Nouveaux progrès de la résistance armée à l'Est du Congo-Kinshasa
par Raf Custers
La résistance armée dans la province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo
vient de remporter une nouvelle victoire. Après la reconquête de la ville stratégique
de Fizi le 7 septembre dernier, le mouvement a maintenant repris la ville aussi stratégique de Baraka sur les bords du lac Tanganyika. De source locale fiable, nous apprenons
que les troupes d'occupations rwandaises et burundaises ont été chassées de Baraka
ce dimanche le 30 septembre, mais que des affrontements très sévères seraient toujours en cours.
Ces combats viennent à peine deux semaines avant que - comme si la moitié du Congo
ne soit pas occupée - le fameux Dialogue Inter-Congolais devrait commencer à Addis-Abeba
en Ethiopie, où le gouvernement de Kinshasa et les "rebelles" congolais (en réalité
des marionettes des pays agresseurs le Rwanda, le Burundi et l'Uganda) doivent mettre
au point un "processus de paix et de réforme politique".
La résistance armée est surtout connu sous le nom de Forces d'Autodéfense Populaire/Mayi-Mayi
(FAP-Mayi Mayi). Dans le territoire de Fizi, elle est liée aux Forces Armées Congolaises
(FAC) et depuis quelques mois elle est conduite par le général Lokolé Madowa Dowa qui en novembre-decembre de l'année 2000 était commandant des FAC lors des
lourds combats à Pweto et Moba dans le Nord du Katanga. Les Mayi-Mayi de Fizi sont
depuis longtemps sous le commandement du colonel Dunia Lwendama, un ancien maquisard
anti-mobutiste de la région.
Le mouvement Mayi-Mayi - qui dans la propagande de l'ennemi est systématiquement présenté
comme un allié étroit des génocidaires Rwandais des Interahamwe - se bat essentiellement
pour la libération du territoire congolais de tout agresseur étranger, qu'il soit ougandais, rwandais ou burundais. Dans le territoire de Shabunda, plus au nord
dans la province du Sud-Kivu, les Mayi-Mayi sont dirigé par le général David Padiri.
Cette branche se positionne plus autonomement vis-à-vis du gouvernement de Kinshasa
et des FAC. Les Mayi-Mayi du Nord-Kivu - dans la région de Butembo - sont paradoxalement
le cible d'une offensive de charme de la part de l'Uganda et de ces marionettes locaux.
Reste à noter que la libération progressive du Sud-Kivu risque de dévoiler un drama
humanitaire inconnu. On sait que la guerre d'agression contre le Congo, qui a commencé
en aôut 1998, a depuis lors fait au moins 3 million de morts. Le Sud-Kivu est une
des régions les plus traumatisées. Elle a en effet été enclavée par les troupes d'occupations
rwandaises et burundaises et leurs marionettes congolais depuis le début de la guerre,
et la situation nutritionelle et médicale y est catastrophique, avec des épidémies de choléra, TBC et kwasiorchor. En même temps, les organisations humanitaires
ont totalement déserté cette zone et des dixaines de milliers de réfugiés sont rentrés
dans cette région - en provenance par exemple des camps de réfugiés en Tanzanie -
où ils sont protégés par les FAP-Mayi-Mayi.
(l'auteur a fait un reportage-vidéo sur les FAP-Mayi-Mayi de Fizi et prépare actuellement
un livre sur la résistance armée des Mayi-Mayi au Kivu).