Les journées de D14 sont internationales

Des délégations de France (Lyon et Bordeaux), d'Angleterre (Université du Sussex) et d'Allemagne (Dortmund et Bonn) ont rejoints les Journées Internationales de la Jeunesses au Vaartkapoen. Car la révolte à l'Europe est surtout une révolte internationale.

Julien Versteegh

Sukant Chandan, de l’Union des Etudiants de l'Université du Sussex a particulièrement été applaudi. D'emblée, il annonce la venue de 2 bus de l'Université du Sussex le 14 décembre à Bruxelles : « Je suis venus ici car j’habite un pays impérialiste dont le gouvernement travailliste soutient Israël et lq guerres en Afghanistan ». L'Angleterre a récemment été le théâtre de violentes émeutes à Bradford et à Leeds : « Il est important pour nous d'aller travailler dans les quartiers ouvriers, parmi la jeunesse ouvrière car pour l’instant ce sont les fascistes qui y travaillent et qui sèment la division ».

 

 

René, lui, est de Dortmund en Allemagne. Il a déjà participé à quelques réunions de D14. Il représente le réseau européens EU Students qui appelle à une grève européenne des lycéens et étudiants et à la mobilisation pour le 14 décembre. Le réseau des étudiants européens s'élargit et vise à rassembler toutes les organisations étudiantes : « Nous avons déjà des contacts avec des groupes de Grèce, avec les plus grandes villes d'Espagne, avec l'université du Kent en Angleterre entre autres. En Allemagne même, nous organisons 2 jours de protestation les 11 et 12 décembre en vue de mobiliser pour Bruxelles le 14 décembre. Nous appelons les lycéens et étudiants européens à mener des actions locales les 11 et 12 décembre et d’organiser la mobilisation pour Bruxelles. L'Europe qui se construit est dangereuse pour l’enseignement. En effet, nous avons l'impression que la déclaration de Bologne s’inscrit dans le même cadre que la Accords du Gatt qui visent à privatiser les services publics. »

En Allemagne, comme dans les autres pays d’Europe, le mouvement est en train de grandir et touche déjà Cologne, Brême, Dortmund... « A l'université, le mouvement commence à grandir depuis 1997 mais surtout après Seattle et Gênes. On attend de voir comment cela va se développer mais les signes avant coureur sont encourageants. En Autriche aussi, il y a eu de grandes mobilisations, notamment contre la guerre. La mobilisation pour Bruxelles s’y organise activement. ».

La réseau des étudiants européens a également des contacts en Belgique : « Nous avons pris contact avec le VVS et la FEF, mais nous n’avons pas eu de réactions de leur part pour l’instant. Nous avons surtout des contacts avec des comités locaux des hautes écoles. On contact les organisations de bases pour qu'elles fassent pression sur les organisation nationale. » Leur démarche est similaire à D14 « La gauche en Allemagne est très divisée, mais nous essayons de les unifier autour de points d’accord communs comme la lutte contre la privatisation de l’enseignement ».

Cela bouge pas mal non plus en France. Julien et Nadège sont de Lyon est sont venus spécialement à Bruxelles, aux Journées Internationales, pour prendre contact et voir comment s'organise la logisitique en décembre. Et il y a de quoi, ils comptent envoyer 5 à 6 bus de Lyon, un beau monde en perspective qu'il faudra pouvoir loger. Ils sont membres du Collectif lyonnais après Gênes, prolongation du Collectif Gênes 2001 regroupant la LCR, ATTAC France, les MJS, la JCR... Pour eux, il s'agit de lutter contre « la construction d'une Europe libérale qui encourage les libéralisation économique, l'Europe des patrons. La commission européenne est un instrument de la mondialisation au même titre que le FMI ou la Banque Mondiale. Ce qui est principalement contesté par les Français, c’est le manque de démocratie, de transparence. Notre collectif se positionne pour une autre Europe.».

Julien : « Pour moi, l'Europe doit être basée sur la solidarité entre les peuple ». Nadège : « Pour ma part, je veux une Europe qui prenne clairement position contre le nucléaire, une Europe sociale pour tout le monde, où les droits sociaux sont garantis, une Europe solidaire du Tiers-Monde, pour l'annulation de la dette, une Europe anti-impérialiste qui peut véritablement faire un contrepoids aux Etats-Unis ».

Pour eux la tâche n'est pas facile « dans une France où il n'y a plus vraiment de mouvement de gauche. Il y a bien un effet ATTAC, avec ses 30.000 membres, qui est une des rares organisations offensives, mais le mouvement est encore faible, cela n'a rien à voir avec l'Italie. La guerre a rendu les choses encore plus dures. Il y a une offensive du gouvernement contre les grèves dans les services publics, sous prétexte qu'il n'est pas correcte de faire grève en période de guerre. C’est très difficile de briser le front uni guerrier, d’autant plus que le PC soutient la politique américaine. Les verts c'est kif kif ».

Pourtant les Français goûtent déjà la note salée de la privatisation : « La question des services publics est à même d'interpeller les gens. Le gouvernement essaie de discréditer les services publics en disant que c'est trop lent, trop archaïque... ils espèrent de cette façon faire passer la privatisation. Mais d'un autre côté, les prix peuvent varier de 30% d’une commune à l'autre en fonction de la compagnie des eaux qui approvisionne telle ou telle commune. Dans les communes où l’eau est déjà privatisée, les prix ont augmenter de 40%. Même chose sur la question de l'enseignement. »

Bref, nous sommes tous dans la même galère, et ce n'est qu'ensemble que nous pourrons véritablement changer les choses et construire une autre Europe.