d'intolérance, d'ailleurs largement financée par un des pays les plus riches au monde, l'Arabie saoudite. L'esprit de Munich En 1938, les Premiers ministres britannique et français Chamberlain et Daladier se sont à jamais déconsidérés en se rendant à Munich auprès d'Hitler, avalisant le dépeçage de la Tchécoslovaquie, et ce au nom de la préservation de la paix. Une intervention militaire décidée de l'Angleterre et de la France contre Hitler aurait peut-être pu, à ce moment, épargner cinquante millions de vies humaines. A son retour et voyant la foule qui l'acclamait sur le terrain du Bourget, Daladier aurait laissé échapper: «Les cons, s'ils savaient!» Les mêmes arguments pacifistes sont repris aujourd'hui contre la guerre en Afghanistan, sanctuaire d'al Quaeda, ou encore contre une intervention anglo-américaine en Irak, si Saddam, à nouveau, se jouait des inspecteurs de l'ONU. Certains s'opposent à toute action préventive, même si d'anciens experts du dictateur confirment les efforts à nouveau entrepris par ce dernier pour produire des armes de destruction massive. Le chef des meurtriers du 11 septembre, Mohammed Atta, n'a-t-il pas rencontré le responsable des services secrets irakiens, trois semaines avant l'attaque des tours jumelles? Curieuse coïncidence. On nous dira que Saddam n'est pas un islamiste, mais il est, en tout cas, l'allié de ces forces malfaisantes, comme le Japon ou encore le grand Mufti de Jérusalem étaient les alliés d'Hitler et les ennemis de nos démocraties, sans être à proprement parler des nazis. Et même si un des objectifs d'une intervention militaire [est], dans un second temps, d'ouvrir les vannes du pétrole irakien, toute initiative visant à nous rendre moins dépendant de l'Arabie saoudite, principal financier de l'islamisme dans le monde, ne peut être que bénéfique dans la lutte qui s'engage. «Une politique d'apaisement face à la menace, c'est nourrir le crocodile en espérant être dévoré le dernier» (Churchill). L'illusion de la neutralité Dès 1938, la Belgique s'était réfugiée dans une politique de ‘neutralité’, se distançant de ses alliés - qu'étaient l'Angleterre et la France - et espérant ainsi échapper à la guerre. L'histoire nous enseigne que la Belgique, pour des raisons stratégiques, fut la première à être attaquée par l'armée allemande. Aujourd'hui, notre pays, mais également une bonne partie de l'Europe, commet[tent] les mêmes erreurs: prise de distance envers les Etats-Unis, leader et garant du monde libre, qui nous ont accordé leur protection pendant 50 ans, fréquentations douteuses dans le monde arabo-islamique, refus de tenir, à Bruxelles, une réunion des forces d'opposition à la dictature de Saddam Hussein. C'est oublier que la Belgique est une cible plus que symbolique, avec le siège de la Commission européenne ou encore de l'Otan et du Shape, quelles que soient nos compromissions. L'antisémitisme Les années 30 furent marquées par des campagnes antisémites virulentes. Lorsque le totalitarisme pointe le nez, ce vieux peuple inclassable est la première victime. Les juifs étaient agressés en rue, leurs commerces incendiés et des mesures de boycott mises en place par l'extrême droite. A cette époque de nationalismes, il était reproché aux juifs d'être un peuple sans terre, `cosmopolite´. Aujourd'hui, il leur est au contraire reproché rigoureusement l'inverse, à savoir défendre une patrie retrouvée après 2.000 ans d'exil. Les Arabes, qui ont déjà tenté à trois reprises de détruire Israël par la guerre en 50 ans, ont beau commettre sous nos yeux des attentats contre des civils - nouvelle tactique juridiquement qualifiée par Amnesty International et Human Rights Watch de `crimes contre l'humanité´ -, c'est au nom du progressisme et des droits de l'homme qu'Oxfam se déconsidère en appelant au boycott des produits israéliens, c'est-à-dire, il ne faut pas s'y tromper, juifs. En France, le pas a d'ailleurs été franchi allègrement puisque certaines campagnes à l'initiative d'organisations d'extrême gauche ou arabes appellent déjà au boycott de tout produit à consonance juive tels que les jeans Levy-strauss. La faiblesse de l'Etat Le fascisme des années 30 s'est développé dans un contexte de naufrage de l'Etat, miné par les scandales politico-financiers de l'époque et la crise économique qui régnait. L'Etat belge moderne est également dangereusement affaibli: une police sous-équipée en hommes et matériels, une justice toujours organisée comme au XIXe siècle, la sûreté de l'Etat négligée et une armée disposant de budgets et de missions anachroniques face aux nouvelles menaces. L'Etat est d'autant plus faible que le pouvoir politique est parcellisé entre l'échelon fédéral, communautaire, régional, provincial ou communal. Dans de telles circonstances, il n'est pas surprenant que l'Arab European League annonce qu'elle a créé un service de surveillance de... notre police à Anvers et bientôt à Bruxelles, Malines, Charleroi. Dans les années 30, le mouvement rexiste et d'autres mouvements fascistes ne disposaient-ils pas également de leur propre milice pour faire le coup de force contre les institutions démocratiques? Toute faiblesse à leur encontre sera considérée comme un encouragement à aller plus loin. L'heure est donc à la mobilisation des énergies et des volontés, et à la fermeté. Saurons-nous trouver la force de vaincre ces nouveaux périls, et verrons-nous des Churchill, des de Gaulle, des Gutt se lever et agir pour la défense de nos valeurs et de nos libertés?