"Une personnalité formidable a mis sur les Frères Musulmans une main puissante: Hadj Amin El-Husseini, le grand mufti de Jérusalem. Nul cas n'est plus typique et plus propre à faire comprendre les trames entrecroisées dont se compose l'intimité du monde musulman. Amin-ElHusseini a fait de sa vie une longue conspiration... il a donné à son existence la signification supérieure d'un combat sans merci contre les Juifs... Les Anglais ne bannirent le mufti qu'en 1937, après de sanglants désordres qu'il avait minutieusement organisés... "La guerre ouvrit à El-Husseini des possibilités... il courut en Irak pour aider El Rashid dans sa révolte anti-britannique. Pendant que deux régiments anglais achevaient d'écraser cette tentative, le mufti sautait en Allemagne, à bord d'un avion envoyé pour le sauver. Il eut l'honneur de serrer la main de Hitler. Il arracha à Himmler cette exclamation qui faisait de lui un aryen d'honneur: "Regardez, il a les yeux bleus"... Déjà, dans ses premiers numéros, le Droit de vivre (celui d'avant-guerre) dénonçait cet homme néfaste, le considérant, preuves à l'appui, comme un agent du fascisme. Lors de son séjour en Palestine, en 1929, Bernard Lecache avait pu découvrir toutes les ramifications qui, partant du repaire du Grand Mufti, allaient jusqu'à Rome et Berlin... Mais c'est après la guerre que l'on su le rôle exacte du grand mufti. Le journal "le Clou" publia de saisissants documents photographiques montrant le Grand Mufti visitant les Waffen SS... Des quotidiens publièrent à leur tour d'autres documents tout aussi suggestifs comme, par exemple, celui qui montrait El-Husseini visitant le camp d'Auschwitz et congratulant les tortionnaires des juifs déportés... Promouvoir le nouvel Empire germano-arabe Les quatre années que Hadj Amin El-Husseini passa en Allemagne furent plus que fructueuses. Il assimila immédiatement les ouvrages de l'esprit allemand, et observa les résultats pratiques du nationalsocialisme. Surtout, il rencontra les personnalités importantes dans la hiérarchie nazie et forgea avec elles de solides amitiés. Dans son somptueux bureau de Berlin, connu sous le nom de Buro Grosmufti, il conspira activement contre les Alliés. Quand la guerre se termina enfin par la victoire des Alliés, les nazis et les Arabes se dispersèrent tous, mais pour revenir plus tard dans l'après guerre, convenablement dénazifiés, et occupant des positions officielles importantes dans le Moyen-Orient. Les quatre années de solide amitié entre le Mufti, ses collaborateurs arabes, et les diplomates nazis du Moyen-Orient dans leurs activités à Berlin, avaient payé de gros dividendes. Lorsque l'Allemagne, s'éveillant à nouveau comme un phénix des cendres de la défaite, sentit les grondements renouvelés du Drang nach Osten, les vieilles associations furent renouées et les liens forgés plus étroitement... L'admiration du Mufti pour l'Allemagne est sans bornes... Le Mufti fait sa part de travail pour promouvoir le nouvel empire germano-arabe. Le colonel Salman, de la vieille clique de Berlin, dirige le blocus d'Israël du fait de sa position de conseiller militaire de la Ligue arabe. Et von Arden, l'ancien collègue d'Alfred Rosenberg, est à l'oeuvre dans le conseil militaire de la Ligue. À Ryad, Otto von Hentig, ancien chef nazi de la section arabe au Bureau des Affaires Étrangères de von Ribbentrop, tient l'unique poste de "conseiller confidentiel des Affaires européennes" auprès du roi Séoud. Sur l'avis du docteur Schacht, le sorcier des finances d'Hitler, le centre géo-politique clandestin nazi de Madrid envoya Skorzeny au Caire, dans le but d'exploiter la position favorable de l'Allemagne. Un témoignage autorisé À Nuremberg, un officier de l'Army Intelligence s'occupa de rechercher les pièces à conviction contre le grand mufti. Le compte-rendu des intrigues de l'ex-Mufti de Jérusalem était absolument fantastique. Le dossier montrait clairement qu'il avait comblé les voeux du fascisme par ses manoeuvres anti-britanniques et son antisémitisme qui avait précipité l'extermination des Juifs d'Europe. Il existe surtout un document allemand signé par un agent du Mufti vingt- quatre heures à peine avant la reddition de l'Allemagne, et aux termes duquel, en compensation des sommes en or qui lui avaient été versées jusqu'à cette date, le Mufti acceptait de constituer un nouvel empire panislamique et de "lutter contre l'ennemi commun". Ainsi, le Mufti avait été payé d'outre-tombe par Hitler lui-même pour continuer son oeuvre au point où celui-ci l'avait laissée. L'officier avait également trouvé un autre document, la déposition du docteur Rudolph Kaszner, qui avait mené avec les nazis les négociations tendant au rachat de la vie des Juifs de Hongrie. Ces affaires avaient souvent été traitées avec Adolf Eichmann, agent de la Gestapo spécialisé dans les affaires juives, et confident du Mufti. Pendant ces négociations, le docteur Kaszner avait eu de fréquents pourparlers avec un certain Dieter von Wisliczeny. Celui-ci, criminel de guerre, se trouvait à ce moment-là dans une prison à Nuremberg. Ce témoin important indique que le Grand Mufti avait souvent conseillé aux chefs nazis --- y compris Hitler, Ribbentrop et Himmler --- l'extermination des Juifs d'Europe... "Des documents nazis témoignent que le Grand Mufti, accompagné par Eichmann, a visité les chambres à gaz d'Auschwitz, où des centaines de milliers de Juifs ont été exterminés... "On était en train, à cette époque, de négocier le rachat de la communauté juive de Bratislava: ce fut l'opposition du Mufti qui entraîna l'extermination de la communauté... Le 5 juin 1943, il adressa au président du Conseil de Bulgarie une protestation contre un projet du gouvernement bulgare permettant l'émigration de quatre mille enfants juifs. Ces enfants, prétendait-il, "présentaient un danger pour la Bulgarie, soit qu'on les gardât, soit qu'on leur donnât la permission de quitter le pays". La protestation eut son plein effet; aucun enfant ne quitta plus la Bulgarie après juillet 1943. Quelques semaines plus tard, il envoya au ministre des Affaires étrangères de Roumanie une lettre du même genre qui avait trait, cette fois, à dix-huit cents enfants juifs. Ici encore, il suggéra l'envoi en Pologne, en faisant remarquer qu'ils seraient là-bas sous une "surveillance effective", euphémisme pour désigner les chambres à gaz. À la même date, il écrivit encore au ministre des Affaires étrangères de Hongrie à propos de 900 enfants et 100 adultes qui devaient quitter la Hongrie et, une fois de plus, il conseille la "surveillance" en Pologne comme la meilleure solution. Le ministre des Affaires étrangères d'Italie reçut, peu de jours après, une lettre du même genre. Aujourd'hui, nul ne doit et ne peut ignorer qu'une véritable alliance exista entre l'islam et le nazisme.