Le Larousse définit le mot « conséquence » comme étant « la suite logique entraînée par un fait qui en est la cause ». Analyser une conséquence sans tenir compte de sa cause relève donc de l'illogisme. Et pourtant, ce raccourci semble avoir acquis ses lettres de noblesse dès lors que l'on traite du conflit israélo-palestinien. Aujourd'hui, une incursion de Tsahal dans les territoires palestiniens est présentée comme étant la cause d'un attentat suicide, alors qu'elle en est la conséquence. Il est utile de rappeler que la veille de l'Intifada «Al-Aksa», aucun char n'était en Cisjordanie, pas plus qu'un soldat israélien ne se trouvait dans les zones A (territoires sous contrôle palestinien). Nombreux sont ceux qui prêtent leur concours à une réécriture de l'histoire, par ignorance ou par orgueil. Mais se rendent-ils seulement compte que leur démarche dessert les peuples palestinien et israélien ? Plutôt que d'investir dans la perestroïka palestinienne, dont Sari Nusseibeh (représentant de l'Autorité palestinienne à Jérusalem) pourrait bien être la figure emblématique, de nombreuses démocraties continuent à accorder leur confiance et leurs subsides à Yasser Arafat. Un homme qui rechigne à troquer son habit militaire pour celui de chef d'État. Un homme qui prétendait avoir tout mis en oeuvre pour arrêter les assassins du ministre israélien du Tourisme ainsi que Fouad al-Choubaki (le commanditaire du navire Karin A chargé de 50 tonnes d'armes et explosifs), avant d'être surpris en leur compagnie dans son QG à Ramallah. Un homme à la tête d'une fortune colossale et d'un peuple désoeuvré. Flash-back. Oslo, 1993. Yitzhak Rabin et Yasser Arafat s'engagent à apporter la paix à leurs peuples respectifs. Les Palestiniens y gagnaient un Etat, les Israéliens la sécurité. Neuf ans plus tard, Oslo n'a pas tenu ses promesses alors que, lors des sommets de Camp David (juillet 2000) et de Taba (janvier 2001), Ehud Barak a proposé à Yasser Arafat ce pour quoi ce dernier prétend se battre depuis 35 ans : un Etat palestinien sur 100 % de la bande de Gaza et 97 % de la Cisjordanie, avec Jérusalem-Est pour capitale. Arafat oppose pourtant une fin de non-recevoir à la proposition israélienne en exigeant le « droit de retour » ‹ ce qui équivaudrait à un suicide démographique pour l'État d'Israël ‹ et met le feu à la rue palestinienne en déclenchant l'intifada. Interrogé par le président indonésien Abdel Wahid, en automne 2000, sur les raisons qui l'ont amené à refuser les propositions de Camp David, Arafat lui répondit : « Ça va nous prendre 150 ans, mais nous les jetterons [les Israéliens] à la mer ». Une précision importante sur le « droit de retour ». Par cette formule, Arafat demandait à Barak d'accepter l'arrivée potentielle de 4 millions de Palestiniens dans les frontières israéliennes de 1967. Il s'agit là d'une première historique, un mouvement indépendantiste qui réclame le droit à l'autodétermination sur une terre et exige, en parallèle, l'établissement de ses citoyens dans l'Etat voisin. Attendu que la population d'Israël s'élève à 6 millions et demi d'habitants (parmi lesquels 5.200.000 sont juifs et 1.200.000 musulmans), accepter en son sein 4 millions de Palestiniens signifierait la fin d'Israël en tant qu'Etat juif. Ne pas s'élever avec la plus grande fermeté contre la revendication palestinienne du « droit de retour » relève du délit de non-assistance à pays en danger. Et, pendant ce temps, Israël est accusé de perpétuer un « massacre » à Jénine. Les 500 morts annoncés par Saeb Erakat sur CNN se résument aujourd'hui à 52 victimes, pour la plupart tombés l'arme au poing au cours de rudes combats qui entraînèrent la mort de 23 soldats israéliens. Si tant de maisons furent détruites, il faut probablement en trouver l'explication dans les confidences d'Omar, artificier du Jihad Islamique, lorsqu'il déclare à l'hebdomadaire égyptien « Al-Ahram » avoir truffé Jénine d'engins piégés : « Nous avions piégé plus de 50 maisons ». Kofi Annan, lui, prône l'envoi d'une mission onusienne afin d'établir si « massacre » il y a eu. Annan nomme trois humanitaires, là où des experts militaires seraient bien plus indiqués pour évaluer objectivement les faits. Parmi ces trois hommes, l'on retrouve Cornelio Sommaruga, président de 1987 à 1999 du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Au cours de sa présidence, Sommaruga a fortement soutenu la politique d'exclusion qui frappe Israël au sein du CICR (Israël est la seule nation à ne pas être reconnue par cette institution), allant jusqu'à comparer l'étoile de David à la croix gammée. En fait, Israël n'a rien à cacher ‹ plusieurs ONG ont pu enquêter à Jénine en toute liberté, confirmant par la suite qu'il n'y a pas eu de massacre ‹ mais refuse de faire le jeu de ses détracteurs. Certains se plaisent aussi à accuser Israël de pratiquer l'« apartheid ». Pourtant, la place importante occupée par la minorité arabo-musulmane (19% de la population) dans la société israélienne apporte un démenti éclatant à cette allégation. En 2000, le député arabe Saleh Tarif devient ministre du gouvernement d'Ariel Sharon. Un an auparavant, Abd el-Rahman Zouabi, musulman pratiquant, fut nommé juge à la Cour suprême de l'État d'Israël. Un troisième exemple de cette intégration réussie pourrait être celui de Youssef Mishlav, général de l'armée israélienne. Et, malgré le fait que cette accusation émane des pays les moins respectueux des droits de l'Homme ‹ et surtout de la Femme ‹ que compte notre planète, il se trouve quelques « humanistes » naïfs pour s'en faire l'écho. Il y a quelques jours, le Comité central du parti d'Ariel Sharon s'est prononcé contre l'établissement d'un Etat palestinien. Toutefois, le Premier ministre israélien a réaffirmé son soutien à la création dudit Etat. Cette attitude peut expliquer la récente déclaration du président américain, qualifiant Ariel Sharon d'« homme de paix ». Il est peu probable qu'Arafat soit le « Mandela » du Moyen-Orient, mais Sharon pourrait bien en être le « de Gaulle ».