Faust est connu pour des prises de position plus à gauche que la moyenne, mais aussi pour une prise de distance certaine avec le PS. Encarté de nulle part, il fait figure de ce qui manque bcp au syndicalisme belge d'aujourd'hui... Profitant des débordements de l'utilisation du conflit de Clabecq par le PTB, les kapos du PS dans la FGTB ont trouvés, dans cette pseudo (voir plus bas) histoire de fric, le moyen de faire payer à Faust à la fois son soutien aux 13 de Clabecq et son manque de servilité face au PS, au patronat, à l'état... Quel est le détail de cette sordide histoire dont les premiers perdant seront les travailleurs dans tous les cas de figures, nous ne le saurons sans doute jamais... La seule certitude c'est que Faust est le premier de la liste des syndicalistes de combat dont la tête tombe. Il va y en avoir d'autres, l'Europe politique et financière, les libéraux bleu-rose-vert pâle ont besoin de casser les syndicats pour approfondir la libéralisation de marché en Europe et poursuivre la privatisation des services publics. Ce dont ces syndicalistes de combats ne se doutaient sans doute pas (quoique) c'est que le premier coup de poignard, ils le prendraient dans le dos, "de la part de la maison-mère !!!". Histoire de fric ? Dans un syndicat, comme dans toute entreprise humaine, il y a des pourris qui profitent de leur situation pour se graisser la patte sur le dos des travailleurs (le genre qu'on trouve en masse dans les boîtes privées, en particulier à l'étage "conseil d'administration et actionnaires")... Mais un syndicat, c'est pas une boîte comme une autre, ça vend rien, ça rend des services en échanges de cotisations (comme la mutuelle) et ces services absorbent pratiquement tout (le reste on met de côté pour les grèves : cf le compte luxembourgeoise de la CSC évoqué (puis plus rien !?) de l'affaire KBLux, lui aurait permis de payer des indemnités de grève générale aux travailleurs pendant seulement 3 jours...). Alors partout (syndics, asbl et autres machins), comme dans tout ce qui dépense sans faire de rentrée sur le dos de ceux qui y bossent, on "s'arrange"... Puisque l'état ne donne pas de moyens pour vraiment répondre aux besoins de défenses des citoyens-travailleurs, faut bien faire autrement. C'est certainement pas glorieux (pas plus que le financement occulte des partis politiques -mais eux se sont votés une amnistie) mais c'est pas du blé qui atterrit dans une poche perso, ce blé sert à payer des avocats et des employés qui défendent les droits de travailleurs, à payer des indemnités de grève, à soutenir des campagnes internationales contre le travail des enfants, un comité de sans abris ou de sans papier... Alors avant de crier au loup avec le troupeau des moutons bêlant, demandez-vous qui a intérêts à quoi dans cette histoire... Libertairement vôtre, Mismelt Netchaïev Ci-dessous, la gerbe du SSoir ------------------------------- Albert Faust, patron du Setca bruxellois, a été licencié pour motif grave par son syndicat La FGTB fait le ménage comptable La centrale bruxelloise des employés FGTB est mise sous tutelle financière. Son patron est viré. Les responsables fédéraux du Setca et de la FGTB incriminent des années d'irrégularités comptables. Albert Faust crie au coup monté politique. BÉNÉDICTE VAES Une régionale syndicale placée sous tutelle de sa gestion financière et comptable, et son secrétaire général licencié, d'un coup sec, pour « motif grave ». Dans la torpeur estivale, une tornade orageuse secoue le syndicat socialiste. Hier, le comité exécutif du Setca (le syndicat FGTB des employés, techniciens et cadres) fédéral a décidé de mettre sous contrôle sa régionale bruxelloise, qui couvre le territoire de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Son « patron », Albert Faust, a été « écarté » de même que deux de ses employés. Albert Faust est une figure syndicale très connue, pour ses positions idéologiques originales et contestatrices, pour son combat de longue haleine contre le racisme, et aussi, hors syndicat, pour son immense connaissance de la chanson française. Que lui reproche-t-on ? Voici les griefs du Setca fédéral : La section de Bruxelles-Hal-Vilvorde ne s'est jamais conformée aux instructions sur la tenue d'une comptabilité régulière, sur le respect des obligations fiscales et sociales et des flux financiers au sein du syndicat. Elle a, délibérément ou par négligence, masqué ou dissimulé la réalité de sa situation financières. Les retards de paiement par rapport à l'ONSS, au précompte professionnel et à la FGTB (NDLR : la structure faîtière) se sont accumulés et aggravés. S'agit-il de négligences ou de fraude ? La réponse est cruciale. Le syndicat socialiste traîne encore, comme un boulet, l'« affaire » du Setca d'Anvers, en 1993-94, qui avait organisé une caisse noire, pour payer en dessous-de-table une partie de ses salaires. La PJ d'Anvers avait démasqué cette fraude, qui violait toute la doctrine syndicale basée sur la justice sociale et l'équité fiscale. Une fois ces malversations révélées, le syndicat, qui est à la fois un mouvement social et une énorme entreprise, a décidé de faire le ménage en son sein et de traquer les irrégularités. En 1994, il a renforcé considérablement les pouvoirs de sa commission financière (on dit : la « Cofi ») qui peut intervenir, arbitrer, sanctionner. La « Cofi » s'est réunie la semaine dernière. Elle a estimé : Des indices sérieux font penser qu'une comptabilité chaotique est systématiquement organisée : disparition de documents, dépenses sans factures, retards dans des versements ONSS. Le « patron » du Setca, Christian Roland, estime qu'il s'agit, dans le chef d'Albert Faust, de négligences, et d'un refus de la réalité. Il explique son licenciement comme le terme d'un long processus : Je ne pouvais pas laisser perdurer la situation. Il y a deux ans, après un audit alarmant, Albert Faust s'était engagé à tenir sa comptabilité à jour et à redresser son exploitation, sous peine d'une mise sous tutelle. Il n'a pas tenu ses engagements. Nos questions sont restées sans réponse. On lui a laissé une dernière chance. Il ne l'a pas prise. Dernier épisode : 13 des 14 permanents syndicaux du Setca bruxellois ont eux-mêmes demandé la mise sous tutelle financière à condition que la régionale conserve son autonomie sociale et syndicale. A l'exception de l'un d'entre eux, ils ont aussi déclaré qu'ils ne souhaitaient plus travailler avec le secrétaire général. Albert Faust, qui est permanent syndical depuis 32 ans, déclare : Il s'agit, ni plus ni moins, d'un coup monté, sur fond politique. Je le dévoilerai intégralement. Son explication : Depuis l'accession de Mia De Vits à la présidence, le syndicalisme intégré veut se débarrasser du syndicalisme contestataire. Mia De Vits l'a annoncé, lors de son élection. Mia De Vits qui a remplacé, le 30 mai dernier, Michel Nollet, partant à la retraite, avait déclaré : Je ne tolérerai pas qu'on utilise la FGTB pour parvenir à des fins politiques, qu'elles soient d'extrême droite ou d'extrême gauche. Les tenants de la droite extrême sont d'office exclus du syndicat, en vertu des statuts. L'inquiétude gagne donc les syndicalistes classés les plus à gauche. Albert Faust contestera en justice son licenciement. Hier, tout au long de la journée, il a tenté de plaider l'illégalité de la décision le mettant à pied. Un responsable syndical élu par un congrès ne peut, en principe, être destitué que par un autre congrès. Le secrétaire général demandait de reporter la décision à la rentrée, après les retours de vacances : Je voulais un débat de A à Z, en peine lumière, devant les 144 militants de l'exécutif bruxellois, qui sont des militants, pas des bureaucrates. Il n'a pas été suivi. Le Setca fédéral a tranché après qu'Albert Faust eut été désavoué par les autres permanents bruxellois. Qu'il juge manipulés.·.