La révolte populaire fait reculer l’impôt du FMI

Plus de 13 morts, 89 blessés par balles, le saccage du Ministère du Travail et un blessé, un cameraman de Toribio Canqui, tel est le bilan de la répression gouvernementale contre la révolte populaire consécutive à la présentation d’un projet de Loi sur le Budget Général de la Nation dans lequel est inclue l’intention d’appliquer un "impuestazo" (un impôt massif) de 12,5% aux salaires des travailleurs du secteur public.

Le Fonds Monétaire International (FMI) a insisté, le 12 février jusqu’à 3 heures de l’après-midi afin que le gouvernement maintienne sa décision d’appliquer l’impuestazo en tant que mesure "nécessaire pour réduire le déficit fiscal de 9 à 6%". L’insistance du FMI a été confirmée par des sources gouvernementales mais le soulèvement populaire a finalement forcé le FMI et le chef du gouvernement à annoncer officiellement leur intention de faire marche arrière.

Le gouvernement décrète un congé bancaire et la suspension des activités publiques et privées

Le gouvernement a ensuite décrété un congé bancaire et la suspension des activités publiques et privées pour le jeudi 13 février sur tout le territoire national du fait de la situation sociale critique que connaît le pays.

L’annonce a été faite par le Ministre du Travail, Jaime Navarro, qui a affirmé que cette mesure a été décidée à cause des graves événements qui se sont déroulés au siège du gouvernement, événements au cours desquels les affrontements se sont soldés par la mort de 10 personnes : militaires, policiers et civils.

Navarro a rendu compte que le gouvernement analysera avec le président Sanchez de Lozada la situation du pays et les arguments pour l’annulation de l’"impuestazo".

33 morts en un mois de conflits sociaux

Le gouvernement de Gonzalo Sanchez de Lozada a battu les records de répression au cours de ces dernières semaines, en dépassant même les taux de répression enregistrés lors des périodes de dictature. En un mois, la répression déclenchée par le gouvernement a fait 33 victimes mortelles.

En septembre 2002, les producteurs de coca du Chapare ont présenté au gouvernement leurs revendications tournant autour du plan de développement alternatif et de la nouvelle politique d’éradication des plantations de feuilles de coca. Cependant, malgré quelques points d’accords entre le gouvernement et les producteurs de coca représentés par le député du Mouvement au socialisme (MAS) Evo Morales, l’accord espéré n’a pas eu lieu, ce qui a provoqué par la suite la mobilisation des cocaleros à travers des actions de blocage des routes du pays.

Les paysans et les cocaleros ont occupé les routes à partir du 13 janvier dernier et ont installé des barrages pour mettre sous pression le gouvernement. Ils ont immédiatement dû affronter la répression violente de nombreux effectifs militaires et policiers, provoquant la mort de 17 personnes dans les régions de Cochabamba, Chuquisca et Oruro, où un mineur a été victime de la violence militaire.

Les retraités, un autre secteur social mécontent face aux promesses non tenues du pouvoir exécutif, ont également lancé depuis la localité de Patacamaya une marche jusqu’au siège du gouvernement pour exiger l’annulation de l’article 3 de la Loi de Maintien de la Valeur qui ajuste les retraites sur base de l’Indice des Prix au Consommateur (IPC). Lors de leur marche, ils ont été réprimés à Pan Duro par des forces policières et lors de leur retour de la capitale, au cours d’un supposé accident routier, 8 d’entre eux ont été tués. Les propriétaires des motos qui ont provoqué cet accident font partie de la famille du ministre de la Présidence, Carlos Sanchez Berzain…

Un peu plus tard, les travailleurs de différents secteurs ont uni leurs forces pour mettre sur pied un dénommé "Etat-Major du Peuple" exigeant la démission du premier mandataire Sanchez de Lozada tout en négociant avec lui les revendications des différents secteurs sociaux mais également des exigences de caractère nationale et structurelles tels que le rejet de l’Accord de libre échange des Amériques (ALCA), de l’exportation du gaz bolivien par un port chilien, de la capitalisation et la feuille de coca.

Après différents affrontements où ont perdu la vie de nombreux paysans, cocaleros et forces de l’ordre, un accord a été conclu avec le gouvernement en vue de mettre sur pied 7 "tables de dialogue" qui n’ont finalement donné aucun résultat jusqu’à aujourd’hui.

La situation sociale du pays s’est ensuite considérablement tendue lorsque le président a annoncé aux Boliviens son "impuestazo". Cette mesure a été la goutte d’eau qui a fait débordé le vase de la colère et de l’impatience de la population et des différents secteurs de travailleurs. Les partis d’opposition se sont également mis à critiquer durement le gouvernement en évoquant son incapacité à gouverner et son absence de programme.

Certaines sources soulignent que ce sont les policiers qui ont mis le feu aux poudres lorsqu’ils se sont mutinés le mardi 11 février afin d’exiger une hausse salariale de 40% et l’annulation des mesures d’austérité qui leur sont imposées.

Cette mutinerie a obligé le pouvoir à faire appel à des troupes militaires afin de protéger le Palais gouvernemental qui a subi des jets de pierres de la part d’étudiants du Collège d’Ayacucho, de la population et de policiers en civil.

Mais ce n’était là que le début car un affrontement a eu lieu entre des forces policières et des militaires provoquant 89 blessés et 13 morts par balles!

Malgré le fait que le président Sanchez de Lozada a annoncé son intention de retirer l’"impuestazo", la situation sociale est loin de se normaliser. Il reste toujours à résoudre les demandes des policiers ainsi que l’exigence de la démission du premier mandataire, une exigence qui est aujourd’hui avancée par tous les travailleurs, les partis d’opposition et la population.

La Paz, Bolivie, 13/02/03. Bolpress.com/La Haine.

* Traduction: Ataulfo Riera

© COPYLEFT LA HAINE 2003.

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RISBAL - BOLIVIE:
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RISBAL - Expo Photo dans un atelier de traitement de la coca:
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