Merci, Mr De Croo, pour avoir ainsi soulevé le masque de la démocratie et permis à l'opinion publique de découvrir sous celui-ci le visage hideux d'une peste brune qui prend de moins en moins la peine de se dissimuler dans le monde occidental. Ainsi, donc, le port d'une casquette ou d'un T-shirt engagé serait un moyen d'expression non couvert par la liberté d'expression garantie par la Constitution? Sur base d'une analyse similaire, je vous suggère vivement, si vous deviez vous adresser à un auditoire américain, de vous faire raser la barbe qui est, comme chacun sait, le symbole des Talibans. Merci surtout, Mr De Croo, d'avoir ainsi attiré notre attention sur le propos de Mr Decroly qui, sans vous, aurait pu passer inaperçu. Lorsque l'AMI avait pointé le bout du nez en 98, nous étions des dizaines de milliers de Belges à nous dire que si ce projet passait, l'heure de prendre le maquis serait venue, entendez par là l'heure de la désobéissance civique érigée en vertu face à la dictature financière. Aujourd'hui, nous voici en alerte contre les Bush et Sharon qui rêvent de mettre le monde à feu et à sang pour de sordides intérêts économiques et ethniques et contre tous ceux qui les soutiennent, fût-ce discrètement. Nous voici en alerte contre le FMI, une institution en réalité à la solde des entreprises américaines et à l'origine de la corruption dans les pays en voie de développement. En alerte aussi et surtout, parce que cela nous concerne plus directement, contre les hommes et partis politiques qui ont vidé et vident encore la démocratie de son contenu. Je m'explique. Du temps de ma jeunesse, c'était encore l'Etat qui battait monnaie et nous pouvions encore, par nos votes, influer sur la politique de notre pays. Mais vous avez abandonné ce droit aux banques privées avec la conséquence que vous n'avez plus désormais en mains les leviers économiques, ce qui a créé le chômage et alourdi la dette publique car, désormais, quand l'Etat a besoin d'argent pour entreprendre des travaux utiles ou assurer des services à la population, il doit l'emprunter et payer de lourds intérêts alors que la création monétaire est un jeu d'écriture. Aujourd'hui, vous vous préparez à signer des accords bilatéraux donnant aux entreprises transnationales plus de droits qu'à vos propres concitoyens et électeurs. Comment pourriez-vous démontrer plus clairement que les élections ne sont qu'une mascarade, que nous ne vivons plus dans un Etat de droit et que dès lors vos lois sont illégitimes? Désormais, le citoyen a le devoir moral de juger en sa propre conscience de l'opportunité d'obéir ou de désobéir à la loi selon qu'il l'estime juste ou injuste puisqu'à l'évidence elle n'est plus le reflet de la volonté ni de l'intérêt de l'opinion publique que vous êtes sensés représenter. S'il fallait une preuve que la particratie ne ressemble en rien à la démocratie, vous venez de nous la donner. Si ces accords bilatéraux passent, il est clair que je n'irai jamais plus voter et que j'enverrai mes convocation électorales à la Maison blanche ou aux transnationales puisque ce sont leurs intérêts, leur vision du monde que vous défendez. Les multinationales, Mr le Président de la Chambre, ne sont pas les pourvoyeuses d'emploi du Royaume. Ce sont surtout les PME qui embauchent. Les multinationales, elles visent notre marché mais délocalisent leurs unités de production là où la main d'oeuvre est sans droits et minimisent leur imposition fiscale. Et chaque fois qu'une multinationale agit de la sorte, elle envoie nos travailleurs aux chômages, alourdit l'ardoise sociale que vous faites supporter aux entrepreneurs qui embauchent encore et aux travailleurs encore en poste jusqu'à les écoeurer et les démotiver. Car si les coûts sociaux engendrés par les transnationales sont pour vos concitoyens entrepreneurs et travailleurs, les profits, eux vont aux actionnaires par définition le plus souvent étrangers. Et vous voudriez que nous soyons encore collectivement responsables des pertes que subiraient ces multinationales suite à l'un ou l'autre mouvement social qu'elles auraient provoqué? Vous avez sans doute raison de nous prendre pour des cons car nous le sommmes pour vous avoir laissé faire jusqu'ici. Mais, comme ces 400 réservistes Israéliens qui refusent de porter les armes en terre Palestinienne, ces 400 êtres humains parmi des centaines de milliers de robots sans cervelle ni conscience, nous serons de plus en plus nombreux, ici aussi, à transgresser toutes les lois que nous estimerons injustes. Votre mépris excessif de la démocratie manifesté par des décisions objectivement contraires aux intérêts et à la volonté de vos électeurs, appelle l'émergence d'un nouveau type de citoyens dont Mr Decroly mérite d'être le porte-drapeau : l'homme conscient et responsable, celui qui aurait refusé de collaborer à l'holocauste ou de jouer les bourreaux dans les expériences de Milgram. Les autres parlementaires, ceux qui ne sont pas sortis de l'hémicycle dans la minute qui a suivi l'expulsion de Mr Decroly, sont des gens dont jadis Hitler, aujourd'hui Bush, feraient facilement leurs domestiques serviles. Merci, Monsieur De Croo, de nous avoir montré qu'il n'y avait qu'un seul Homme dans votre chambre de clones. J-M Flament