On sait que pour qu'un investissement soit rentable, il faut qu'il rapporte, à terme, davantage que ce qu'il coûte : c'est le ba-ba de l'investisseur. Dans le cas de l'Irak, le plan financier est relativement simple. Dans la colonne "recettes", il y a bien sûr le produit escompté des recettes pétrolières. Et dans la colonne "dépenses", il y a 4 postes principaux : 1/ le coût de la guerre elle-même (missiles, bombes, transport de troupes, primes des soldats, etc). La guerre ne s'effectue en principe qu'une seule fois. N'étant pas une dépense récurrente, un contrôleur du fisc la classera dans les investissements. 2/ le coût de la remise en Etat des installations pétrolières. Il s'agit aussi d'un investissement. 3/ le coût du maintien de l'ordre en Irak, de l'occupation militaire, et de l'entretien des nouveaux potentats locaux. Là, il ne s'agit pas d'investissements, mais bien de dépenses récurrentes, qu'il faut considérer comme une charge. C'est de loin le poste le plus lourd. 4/ la charge des intérêts à payer aux créanciers des Etats investisseurs, l'investissement public américano-britannique s'étant fait en creusant le déficit public, selon les bons principes de Keynes. On peut en outre défalquer de la colonne "dépenses" les économies qui seront réalisées du fait de la disparition des charges liées aux bombardements réguliers de l'Irak depuis 10 ans, ces frais étant inclus dans les charges de maintien de l'ordre. Pas un banquier au monde n'accepterait de prêter le moindre sou sur un tel plan financier. Croire que les recettes pétrolières vont permettre, à court et à moyen terme, de faire face aux énormes charges immédiates est une illusion. C'est la raison pour laquelle, à peine la guerre débutée, Blair et Bush vont déposer un projet de résolution à l'ONU pour le financement de la reconstruction de l'Irak. Il s'agit de faire en sorte que les braves gouvernements zeuropéens au grand coeur acceptent, en vertu de leur grande tradition de gnangnantise humanitaire, de payer les charges liées au maintien de l'ordre en Irak (la remise en état des institutions et la reconstruction ont pour unique but d'assurer la paix civile, celle-ci étant la condition nécessaire pour permettre des rentrées pétrolières dans les caisses des compagnies pétrolières américaines). Il est de tradition que les américains ne payent pas plus de 15% de la facture des guerres qu'ils engagent. En acceptant de payer la facture humanitaire, les gouvernements européens contraindront leurs contribuables, comme d'hab, à prendre en charge les frais d'un investissement dont les compagnies pétrolières américaines seront les seules à palper le return. Un "oui" des euroloques aux demandes onusiennes de Bush et Blair servira à dégager ces derniers des charges liées au maintien de l'ordre en Irak. Ce qui fournira ainsi à Bush et à Blair les moyens qui leur permettront d'investir dans d'autres guerres, en Iran, en Syrie, et ailleurs. Guerres qu'ils entameront bien sûr toujours, avec ou sans l'aval de l'ONU, et toujours avec les mêmes pleurnichages des mêmes euroloques. On admirera la tactique : à peine quelques jours après avoir déféqué sur l'ONU, voilà qu'ils reviennent pour y mendier de l'argent. Parions que certaines euroloques y verront un "signe encourageant" vers un retour à "l'indispensable unité de la communauté internationale" ;-) Un "non" plongerait Bush et Blair dans le caca de leur plan financier : car s'ils veulent un jour pouvoir extraire du pétrole, ils devront alors de toutes façons bien se résoudre à payer de leur seule poche la facture de la reconstruction et du maintien de l'ordre. Ce n'est qu'alors que la gestion calamiteuse des dépenses publiques américaines fera fuir les investisseurs, notamment vers la bonne vieille Europe (ce qui est tout à l'avantage des européens). Quant au duo Bush-Blair, il devra aussi réviser sa stratégie d'investissement guerrier... En conclusion, demandez à vos députés de *refuser* toute aide publique à la recontruction de l'Irak. Si vous voulez quand même, individuellement, aider les irakiens après la guerre, par exemple pour fournir des produits de première nécessité, donnez à des associations privées l'argent que vous aurez économisé en impôts si vos élus ont le bon goût de dire "non" aux demandes américano-britanniques à l'ONU : même si cela contribue aussi à alléger la facture US, au moins, cet argent profitera aux irakiens, et ne servira pas à entretenir directement les milices de Bush. Dobb (read from s.c.b.) à archiver !