Le père d’un Palestinien ayant provoqué une attaque suicide en Israel cette année a attaqué les chefs du Hamas et du Jihad Islamique pour l’envoi de son fils vers cette mission de mort. Il a aussi mis en question l’efficacité des bombes suicides, disant qu'elles n’ont pas réussi à dissuader Israel. Dans une lettre à l’éditeur du quotidien de langue arabe Al-Hayat, basé à Londres, le père, qui s’identifie comme étant Abu Saber, écrit ce qui suit. "Je ne peux trouver de meilleurs mots pour commencer ma lettre que les mots de Dieu, dans son précieux livre [Le Coran] : «Agissez dans le sens de Dieu, et ne vous précipitez pas vous-mêmes vers la destruction avec vos propres mains ». J’écris cette lettre avec un cœur douloureux et des yeux qui ne cessent de pleurer. Nous devons, aujourd’hui plus qu’en tout autre temps, obéir à ce verset coranique, agir dans le sens de Dieu, et nous abstenir des actes qui nous poussent vers la destruction." La lettre est une réflexion sur le débat brûlant, qui sévit actuellement parmi les Palestiniens, concernant l’efficacité des attentats-suicide. Beaucoup de Palestiniens croient que les attaques ont surtout aggravé la situation et causé davantage de dommage. D’autres, cependant, insistent sur le fait que les attaques-suicide ont créé un «équilibre de terreur» avec Israël. Le père dit qu’il y a quatre mois, il a perdu son fils aîné quand des amis l’ont tenté, faisant l’éloge du chemin de la mort. "Ils l’ont persuadé de se faire sauter dans une ville d’Israël". "Quand le corps innocent de mon fils a été déchiqueté de partout, mes derniers signes de vie ont également été dispersés, en même temps que mon espoir et ma volonté de vivre", a-t-il ajouté. Le père dit, dans sa lettre, qu’il craint maintenant que les mêmes personnes qui ont envoyé son fils à la mort soient en train d’essayer de recruter un autre fils pour une mission similaire. "La dernière blessure m’a été portée quand j’ai appris que les amis de mon fils aîné le martyr étaient en train de s’enrouler comme des serpents autour de mon autre fils, qui n’a pas encore 17 ans, pour le diriger dans la même voie vers laquelle ils ont dirigé son frère, de telle manière qu’il se fasse aussi sauter pour venger son frère, en disant : «il n’a rien à perdre». Il a appelé les chefs de l’Autorité Palestinienne, le Hamas et le Jihad Islamique à agir pour mettre un terme aux attaques-suicide, disant que ce n’était pas le moyen de contraindre Israël ni de libérer la mère-patrie. Au nom du sang d’un cœur de père blessé, qui a perdu ce qui était le plus précieux au monde pour lui, je m’adresse aux chefs des factions palestiniennes, et, à leur tête, les dirigeants du Hamas et du Jihad Islamique et leurs cheiks, qui utilisent des règles religieuses et déclarations pour pousser de plus en plus de fils de Palestiniens vers la mort, tout en sachant très bien qu’envoyer ces jeunes gens se faire sauter au cœur d’Israël ne dissuade aucun ennemi et ne libère aucun territoire. Au contraire, cela augmente l’agression, et après chaque opération semblable, des civils sont tués, des maisons sont rasées, et des villes et villages palestiniens sont réoccupés. Je demande, en mon nom et au nom de chaque père et mère informés que leur fils s’est fait exploser : De quel droit ces chefs envoient les jeunes gens, et même des enfants dans la fleur de leur jeunesse, vers la mort ? Qui leur a donné une légitimité religieuse ou autre pour tenter nos enfants et les pousser à leur mort ? … Oui, je dis «mort» et pas «martyre». Le fait de changer ou d’enjoliver le terme, ou de payer quelques milliers de dollars à la famille du jeune homme qui est parti et ne reviendra jamais, ne réduit pas le choc et n’en modifie pas la fin irrévocable. Les sommes d’argent [payées] aux martyrs des familles causent davantage de douleur que de guérison ; elles font que les familles se sentent récompensées pour la vie de leur enfant … La vie d’un enfant a-t-elle un prix ? Sa mort devient-elle le seul chemin pour restaurer les droits et libérer le pays ? Et, si c’était le cas, pourquoi aucun de tous ces cheiks qui se précipitent pour édicter des lois religieuses, n’envoient-ils pas leur fils ? Pourquoi aucun des dirigeants qui ne peuvent s’empêcher de proclamer leur joie sur les canaux satellites, chaque fois qu’un jeune Palestinien, ou qu’une jeune Palestinienne se font sauter, n’envoient-ils pas leur fils ?" La lettre conclut en lançant une attaque acerbe contre les dirigeants du Hamas et du Jihad Islamique, qui refusent d’envoyer leurs fils perpétrer des attaques-suicide. "Mais ce qui fait le plus pleurer l’âme, donne mal au cœur et faitmonter les larmes aux yeux est la vue de ces cheiks et dirigeants qui se se gardent d'envoyer leurs fils dans la bagarre, tels que Mahmoud al-Zahar, Ismail Abu Shanab, et Abdel Aziz Rantisi. Au moment où l’Intifada a éclaté, al-Zahar a envoyé son fils Khaled en Amérique ; Abu Shanab a envoyé le sien en Grande Bretagne ; et [comme indiqué dans la presse] la femme de Rantisi s’est abstenue d’envoyer son fils Muhammad se faire exploser. Par contre, elle l’a envoyé en Iraq pour qu'il y achève ses études."