Tribunal International d'Opinion
L'affaire du sud du département de Bolivar – Colombie
« Nous ne
sommes pas des juges, nous sommes des témoins.
Notre
tâche est de rendre possible que l'humanité soit témoin
de ces
horribles crimes et la placer du côté de la justice ».
La Campagne
permanente nationale et internationale «Contre l'impunité, la Colombie clame
justice» a été précédée par le processus issu du Projet “Nunca Mas” (Plus
Jamais), qui voulait révéler les causes et les mécanismes de l'impunité qui a
accompagné l'exécution de crimes de lèse humanité en Colombie.
En septembre
1996, les paysans du Magdalena Medio se sont trouvés contraints d'employer le
droit à la contestation au moyen de la mobilisation de centaines d'habitants du
Sud de Bolivar et de Yondo (Antioquia) pour dénoncer devant le président
Ernesto Samper Pizano las graves violations à leurs droits civils, politiques,
économiques, sociaux et culturels. Lors de cette négociation, qui a duré 23
jours, les paysans ont exprimé leurs inquiétudes en raison de l'annonce par les
paramilitaires de leur prochaine incursion dans le Sud de Bolivar et ont exigé
des différentes instances de l'Etat qu'elles garantissent l'intégrité physique
de la population. Face à l'absence de réponse du gouvernement, l'omission des
forces armées et l'attitude criminelle persévérante des paramilitaires, les
habitants du Sud de Bolivar, d'Antioquia et de la Vallée du Cimitarra ont
réalisé une nouvelle fois un exode en juillet 1998, lequel a uni paysans et
mineurs ; plus de dix mille personnes se sont concentrées durant des mois dans
les municipalités de San Pablo, Barrancabermeja, Morales et Bogota. Finalement
parvenus à un accord avec le gouvernement, lors lequel a été signé par le
président Pastrana lui-même le 04 octobre 1998, qui a débouché sur une série de
décrets de lois pour en garantir l'application.
Parmi ces
engagements, il avait été décidé la mise en marche immédiate du « Plan de
Développement Intégral et de Protection Intégrale des Droits Humains dans le
Magdalena Medio », lequel contient six grands axes de résolution des problèmes
de la région :
1.
Le Développement Régional, l'Economie
rurale ;
2.
Le Capital Social (éducation, santé,
environnement, etc.)
3.
Retour des communautés avec garantie
pour leur sécurité.
4.
Suivi des problèmes liés à la mine.
5.
Investigation des graves cas de
violation des droits humains et
6.
Le démantèlement des groupes
paramilitaires.
Cependant cet
accord n'a pas été respecté, alors que l'agression des paramilitaires atteint
des niveaux inimaginables et couvre une partie de la région.
Edgar Quiroga,
un des principaux porte-parole des paysans et signataire des Accords avec le
Président Pastrana a été enlevé et a demeure disparu, ainsi qu'un autre paysan
nommé Gildardo Fuentes, le 28 novembre 1999. depuis la signature des dits
accords, près de 500 paysans et mineurs ont été assassinés, disparus, torturés.
Plusieurs villages ont été brûlés et détruits par les groupes paramilitaires
avec l'appui ou la passivité de la force publique. Ces faits, en raison de leur
caractéristique, leur nature systématique, et vue la responsabilité directe
d'agents de l'Etat ou celle de groupes paramilitaires qui agissent à son
instigation ou sous sa protection, sont clairement classables comme crimes de
Lèse-humanité, selon les normes internationales. Les innombrables dénonciations à propos de ces faits devant des
instances judiciaires dans le but de garantir la protection pour leurs vies ont
n'ont pas été entendues par l'Etat colombien.
Les investigations se trouvent dans l'impunité totale et les crimes à
l'encontre de la population se poursuivent.
La mission
fondamentale de ce Tribunal est d'apporter à la lutte contre l'impunité et de
promouvoir le respect universel et effectif des droits des peuples, le droit
international ainsi que les droits humains, en établissent si ces droits sont
violés, en examinant les causes des dites violations et en dénonçant les
auteurs matériels et intellectuels face à l'opinion publique nationale et
internationale.
Les Tribunaux
d'opinion naissent de la lutte des peuples contre l'impunité qui recouvre les
délits en matière de violation des droits humains, pour demander la justice
que, en tant que citoyen, les pouvoirs publics leur bafouent ; ils naissent de
leur profond besoin de connaître la vérité, à l'aide de l'éclaircissement des
faits, l'identification et le châtiment des coupables et des réparations pour
les victimes.
C'est cette
absence de justice qui fait que les communautés et leurs organisations
appellent à la conscience éthique de l'humanité, en impulsant un Tribunal International
d'Opinion, afin qu'il juge de éthiquement, moralement et politiquement l'Etat
colombien, pour sa responsabilité dans la commission de Crimes de Lèse-Humanité
dans le Sud de Bolivar en Colombie.
Trouvant
fermés les chemins internes pour atteindre la justice en Colombie, les
organisations et personnes qui souscrivons le présent manifeste nous soutenons
la Convocation à un Tribunal International d'Opinion pour le Sud de Bolivar qui
se tiendra et délibérera, pour l'émission d'une sentence, les 28 et 29 novembre
2003 à Paris, France, comme alternative pour la recherche de la Vérité et de la
Justice dans les Crimes de Lèse humanité commis en Colombie.
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