L'oeuvre de MARX et d'ENGELS
Marxisme pour les nuls

Mon but n'est pas ici de présenter l'ensemble des oeuvres de ces deux personnes. D'autre l'ont déjà fait. Je ne prétend pas non plus être exhaustif et nombreux sont ceux qui trouveront à redire ou à rajouter à ce texte que j'ai essayé de garder le plus court possible.

La pensée de KARL MARX et FRIEDRICH ENGELS a profondément influencé la société de la fin du XIXème siècle et de la première moitié du vingtième. Même aujourd'hui, cette pensée est fortement présente dans toute réflexion sur notre société ou sur son économie, bien que les partisans de la globalisation actuelle professent volontiers que le communisme est mort et enterré; cette pensée persiste parce qu'elle dépasse de loin la seule dimension communiste de cette pensée et correspond à la manière de vivre qui fit le succès de l'humanité aux temps préhistoriques, et qu'aujourd'hui plus que jamais elle peut toujours contribuer à ce succès.

Je ne veux pas non plus ouvrir un débat sur le marxisme. Il y a en effet autant de marxismes qu'il y a de marxistes, de ceux qui réduisent la pensée de MARX à «Plus tu travailles, plus tu t'enrichis.» aux léninistes prêchant la révolution armée pour soit disant précipiter la fin du capitalisme, alors que cela n'aurait comme effet que de renforcer les mesures répressives et sécuritaires, ne faisant ainsi que les affaires de ceux qui les manipulent et des marchands d'armes.

Il y a tellement d'éléments différents dans la pensée de MARX et d'ENGELS qu'il peut être difficile de s'y retrouver. Mon but ici sera donc de présenter les grandes lignes de cette pensée le plus simplement possible ainsi que de présenter ce que leurs thèses, appliquées à la société d'aujourd'hui donnent.

Je commence par un livre d'ENGELS, Les origines de la famille, de la propriété privée et de l'état. Dans ce livre, l'auteur présente le fruit d'un prodigieux travail de consultation des sources. Ce livre fut considéré comme la somme des connaissances scientifiques de l'époque par les spécialistes du sujet et il est toujours considéré comme actuel. ENGELS nous emmène à travers un voyage à travers le temps et les civilisations, de l'homme préhistorique à l'homme contemporain. Il montre, et prouve par des références nombreuses, que l'évolution de l'homme partout sur la planète s'est effectuée de manière similaire à partir de croyances et de pratiques communes à l'origine. Ces pratiques se sont mises à diverger en raison, d'une part de la vitesse d'évolution différente de la société suivant l'endroit, et d'autres part des particularités environnementales locales pour des sociétés ayant le même stade d'évolution générale.

Le résultat fut pourtant partout le même. La société originelle avait une économie domestique de type communiste, c'est à dire où tous les biens étaient communs et où il n'y avait pas de privilèges de rang ou de pouvoir. La structure était le groupe, famille ou tribu. Cette société évoluât vers une certaine structure de pouvoir avec l'invention de l'agriculture. Les richesses étant inexistantes, l'économie en resta à ce stade communiste originel. La structure s'orienta vers un matriarcat de plus en plus marqué où ne disparurent cependant ni la polygamie des hommes ni la polyandrie des femmes. L'évolution suivante fut la prise de pouvoir par les hommes, suite au développement des moyens de production qui permirent de produire des richesses. Les hommes, où plutôt certains d'entre eux, prirent le pouvoir pour contrôler ces richesses. Le patriarcat remplaçant le matriarcat, et la guerre ainsi que l'esclavage, l'abaissement des femmes et les violences conjugales apparurent.

Tout cela est scrupuleusement confirmé dans des études ultérieures qui ne font qu'apporter du crédit aux propos d'ENGELS. Par exemple, le livre Svenskarnas religion de ÅKE OHLMARKS et BERNDT GUSTAFSSON, Tryckmans, Stokholm, 1978, apporte des précisions nombreuses qui ne font que confirmer tout ceci et montrent également que l'évolution des hiérarchies des religions et de la société n'est qu'une seule et même histoire, parfaitement parallèle et synchrone.

Si les femmes durent abandonner leur polyandrie, les hommes n'abandonnèrent jamais leur polygamie, et même aujourd'hui le nombre de prostituées ne fait que confirmer ce qui est à la fois un fait historique et le corollaire de patriarcat. Le deuxième corollaire est le deuxième personnage que le patriarcat introduisit: le cocu. Parallèlement à cet abandon de la polyandrie par les femmes, les hommes affirmèrent de plus en plus leur emprise sur le pouvoir et les richesses. Tout au moins certains d'entre eux et au détriment de tous les autres et des femmes.

Le développement de la propriété et de l'état ne se firent qu'à un stade récent de l'évolution de la société. La propriété ne commençât à apparaître qu'avec l'apparition de la richesse et il s'agissait, tout au moins au début, d'une propriété commune à toute la gens (ou famille au sens large). L'état apparut plus tard comme moyen d'imposer aux masses misérables leur condition et de protéger ainsi les richesses que les riches s'étaient accaparés au fil du temps. Il est intéressant de constater que l'évolution des religions s'est faite en parallèle et que en Grèce, le premier endroit où en occident apparut une certaine forme d'état, apparurent les premiers dieux mâles dominateurs. Ces dieux étaient au départ simplement l'ancêtre mâle d'une gens. Ce concept fut reprit plus tard par la noblesse dont les rois ont toujours été et dans tous les pays, les descendants des dieux, du moins pour celui qui pourrait croire à ses fadaises.

ENGELS en tire des conclusions sans appel. Si le développement de la civilisation est d'un côté positif dans le sens que l'appareil de production et les connaissances se sont prodigieusement développées avec le temps, d'un autre côté cela s'est accompagné par un développement tout autant prodigieux de l'asservissement de l'homme par l'homme. La combinaison de ces deux phénomènes est que ce qui n'est qu'un paradis artificiel pour certains est pour la majorité des habitants de la planète un véritable enfer.

Le moins que nous puissions dire est qu'ENGELS n'a jamais eu autant raison qu'aujourd'hui. En effet, quand j'étais enfant dans les années 60, il n'y avait pas assez à manger pour tous et huit à dix millions d'individus mourraient de faim chaque année. Aujourd'hui, en 2003, d'après les derniers chiffres de l'ONU, 40 millions de personnes meurent de faim chaque année alors qu'il y a assez à manger pour tous. Pourquoi direz-vous? Parce qu'elles sont trop pauvres pour avoir accès à cette nourriture existante. Toujours selon l'ONU, le fossé entre pauvres et riches ne cesse d'augmenter, le nombre de riches de plus en plus riche diminue tandis que le nombre de pauvres de plus en plus pauvre augmente.

C'est là que la pensée de MARX entre en scène.

Cette pensée peut être divisée en trois. Ce que lui et ENGELS appellent le socialisme scientifique, une étude détaillée du capitalisme et de ses modes de fonctionnement, et une philosophie en rupture profonde avec la philosophie de l'être généralement admise en occident.

L'étude du capitalisme de MARX repose sur la somme des connaissances économiques de son époque et il serait sans doute reconnu universellement comme le plus grand économiste de l'histoire s'il n'avait osé commettre la faute suprême: placer l'homme et sa condition au centre du sujet. Sa conclusion que seule une économie contrôlée par l'homme et non par les lois du marché peut assurer le bien-être des peuples était autant inévitable qu'elle est imparablement logique dés que l'on se donne la peine de mettre la condition humaine au centre. Cela était bien sur en opposition totale à la doctrine du capitalisme qui elle, en plaçant le bien-être de l'économie au centre, bien-être de l'économie qui ne peut être assuré que par les lois du marché fonctionnant sans entrave, aboutit inévitablement à la situation actuelle, le plus grand holocauste de l'histoire avec ses 40 millions de victimes innocentes immolées sur l'autel de la richesse des plus riches.

Je ne m'étendrais pas sur la partie du socialisme scientifique que je n'ai pas beaucoup étudiée à ce jour. Cependant, autant son étude du capitalisme que sa théorie du socialisme sont des théories qui permettent de trouver la faute dans une société et d'y remédier. Elles ne peuvent pas et ne doivent pas être réduites en un ensemble de dogmes. Or c'est précisément ce que le bloc soviétique à fait pratiquement depuis le début. Cela a permit à la classe dirigeante de copier la classe dirigeante occidentale et de s'attribuer toutes sortes d'avantages sur le dos du peuple soviétique. De plus, le bloc de l'est est entré dans le jeu de l'occident pendant la guerre froide, participant ainsi et sur le terrain de l'économie de marché à une compétition qui ne pouvait que provoquer la fin de l'économie planifiée.

La partie la plus intéressante de l'oeuvre de MARX est pour moi sa philosophie. C'est une philosophie de l'acte consistant pour l'essentiel à considérer que l'homme peut travailler à la poursuite de ses buts, à la place d'être, comme avec une philosophie de l'être, pauvre ou riche une fois pour toute et surtout impuissant à changer son devenir.

Les plus importantes implications d'une telle philosophie sont:

  1. L'homme est capable par sa raison de se fixer des buts.
  2. L'homme est capable de travailler à la poursuite et à la réalisation de ses buts. Cela fait, en combinaison avec le premier point, que l'homme est capable de décider de sa destinée, de changer les choses par son travail, de faire que sont futur devient ce qu'il en fait et dépasser ainsi le déterminisme du passé.
    La comparaison entre l'homme et l'animal nous donne la confirmation de la justesse de MARX sur ces deux points. Si l'animal, même le plus évolué des mammifères, ne fait que suivre son instinct et aura ainsi le même avenir que son présent et ce, génération après génération, l'homme a été capable d'évoluer du stade d'homme primitif et dépourvu de moyens jusqu'au stade actuel. Ceci est la plus grande preuve que l'homme est bel et bien capable d'avoir des buts et de travailler à leur accomplissement, donc de déterminer lui-même sa destinée.
  3. La foi dans les deux premiers principes précédents permet de dépasser les frontières fixées par la raison et la connaissance.
    La raison sert à fixer les buts. La connaissance et la science est ce que nous utilisons par notre travail pour atteindre les buts, ce sont les moyens d'atteindre les buts. Il devient même possible de se fixer des buts apparemment hors d'atteinte de nos moyens actuels. Mais rien n'empêche alors de nous fixer des buts intermédiaires consistant à développer les moyens d'atteindre les buts premiers.
C'est sur qu'il faudra quand même être raisonnable et rester dans certaines limites, mais ces limites ne seront pas imposées par des croyances superstitieuses comme certains des dogmes à la base de notre philosophie de l'être, mais bel et bien par la réalité de ce qui est possible ou non.

Notre philosophie occidentale remonte aux grecs de l'antiquité. PLATON le premier énonçât le principe de l'opposition de l'ordre et du chaos. Ce principe fut utilisé par la classe dominante pour justifier sa domination sur les autres en créant une première hiérarchie entre les dieux (souvenez-vous, les ancêtres des familles) symbolisant l'ordre parfait, l'humanité au milieu et le reste de la création symbolisant le chaos. Cela seul suffit à expliquer le mépris général de l'occidental envers l'environnement. La deuxième hiérarchie fut crée à l'intérieur de la société pour justifier les différences de classes, certaines étant plus près des dieux que les autres, plus égales que les autres disait Coluche. Les dirigeants symbolisaient l'ordre, les citoyens (20'000 à l'apogée d'Athènes) étaient au milieu tandis que les étrangers étaient qualifiés de barbares et étaient justes bons à être réduit en esclavage (110'000 à la même époque sous Pericles) symbolisaient le chaos. La civilisation grecque symbolisait la seule vraie civilisation qui pouvait ainsi mépriser les autres pour mieux les faire disparaître et réduire les survivants en esclavage. Ce racisme primitif permettait de réduire l'autre en esclavage tout en ménageant la morale, et il a a persisté jusqu'à nos jours dans une forme à peine changée.

Avec la bible, cette opposition de l'ordre et du chaos qui justifiait le racisme des grecs est devenu le dogme de l'immuabilité du conflit du bien est du mal. Ce dogme religieux a justifié de la même manière et tour à tour:

Plus récemment, nous avons même eu droit à la seule vraie race des nazis qui aurait du dominer la terre pendant mille ans si leurs plans ignobles s'étaient déroulés comme ils le voulaient. Le nazisme n'est donc pas un accident de l'histoire comme nous pourrions le croire, mais seulement une des conséquences de la philosophie dominante en occident.

Actuellement nous ne sommes guère mieux lotis. Tous les économistes et presque tous les politiciens ne parlent plus que d'une chose, réaliser une globalisation de l'économie par la disparition des rares moyens de contrôle de celle-ci au profit des lois du marché, lois du marché que nous pouvons légitimement considérés comme le dieu actuel de notre civilisation, dieu justifiant cette pensée unique régnant dans les sphères dirigeantes. De plus, cette pensée unique présente le même racisme fondamental dans le sens qu'elle exclut d'office et totalement toute autre pensée. Comme toutes les précédentes depuis les grecs, elle se veut la seule représentante et seule garante de la seule véritable civilisation.

Plus, plus, plus, plus, disait une pub récente. C'est exactement le leitmotiv de notre époque. Il ne suffisait pas aux adeptes de la philosophie de l'être d'être grand, gros, fort et beau, voilà qu'ils veulent être plus grand, plus gros, plus fort, plus beau... et surtout plus riche et puissant. La globalisation des marchés entraîne non seulement la globalisation des consommateurs mais aussi la globalisation de la concurrence, et ce sur tous les plans, des entreprises concurrent entre elles aux travailleurs concurrent entre eux sur le marché du travail. Il faudrait être aveugle ou fou pour ne pas voir que cette concurrence acharnée, porteuses de richesses pour les uns va être synonyme de ruine pour les autres, ou tout au moins d'appauvrissement pour la plupart. Cela est confirmé par les chiffres de l'ONU qui montrent clairement que les inégalités de notre société ne font qu'augmenter. De plus, cette globalisation entraîne un effecement du rôle de l'état face aux sociétés commerciales. Certaines de ces sociétés ont déjà des budgets plus grands que ceux de la plupart des états. Cela implique que le rôle de l'état diminuant, son pouvoir qui dans un systême capitaliste est proportionel à son budget diminue d'autant. Cela signifie en clair que tout le pouvoir politique tend à s'éstomper, celui des particuliers c'est à dire le nôtre et aussi, ironie de l'histoire, celui des politiciens partisans de cette prise de pouvoir par les super riches que cache la globalisation.

Tout cela est possible parce que la foi communément admise dans notre société en ce dogme de l'immuabilité des conflits est une foi qui ne remplit pas son rôle et fixe des barrières à notre raison et à nos connaissances à la place de les enlever. Elle justifie tous les racismes qui font que nos différences nous opposent alors que nous pourrions y trouver des qualités que nous ignorons. La foi ne jouant pas son rôle entraîne qu'à son tour ni la raison ni la science ne remplissent plus leurs rôles respectifs. Il ne faut pas oublier qu'ils n'en a pas toujours été ainsi et que pendant des dizaines de milliers d'années autant la foi que la raison et la connaissance ont jouer pleinement leurs rôles, ce qui a permit de développer suffisamment ses connaissances pour s'élever de l'état de primate vivant dans les arbres jusqu'à celui d'humain capable de produire autre choses que les moyens de plus en plus sophistiqués nécessaires à sa survie: les richesses, et ce sans que la guerre, l'esclavage et le violence conjugale existe dans la société. C'est alors il y a environ 3500 ans que l'erreur d'aiguillage a été commise et que les plus vils ont pris le pouvoir pour contrôler ces richesses.

Le rôle de la science n'est pas de faire des progrès mais d'assurer le progrès de la condition humaine. Le moins que nous puissions faire en constatant l'ampleur de l'holocauste actuel des victimes de la pauvreté est de reconnaître que la science remplit bien mal son rôle. Et comment le pourrait-elle alors que nous sommes persuadés qu'il est normal que certaines choses aillent mal et que la misère des autres est une de celle-là?

Le rôle de la raison est de nous fixer des buts qui soient des buts, mais comment le pourraient-elle alors que nous considérons que les progrès de la science et le bien-être de l'économie sont des buts en soi? Buts en soi qui causent la mort de 40 millions de personnes par année, je le répète, alors qu'il y a assez à manger pour tous car notre société n'a pas de but raisonnable, incapable qu'elle est de se fixer une fois pour toute le bonheur de ses membres comme but premier.

Le rôle de la foi est de nous permettre de dépasser les frontières fixées par la raison et par la connaissance, comme de nous permettre de croire qu'il est possible de réaliser les conditions permettant à tous et à chacun d'être heureux s'il le souhaite, mais comment le pourrait -elle alors que dés la naissance nous sommes conditionnés par le dogme platonique de l'opposition de l'ordre et du chaos et le dogme biblique de l'immuabilité des conflits?

La science est un outil, c'est à dire comme toute connaissance, un moyen de parvenir au but fixé. Donc la science ne peut pas être un but en soi, pas plus que l'économie qui n'est jamais qu'une science comme les autres, celle de l'argent. Il s'agit d'une science exacte quand il s'agit pour le salarié de payer ses impôts et très floue quand il s'agit de connaître l'ensemble des sommes blanchies par les banques grâce à l'argent noir des trafics de drogue et d'armes, voir d'esclaves, mais science tout de même. L'économie n'est donc qu'un moyen et ne sera réellement jamais rien de plus. Notre société n'a aucun but qui soit un but en soi, et navigue à vue comme un bateau ivre privé de capitaine.

Les trois points exprimés plus haut permettent de remettre les pendules à l'heure dans notre philosophie, et aucun progrès de la condition humaine n'est à espérer sans cela, car ce n'est qu'en ayant une foi qui enlève les barrières de la raison et de la connaissance qu'il est possible que la raison remplisse son rôle et fixe des buts qui soient des buts, et que la science remplisse le sien qui est de nous fournir les moyens de parvenir aux buts fixés.

Je vous propose un jeu afin d'illustrer le non-sens dans lequel se débat notre civilisation. Vous prenez une feuille de papier et y faites des colonnes. Dans la première vous mettez une coche chaque fois que vous entendez un politicien parler d'améliorer le bien-être des peuples, dans les autres vous mettez une coche chaque fois qu'il parle de libéraliser l'économie, du progrès des sciences, de mesures sécuritaires ou répressives. Combien de colonnes avez-vous remplies sur les deux autres sujets avant d'avoir mis dix coches dans la première?

Le drame actuel des politiciens est qu'il savent bien que la situation actuelle est sans issue et que le dénouement est pour bientôt. À la place d'y remédier en se mettant à travailler à ce pourquoi ils ont été élus: le bien-être des peuples, ils ne savent tout partis confondus que poursuivre la course effrénée au suicide et ne proposent que des mesures ayant fait la preuve de leur inefficacité: répression, sécurité, économie et progrès des sciences, les deux derniers étant présentés comme des buts en soi. Ils ne savent que parler de contrôler l'incontrôlable: autrui c'est à dire nous, alors que la seule personne qu'un individu donné puisse contrôler à condition de le vouloir est lui-même. Alors qu'il suffirait une bonne fois pour toute de contrôler ce que l'économie fais de nous et de la société.

La globalisation est en fait déjà effective, mais elle s'applique différament selon que l'on soit pauvre ou riche. L'habitant par exemple du Mali achète des légumes européens subventionnés car il n'a pas les moyens d'acheter les légumes locaux, non subventionnés, contribuant ainsi à l'appauvrissement général de son pays. L'habitant européen peut acheter des ananas de Côte d'Ivoire, les meilleurs du monde, ananas plantés en masse dans ce pays et dans d'autres sur les bons conseils des pays riches qui leur ont fait miroité la poule au oeufs d'or. Ils ont remplacé en masse, sur ces conseils, les cultures locales vivrières par une culture industrielle dont la durée de vie est d'au plus 15 ans. Passer ce délai, l'ananassier meurt après avoir épuisé le sol qui produisait, avant la culture de l'ananas, des légumes, des fruits et des céréales pour les communautés locales, et après sa mort il ne laisse plus qu'un grand trou dans le sol que la nature mettra des siècles à combler. Comme les pays riches ont encouragés d'autres pays à faire de même, le prix des ananas s'est effondré et la Côte d'Ivoire, pays très éloigné, se retrouve obligé de jeter plus de la moitié de sa production d'ananas à la poubelle, car personne n'en veut, le transport étant trop cher. Les lois du marché ont parlé, elles qui doivent être appliquée sans merci dans les pays pauvres si ceux-ci veulent bénéficier de la soi-disante manne de la banque mondiale et du FMI, autrement gare aux sanctions. Par contre ces lois du marché ne sont pas appliquées quand il s'agit de faire baisser les prix de nos produits, faussant ainsi la concurrence dans les pays pauvres, et une fois de plus les pauvres ont fait les frais d'un marché de dupe et se sont appauvris davantage.

Un tel exemple n'émeut personne ou presque. Comment en pourrait-il être autrement quand les partisans de la globalisation voient bien que ceux qui pourraient faire changer la situation sont totalement insensibles à des problèmes bien plus graves, comme l'holocauste de la faim et ses 40 millions de morts annuels, où la situation de tout un peuple, les palestiniens, qui dés la signature des accords Balfour ont vu s'engager un processus de spoliation totale de leurs droits les plus élémentaires, et ce sans qu'ils aient rien demandé? Aujourd'hui, c'est à dire 80 ans plus tard, ce processus est toujours en train de se poursuivre et les palestiniens en sont réduit à vivre dans des conditions misérables, criminelles et scandaleuses comparables en tout point à celles du ghetto de Varsovie pendant la guerre. Il est clair que les instigateurs de la globalisation économique ne peuvent que se sentir le vent en poupe quand ils voient que les occidentaux se désintéressent totalement des deux problèmes les plus graves de la planète. Certains ergoterons qu'ils ont fait ceci ou cela pour aider les palestiniens à résister à l'invasion sioniste, ou pour aider les pays pauvres à remonter la pente. Leur inaction, alors qu'il faudrait une mobilisation au moins comparable à celle ayant permit de mettre fin à l'apartheid sud africain, est la preuve par l'acte, ou plutôt par le manque d'actes, de ce désintérêt total.

Une philosophie de l'acte telle que celle développée par Marx permettra de résoudre ces problèmes et bien d'autres. À condition de la mettre en pratique et donc de passer à l'acte. C'est le propre d'une telle philosophie, nous pouvons créer notre avenir par notre travail, mais encore faut-il le faire. Alors que si nous laissons la philosophie de l'être actuelle gouverner nos destinées, nous ne sommes sur que d'une chose: les choses continueront comme c'est parti car personne ne va lever le petit doigt pour que cela change, et notre société continuera sa course au suicide. Dans ce cas nous n'auront aucune chance, d'autant plus que dans une quarantaine d'années les réserves mondiales de pétrole seront épuisées, ce qui ne va pas arranger les choses, bien au contraire. Attendre que les puits de pétrole soient épuisés revient à attendre qu'il soit trop tard, nos dirigeants n'ayant aucune autre intention que celle de continuer à se disputer pour s'assurer le contrôle des réserves restantes. Ils auraient pu choisir cette occasion de la dernière heure pour utiliser ces réserves pour assurer la transition vers une économie, une agriculture et une industrie décentralisées, seules capables d'assurer l'ère qui suivra celle du pétrole. Mais ils ne l'ont pas fait, utilisant le prétexte fabriqué de l'oppression des kosovars par les serbes pour prendre le contrôle des pétroles de la Caspienne. Or tous les chiffres montrent de manière très claire que la seule population de l'ex Yougoslavie dont la population ait stagné depuis la première guerre mondiale des suites des oppressions subies est la population serbe. Toutes les autres populations de la région ont des courbes démographiques normales. D'autre part, la soi disante armée de libération du Kosowo est une création de la CIA, et personne n'en avait jamais entendu parler avant que l'agence américaine ne la finance. Enfin, lors de la guerre en Yougoslavie, la Serbie fut attaquée dés le début par les croates qui déclenchèrent les hostilités et qui d'après les témoignages recueillit auprès du personnel de l'ONU en place dans cette région ne se gênaient pas pour arborer des croix gammées nazies sur leurs uniformes et véhicules, images qu'aucun média occidental n'a montrées alors qu'ils les avaient à disposition. Enfin, les occidentaux ont utilisés le prétexte des armements de destruction massives pour envahir L'Irak alors que dés la première guerre du golfe il était évident que L'Irak ne possédait pas de telles armes. Quel sens en effet d'avoir des armes et de ne pas les utiliser lors d'un conflit? Ce serait bien la première fois que cela se verrait et cela n'était pas le cas. Comme par hasard, les régions du golfe et de la Caspienne sont les deux régions possédants les plus grand stocks de pétrole de la planète. Il est évident aussi que les manières des européens lors de la phase précédent l'invasion du pétrole provenait du fait que cette invasion sonnerait le glas des contrats des pétroliers européens et russes avec ce pays.
Les dirigeants du monde sont donc bien au courant de la situation et n'ont aucune envie de partager le gâteau de manière équitable. Il y a tout à parier que lorsque la pénurie de pétrole se fera sentir, ils n'auront pas plus de scrupules avec leurs propres peuples aujourd'hui qu'il n'en avait dans le passé ou qu'il n'en ont aujourd'hui envers les peuples des pays pauvres. S'ils sont responsables de quelque chose, il ne peut s'agir que de la gabegie actuelle, gabegie qui sert et couvre leurs intérêts égoïstes personnels. Bush par exemple. toujours si prompt à qualifier les autres de tyrans, a dans son ranch du Texas, un bunker qui n'a rien à envier à ceux de Saddam ou d'Hitler, bunker de plus complètement équipé pour qu'il soit possible d'y vivre en parfaite autarcie.

La question aujourd'hui pour tous est donc de savoir si nous voulons un changement et si nous sommes prêt à nous mettre au travail sans tarder pour parvenir à ce changement, ou si nous voulons laisser faire les lois du marché nous conduire à notre perte. Si nous voulons décider de notre destinée et par là faire usage de nos facultés d'être humain, nous devons accepter de changer de philosophie. Il s'agit en fait de savoir si nous voulons d'une société respectant chacun de ses membres et où chacun soit responsable du bonheur de tous les autres.

Cette dernière notion est elle aussi fondamentale. Une responsabilité implique en effet un passage à l'acte, contrairement à un droit qui ne donne qu'une possibilité, laquelle dans un système capitaliste est inévitablement proportionnelle à la richesse. Que pensent des droits de l'homme les 40 militons de personnes qui meurent de faim chaque année alors qu'elles sont de facto privées du droit le plus élémentaire, celui du droit à la vie?

Fonder la société sur des devoirs et non des droits auraient des implications profondes sur la société, y comprit à terme de mettre fin au racisme et à la violence, les rendant tout simplement caduques et inintéressants, car ne générant plus de pouvoir sur l'autre. Les luttes de pouvoir et pour la richesse ont justifié toutes les violences et tous les racismes à travers l'histoire, de même qu'elles ont dépouillé l'homme de sa particularité humaine, provoquant ainsi sa déchéance, impuissant qu'il est à maîtriser sa destinée. Seul un changement de philosophie peut permettre de renverser cette tendance.

Il faut encore remarquer que les médias ne parlent jamais de cette dimension philosophique des travaux de MARX alors que c'est justement cette dimension qui lui donne leur signification et permettent d'en faire autre chose qu'un exemple de dogmes superstitieux à l'image des dogmes religieux.

Dans les écrivains contemporains, ROGER GARAUDY est le meilleur que je connaisse dans son analyse de notre société, de ses problèmes et des solutions possibles. Après l'affaire GARAUDY suite à la parution de son livre sur les mythes fondateurs de la politique israélienne, affaire qui fit grand bruit et au terme de laquelle il fut condamné par la justice française, il semble que les médias aient retenu la leçon. Le battage médiatique autour de son livre lui avait fait une publicité internationale et a fait de ce livre, ironie de l'histoire, son best-seller mondial. Il a même été traduit en chinois. Depuis, GARAUDY n'est pas resté inactif et a publié un autre livre, L'avenir: mode d'emploi qui fut salué par un grand silence des médias alors qu'il s'agit sans contexte d'un de ses meilleurs ouvrages. Il y fait, dans un récit très vivant, le bilan de sa vie et celui de notre société. Après quoi il enchaîne sur des solutions possible pour nous sortir de la marche au chaos et ne se départi jamais de son optimisme. Cet ouvrage a de plus l'avantage d'être actuel et d'offrir une foule de références pour le lecteur curieux d'approfondir. Il a également publié récemment un autre texte sur les mythes fondateurs de la politique américaine, ouvrage qui fait un bon complément à celui sur les mythes d'Israël. Les trois ouvrages cités de GARAUDY de même que celui d'ENGELS sont disponibles librement sur le net. Quand à Marx, je ne peux que recommander la lecture des Manuscrits philosophiques et économiques de 1884. Il s'agit d'un ouvrage relativement facile à lirepour un ouvrage de Marx, en tous cas beaucoup plus facile que le Capital qui est son oeuvre la plus connue. Il expose dans les manuscrits l'ensemble de sa pensée qu'il développera dans ses oeuvres plus tardives. Les points essentiels y sont cependant présenté avec suffisamment de clarté pour que le lecteur arrive à s'y retrouver.

« Le problème n'est pas ce que l'homme fait de sa foi, mais ce que sa foi fait de l'homme. » ROGER GARAUDY, L'avenir: mode d'emploi

Un exemple de véritable démocratie:

« La gens révoque à son gré le sachem et le chef militaire. Ceci encore est décidé par l'ensemble des hommes et des femmes. Les dignitaires destitués sont ensuite de simples guerriers comme les autres, des particuliers. » FRIEDRICH ENGELS, les origines de la famille, etc., à propos de l'organisation sociale des iroquois.

À propos de la gens grecque:

« une institution qui non seulement perpétuât la naissante division de la société en classes, mais aussi le droit de la classe possédante à exploiter celle qui ne possédait rien, et la prépondérance de celle-là sur celle-ci.

Et cette institution vint. L'État fut inventé. » FRIEDRICH ENGELS, les origines de la famille, etc.

La gens et l'état à Rome:

« L'essentiel, c'est l'incorporation des esclaves et l'autorité paternelle; c'est pourquoi le type accompli de cette forme de famille est la famille romaine. Le mot familia ne signifie pas, à l'origine, cet idéal du philistin contemporain, fait de sentimentalisme et de scènes de ménage; tout d'abord, il ne s'applique même pas, chez les Romains, au couple et aux enfants de celui-ci, mais aux seuls esclaves. Famulus veut dire «esclave domestique» et la familia, c'est l'ensemble des esclaves qui appartiennent à un même homme. Encore au temps de Gaïus la familia «id est patrimonium» (c'est-à-dire la part d'héritage) était léguée par testament. L'expression fut inventée par les Romains afin de désigner un nouvel organisme social dont le chef tenait sous l'autorité paternelle romaine la femme, les enfants et un certain nombre d'esclaves, et avait, sur eux tous, droit de vie et de mort.

«Le mot n'est donc pas plus ancien que le système familial cuirassé des tribus latines qui se constitua après l'introduction de l'agriculture et de l'esclavage légal, et après que se furent séparés les Italiotes aryens et les Grecs.» MORGAN

MARX ajoute:

« La famille moderne contient en germe non seulement l'esclavage (servitus), mais aussi le servage, puisqu'elle se rapporte, de prime abord, à des services d'agriculture. Elle contient en miniature tous les antagonismes qui, par la suite, se développeront largement, dans la société et dans Son État. » Archiv, p. 31. »

FRIEDRICH ENGELS, les origines de la famille, etc.

« Le XXe siècle est derrière nous, avec ses incendies ses ruines, ses déserts.

Le XXIe siècle, s'il continue cette marche au chaos, ne durera pas cent ans.

Que faire? » ROGER GARAUDY, L'avenir: mode d'emploi

« Il est appauvrissant de croire que ma religion est la meilleure, simplement parce que j'ignore toutes les autres. » ROGER GARAUDY, L'avenir: mode d'emploi

Les colonisations:

« La science des Mayas était en bien des points supérieure à celle de l'Europe à la même époque.

En astronomie, leurs prêtres calculaient l'année astronomique avec 365,222 jours, chiffre plus exact que celui du calendrier de Grégoire XIII (1502 -1585), postérieur de cinq siècles: il n'entraîne qu'une erreur d'un jour sur six mille ans.

Ils construisirent une table prévoyant les éclipses solaires.

Cela suppose un grand développement en mathématiques: leur système numérique, non pas décimal comme le nôtre, mais vigésimal, était supérieur aux systèmes que connurent les Grecs et les Romains.

Aucun peuple au monde n'a égalé les Indiens d'Amérique (et surtout les Mayas) pour le nombre de plantes domestiquées et cultivées, notamment le maïs, la pomme de terre, le manioc, le caoutchouc.

Montaigne évoque ce qu'aurait pu être, entre l'Europe et l'Amérindie une autre rencontre que celle des soudards et de marchands assoiffés d'or. "Notre monde vient d'en rencontrer un autre... cet autre monde ne fera qu'entrer en lumière quand le nôtre en sortira.... Bien que je craigne que nous ayons bien fort hâté sa décadence et sa ruine par notre contagion. La plupart de leurs réponses et des négociations faites avec eux témoignent qu'ils ne nous étaient inférieurs ni en clarté d'esprit naturelle ni en pertinence... Combien il eût été aisé de faire son profit d'âmes si neuves... Au rebours nous nous sommes servis de leur ignorance et inexpérience à les plier plus parfaitement vers trahison, luxure, avarice et vers toutes sortes d'inhumanités et de cruautés à l'exemple et patron de nos moeurs." (Essais III, 6)

Ces quelques remarques sur les Amérindiens ne constituent pas une digression, mais une protection contre la prétention occidentale de représenter le seul modèle de modernité et de progrès, et une évocation d'un avenir possible de rencontre véritable des civilisations pour construire une unité, non pas impériale mais symphonique, du monde. » ROGER GARAUDY, L'avenir: mode d'emploi

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Dominique
2003-10-17