La justice et la peur

Si vous voyez un policier, changez de trottoir

La prochaine fois que vous verrez un policier, changez de trottoir. S'il lui vient à l'idée que vous êtes un criminel, vous pourriez finir en prison, avec casier judiciaire et tout le reste. Vous n'y croyez pas? Il leur faut des preuves?

Le cas de Niels, Marek et Benjamin

Voyons le cas de Niels, Marek et Benjamin. Ce sont trois jeunes allemands venus participer à la manifestation lors du sommet européen de Laeken en décembre dernier, manifestation organisée par D14.

Ces trois jeunes gens se sont vus interpeller à la sortie de la manifestation par des policiers, et ont été fouillés sans autre forme de procès. On a retrouvé des casques dans leurs sacs. Pourquoi? Parce qu'ils se souviennent de Gênes et de Göteburg, où des manifestants pacifistes ont été frappés brutalement par la police sans aucune raison. Parce qu'ils se souviennent peut-être de l'Euro 2000, où les robocops ont cassé du touriste, parce qu'ils sont trop bêtes pour faire la différence entre un casseur et un simple passant. Mais, puisqu'ils ont des casques, ce sont des casseurs.

Étape suivante: prison, passage devant le procureur en comparution accélérée. Très accélérée. Le procureur leur demande pourquoi ils ont lancé des pierres contre les policiers. Niels, Marek et Benjamin nient l'avoir fait. "Je ne vous crois pas", répond le magistrat.

Le procès

Le cauchemar commence. Systématiquement, le justice refuse de croire les trois allemands, et fait toute confiance aux policiers.

Lors du procès, ceux-ci se contredisent sans arrêt. Pour tout le monde, il est clair qu'ils mentent. Des témoins viennent déposer pour les trois jeunes. Malgré cela, rien n'y fait. Le juge refuse d'écouter les trois allemands après leur avoir demandé s'ils ont autre chose à dire.. Le procureur déclare "Je veux une peine exemplaire car, dans le futur, il y aura beaucoup de manifestations du même genre à Bruxelles". Est-ce justifié? Aucune importance. Ce qu'il faut, c'est que les gens aient peur de venir manifester à Bruxelles, peur de se faire embarquer dans la machinerie judiciaire, et de se faire condamner sans raison.

Et Niels, Marek et Benjamin se sont fait condamner sans (autre) raison à une peine d'un an de prison, avec 5 ans de sursis.

Faire peur

Mais quel est le but de ce cirque judiciaire? Tout simplement de faire peur. Que les gens qui pensent exercer leur droit à manifester leur désaccord dans la rue n'osent pas le faire, de peur de se retrouver devant un tribunal, de perdre leur travail, d'être condamnés et d'avoir un casier judiciaire, tout cela non pas parce qu'ils ont fait quelque chose d'illégal, mais parce qu'il "faut faire un exemple". Et peu importe que la vie de l'"exemple" soit brisée. La justice a fait son travail: elle a tout fait pour que les chefs d'état et autres ultra-libéraux puissent faire main basse sur ce qui reste de cette planète, et puissent le faire sans que le bruit de ces gens qui ne pensent pas comme eux puisse les empêcher de dormir.