Il y a plusieurs mois, un journal libanais a publié un article rédigé par un écrivain égyptien intitulé, ‘nous haïssons Israël….mais pas les Juifs’. Dans l’article apologétique, l’écrivain s’efforce de distinguer la haine des Arabes envers Israël et leur attitude à l’égard des Juifs. D’aucuns prétendent, dit-il, qu’Israël veut dire Juifs et que les Juifs sont Israël, mais il précise qu’ils ne haïssent pas Israël parce que ses habitants sont Juifs mais car leurs dirigeants sont sionistes, et les Arabes s’élèvent contre le sionisme mondial et ses ambitions expansionnistes. Pour étayer ses affirmations, il relate les souvenirs de bon voisinage qu’il entretenait avec les Juifs au Caire. Aussi quiconque a vécu auprès des Juifs avant la guerre de Palestine sait qu’ils prêtaient avec intérêts, contrôlaient le commerce au détail et aimaient l’argent, mais néanmoins tenaient parole et ne causaient pas de problèmes. Ces deux exemples anecdotiques qui renferment les stéréotypes antisémites habituels et caractéristiques de l’antisémitisme classique passé et présent, bien enraciné dans le discours arabo-islamique sur Israël, le sionisme et les Juifs. Mais la vie des spécialistes effectuant le suivi et l’analyse de l’antisémitisme arabe n’est pas limpide. Autant l’écrivain égyptien éprouve des difficultés à distinguer la haine d’Israël et l’attitude envers les Juifs, autant il est difficile d’isoler ou de distiller les témoignages d’antisémitisme de la rhétorique contre Israël et le sionisme. Cette difficulté à différencier les motifs antisémites des motifs de la haine et de l’incitation nationaliste sur fond d’un conflit national-territorial, est plus d’une fois la cause de déformations dans la présentation du discours arabe, et dans la compréhension de ses sources et mobiles. Comment la rhétorique d’une confrontation devient-elle antisémite? Les figures ont-elles changé tout au long des années du conflit? Existe-t-il un lien entre les figures et les étapes de l’évolution du conflit? Pourquoi les figures antisémites se sont-elles infiltrées et intégrées avec tant de succès? Même une plaidoirie en faveur des Juifs telle celle de l’écrivain égyptien susmentionné, renferme des croyances stéréotypées enracinées. Cela ne suffit-il pas à démontrer que ce discours est implanté dans d’autres sources, dérogeant au conflit national? Les innombrables démonstrations antisémites permettent de distinguer plusieurs motifs prédominants, récurrents dans le discours arabo-islamique: - Les Juifs sont la source du mal et de la corruption- ils propagent le SIDA, la drogue, la prostitution, et des opinions destructrices. - Il existe un plan juif/sioniste aspirant à contrôler le monde. - Il existe un complot juif-occidental/chrétien contre l’Islam. - La Bible et le Talmud sont la source de la personnalité et de la mentalité juive/sioniste, fondamentalement raciste en raison de la croyance ‘du peuple élu’ par rapport aux ‘Goyim’ (non-Juifs). - Le Coran a été le premier témoignage à dévoiler les plans des Juifs, assoiffés de sang, escrocs, manipulateurs, et cupides. Dans le même temps, un usage intensif a été fait des libelles sur les meurtres rituels, ‘les Protocoles des Sages de Sion’ et le personnage de Shylock. En Egypte, il y a quelques années une étude a été effectuée par le directeur du département des Sciences sociales à l’université Ain Shams, et il a soumis ses conclusions lors d’une conférence intitulée ‘l’image de l’Autre’ qui s’est déroulée au Caire. L’étude portait sur l’image de l’Israélien tel qu’il est perçu par les Egyptiens. Pour obtenir des données plus réalistes, le professeur avait indiqué avoir choisi un groupe d’érudits et un groupe au hasard parmi la population. Les résultats de l’étude ont été publiés dans l’hebdomadaire égyptien Roz al-Youssef, et le stéréotype juif classique y a été esquissé: - L’Israélien dégoûtant, nasillard et sournois. - L’Israélien est chauve, porte la barbe, a un long nez et de grandes oreilles. Il est petit de taille et a tendance à l’embonpoint. - L’homme fait des messes basses, alors que la femme israélienne, sait être attentive et voilà pourquoi elle est souvent employée dans l’espionnage. - L’Israélien marchande et vient en Egypte principalement pour vendre de la drogue et faire des affaires pas toujours orthodoxes. C’est ainsi que le stéréotype juif s’est créé, possédant une réalité autonome, comme cela s’est passé en Europe tout au long des années, d’où la perception du Juif comme symbole de la négation et source d’un problème mondial. Les motifs dans leur présentation d’Israël, du sionisme et des Juifs sont apparus dès le début du conflit, et ils continuent d’apparaître depuis dans la littérature polémique, dans les sermons prononcés dans les mosquées, dans la presse, les caricatures, et même en littérature et en poésie, avec des niveaux de sophistication et dans des contextes divers. La représentation des Juifs est cependant soumise à plusieurs contradictions. Par exemple, les Juifs sont présentés d’une part comme faibles et bas, et d’autre part comme des êtres forts et capables de tout. Dans le but de démolir l’argument sioniste établissant un lien entre le judaïsme et Eretz Israël, une importante part de la littérature traitant des Juifs, allègue que les Juifs ne forment pas un peuple et que les Juifs d’aujourd’hui ne sont pas les descendants des Fils d’Israël d’antan. Ils affirment dans un même élan que les Juifs n’ont pas changé à travers les générations et ils mobilisent le passé islamique pour étayer leurs affirmations. Le poète et journaliste égyptien Ahmad Abdel Mouati Hajazi et le journaliste palestinien, Hassan Khedar, ont bien décrit ces contradictions. Dans sa colonne du Al-Ahram, Hajazi a attaqué le discours arabe sur ses généralités faites sur les Juifs. ‘Nous pensons aux Juifs en Israël et nos yeux se portent sur les Juifs de Yathrab (péninsule arabe du temps de Mahomed). Nous disons Juifs en voulant dire Israéliens. Nous disons sionistes en voulant dire Juifs’. Khedar en revanche a en fait dénoncé pendant l’Intifada, l’utilisation politique selon ses dires, de l’appel ‘Kheibar, kheibar, oh Juifs, l’armée de Mouhamad reviendra’. La tentative d’implanter l’illusion que le précédent historique est sur le point de se réaliser à nouveau, est réfutable, d’autant plus que l’utilisation de ce slogan ne fait que renforcer l’argument sioniste sur la perpétuaion de la race juive et menace la supériorité morale des Musulmans, a-t-il expliqué. Le suivi des démonstrations antisémites montre leur accroissement en périodes d’évolutions et d’incidents politiques sur la scène locale, régionale et internationale. Qui plus est, des changements se sont produits dans cette représentation monolithique au long des années, qui n’a pas été assez analysée. Le journaliste palestinien, Hashem al-Dajani, qui pendant de nombreuses années était analyste dans des centres d’étude palestiniens, a décrit l’attitude arabe à l’égard du sionisme et d’Israël selon deux tendances: l’une caractéristique de la période jusqu’à la guerre des six jours, qui tend à rapetisser Israël, , et éduquer les masses à croire qu’ils étaient sur le point de jeter Israël à la mer’, et la seconde tend à la glorification jusqu’à exagération. Celle-ci a caractérisé l’attitude à l’égard d’Israël et du sionisme depuis 1967 donnant libre cours à la croyance d’une main cachée ou de la force disparue du judaïsme et du lobby juif-sioniste, responsables de phénomènes et de processus historiques dans le monde entier. Et si on ne peut lui résister dans le monde, à plus forte raison dans le monde arabe faible. Cela, conclut-il, a servi à justifier le laxisme et l’immobilisme intellectuel, politique, et économique. L’observation des caricatures, datant d’avant et d’après 1967, confirme ses propos, et reflète parfaitement non seulement le changement de l’image de l’Israélien mais la conception autonome arabe. Avant 1967, Israël est présenté comme une entité accablée, misérable et dépendante du bon vouloir des étrangers. Dans les brochures du ministère de la Guerre égyptien, des dessins placés les uns aux côtés des autres, comparent la puissance d’Israël et de la Communauté arabe unie dans d’autres domaines, démographique, économique, agricole, financier, et militaire. Les dessins n’étaient certainement pas antisémites, mais il se dégageait de chacun d’eux une différence marquante dans la force et l’assurance de l’une par rapport à la détresse, pauvreté, et manque de l’autre. Cela devrait servir d’arrière-plan au choc de la défaite lors de la guerre des Six jours. Néanmoins, par la suite ils ont dû fournir des explications convaincantes à leur impuissance. C’est ainsi que la théorie du complot et des aspirations expansionnistes sionistes devaient prendre de l’ampleur, l’Israélien est présenté comme un soldat nazi, cruel et agressif, comme un Juif en exil laid et poilu, ou comme un animal sous des traits humains. Contrairement à cette démonisation, l’Arabe apparaît comme impuissant, naïf, et au début du processus de paix, comme un pacifiste, accordant sa confiance à Israël, qui le trahit à chaque fois. La question de la continuité et de la succession des images nous amène jusqu’aux nouveaux livres d’études palestiniens, notamment au vu de l’intérêt récent qu’ils ont éveillé dans les médias. Cela nous projette également vers les articles rédigés par Hava Lazros-Yaffe et Avner Guiladi dans les années 60-70 sur les livres scolaires jordaniens et égyptiens ayant servi le système pédagogique dans la bande de Gaza et sur la Rive occidentale du Jourdain depuis 1948 jusqu’à la guerre des Six jours. En fait jusqu’aujourd’hui, les nouvelles éditions servent à l’Autorité palestinienne, car celle-ci a achevé la préparation des livres d’études pour seulement quatre classes seulement . Lazros-Yaffe a trouvé par exemple qu’en 1966, des livres utilisés par le passé et concernant lesquels Israël avait porté plainte lors de forums internationaux, avaient été retirés du programme, parmi eux un texte (de Khaled Katrash de 1960) qui décrit le ‘Juif peureux’ dans une histoire et dans une caricature. Avner Guiladi qui a examiné les livres scolaires égyptiens avant et après la guerre de Kippour, a découvert que le conflit, sous tous ses aspects: image du Juif, le sionisme, Israël, l’histoire du conflit- n’occupait pas une place prépondérante avant la guerre. Après la guerre, il semble qu’une grande importance ait été accordée au conflit et à la position des Arabes, et le sionisme a été présenté sous une optique bien plus négative. Les Juifs ont été décrits, dans des contextes divers, comme hérétiques, peureux, brouillés les uns avec les autres, agressifs, tricheurs, traîtres, mais finalement ces exemples étaient peu nombreux et les dessins ne portaient pas préjudice. De manière générale, il convient de mentionner, selon Lazros, que ‘la presse quotidienne israélienne a exagéré dans la description de ces livres et de leur attitude envers Israël et le Judaïsme, et en dépit des expressions de haine à notre égard, la haine d’Israël n’est pas le sujet principal de cette littérature. De nombreux livres, même des livres qui traitent du droit civique, dans l’histoire et la religion de l’Islam ne mentionnent absolument pas Israël’. Elle ajoute encore qu’apparemment ‘dans les livres d’études la place consacrée aux propos antisémites était mineur par rapport à la littérature blasphématoire destinée aux adultes et à la presse’. Je souhaite attirer l’attention sur les propos de Lazros qui me paraissent être pertinents aujourd’hui. Premièrement, lors du débat, la différence entre les nouveaux livres et les livres jordaniens, introduits dans le système et comportant des parties anciennement retirées par les instances de l’administration militaire, a été estompée. Il est possible de trouver dans ces derniers des motifs dépeignant les Juifs sous une lueur négative comme au temps des prémices de l’Islam. En revanche les nouveaux livres d’études ont été dépouillés des expressions antisémites grossières. En fait, il n’y a pas de référence directe à Israël et aux Juifs en dépit des attentes. Lors de la présentation de l’histoire nationale palestinienne, il est bien entendu fait mention de motifs qui ne font pas honneur à notre peuple, par exemple lorsque l’on débat de l’occupation en 1948 ou lorsqu’on cultive l’amour de la nation et que l’on encourage le sacrifice. Il est indubitable que les livres ne reflètent pas la reconnaissance du droit des Israéliens sur cette terre ni une tolérance à son égard. Contrairement aux livres palestiniens, les livres d’études syriens ne se privent pas par exemple, de comparer le sionisme au nazisme, et de souligner le fait que les Juifs sont un élément étranger dans la région et de déterminer explicitement qu’il n’y a pas d’autre issue que le déracinement d’Israël . Anita Shapira, dans sa critique sur le livre historique d’Eyal Naveh et Esther Yougav, a décrété qu’il ‘y a une intensification de l’importance de l’enseignement historique qui va bien au-delà de son poids réel’. Des propos similaires peuvent être tenus concernant les livres d’études palestiniens. Les déclarations dans les médias et lors des sermons prononcés dans les mosquées sont bien plus radicales que les textes dans les livres, et il semble que leur influence soit bien plus importante. Qui plus est, il ressort d’une étude théorique sur l’apparition et la résistance des stéréotypes, qu’une modification des images peut se faire uniquement dans une conjoncture changeante. Est-il possible de dénigrer un tel changement lorsque les deux parties ont repris un discours militant et rigide. Ceci outre le fait que les sociétés arabes n’ont pas connu de processus d’ouverture et de démocratisation ayant préparé le terrain à l’apparition de nouvelles narrations dans la société israélienne, et sans elles on peut supposer qu’il n’y aura pas de changement dans l’image d’Israël et des Juifs. La multiplication des témoignages antisémites a aiguisé les questions qui pesaient sur l’analyse de l’antisémitisme arabe depuis ses début, notamment s’il s’agit d’un phénomène nouveau résultant du conflit ou bien est-ce là un phénomène endémique reflétant des fondements culturels, sociaux plus profonds qui étaient imprégnés dans les sociétés arabes avant le déclenchement du conflit. Suite à la première étude de Harkabi et par la suite de Bernard Lewis sur l’antisémitisme arabe, l’idée qui prévaut parmi les analystes est que l’antisémitisme arabe existe sous le signe et dans l’ombre du conflit israélo-arabe. ‘L’antisémitisme n’est pas la cause du conflit mais sa conséquence’, a déclaré Harkabi. ‘Cependant depuis le début du conflit et depuis que l’antisémisme existe, il est devenu un des éléments qui confèrent au conflit son caractère’. Lewis, Daniel Pipes et Martin Kramer ont également l’ont perçu comme un phénomène relativement nouveau amené dans le monde arabe et qui y s’est enraciné notamment depuis le début du conflit israélo-arabe. Daniel Bar-Tal, dans une étude réalisée sur la manière dont le conflit israélo-arabe se reflète dans les livres scolaires israéliens, a démontré que ‘les sociétés impliquées dans des conflits insolubles, développent des conditions psychologiques adéquates leur permettant de faire face à une situation conflictuelle’. Les croyances aidant à développer ces conditions psychologiques comprennent des croyances sur la justesse des objectifs, la délégitimation de l’adversaire, une image de soi positive, et une perception de soi victimisée. ‘Ces croyances constituent un ethos favorable à une poursuite du conflit’ , et se reflètent dans le langage, les stéréotypes, les images, les mythes et la mémoire collective. Des tendances semblables sont perceptibles, me semble-t-il dans les sociétés arabes, qui ont émis des raisons historiques, théologiques, nationalistes, existentielles, politiques, sociales et culturelles pour justifier les objectifs du conflit les opposant à Israël. Dans le même temps, l’antisémitisme a été rallié comme un des modes de délégitimation et déshumanisation de l’Autre. Il est indubitable qu’à la suite de l’apparition de ces croyances, ainsi que Rivka Yadlin l’a démontré dans son étude sur l’Egypte, durant la première décennie après la signature de l’accord de paix avec Israël, les croyances anti-juives sont devenues organiques dans divers systèmes de conception du monde. Qui plus est, elles sont apparues en toile de fond d’une certaine réalité socio-culturelle et ont été façonnées à l’aide d’outils tirés de cette réalité dans le but d’orienter son existence future’. Aussi l’antisémitisme devient une partie du discours public plus large et du débat délaissé entre les agents favorables au changement, à la libéralisation, à la démocratisation, et à la paix au Moyen-Orient et les milieux nationaux et islamistes rejetant totalement tous ces processus. En revanche, d’aucuns estimaient que l’antisémitisme arabe ne résultait pas de la création de l’Etat d’Israël ou du conflit, mais trouve ses racines dans une tradition culturelle et religieuse de longue date. Aussi par exemple, Robert Wistrich, affirmait déjà en 1975, lors de l’adoption par l’ONU de la résolution comparant le sionisme au racisme, que le monde musulman a une longue tradition de discrimination envers les Juifs, qui a atteint son apogée au xxème siècle lors de la modification du rapport de forces entre les Juifs et les Arabes. La détermination arabo-musulmane de créer une souveraineté religieuse, culturelle, et politique monolithique dans la région reliant l’Océan atlantique au Golfe persique, selon ses dires, est la base de l’antagonisme à l’égard d’Israël. Aussi, la perception du sionisme comme un mouvement coloniale, raciste et source du mal tout en considérant les Juifs des pays arabes comme ‘frères’ sémites, n’est rien d’autre que de l’ethnocentrisme et des tendances xénophobes résultant du nationalisme arabe. Une nouvelle étude, fruit d’un jeune analyste allemand, met en doute l’hypothèse usuelle établissant que l’antisémitisme a été importée d’Europe. Il tente de démontrer que de même en Europe l’antisémitisme ne résultait pas du comportement des Juifs, au Moyen-Orient il surgit sur base de liens historiques et sociaux. Il indique également que le révisionnisime ne peut être compris comme une partie de la rhétorique antisioniste dans le contexte du conflit israélo-palestinien, mais comme l’expression spécifique d’une réflexion antisémite. Tel Wistrich il parle d’un nationalisme dans le Moyen-Orient et de ses caractéristiques particuliers et de la résurgence de l’Islam, terrain fertile à la poussée d’idées antisémites autonomes. Cependant, il semble que le nationalisme soit dégagé de l’éthnocentrisme et de la détermination de l’’Autre’ à des fins de cristallisation. Suite aux événements du 11 septembre, je me demande qui est ‘l’Autre’ ultime selon la conception de l’autodétermination arabe-islamique. Et il me semble que selon des propos écrits et tenus par des intellectuels arabes et certainement selon une conception du monde islamiste, ‘l’Autre’ ultime n’est autre que l’Occident en raison du défi qu’il pose au monde musulman, à sa culture, sa supériorité et sa richesse. Il existe une succession historique d’hostilité entre l’Islam et l’Occident, et les relations avec l’Autre se fondent sur le principe de Dar-el-Islam et Dar-el-Harab. Dans le processus d’islamisation de l’anti-occidentalisation, les Etats-Unis sont le grand satan ainsi que Khomeiny les a qualifiés. Quant à Israël et les Juifs, ils ne sont autres que le petit satan. Les Juifs ont occupé une place importante dans le discours arabe sur les événements du 11 septembre. Ils ont continué d’être perçus comme les instigateurs de complots, des manipulateurs, encourageant la guerre de l’Occident contre l’Islam, affirmant qu’il serait le seul à y gagner quelque chose. Une partie des articles critiquant la société arabe, et il y en a eu, ont démontré la profondeur du ressentiment à l’égard de l’Occident et d’Israël. ‘Toute personne familière avec les livres d’études dans les pays musulmans, sait à quel point l’image du monde est déformée et quelle est la haine présentée et encouragée. Toute personne qui s’informera dans les médias du monde musulman, et écoutera les sermons prononcés dans les mosquées, notamment en Occident, découvrira la puissance du ton anti-occidental, plus particulièrement anti-américain exprimé et prêché’, c’est ce qu’explique un journaliste iranien en exil. Aussi nous ne sommes pas seuls. Faible consolation