Citations de "L'avenir: mode d'emploi" Hitler a gagné la guerre: les objectifs majeurs qu'il s'était fixés se sont réalisés, bien que ce fut sans lui, parce qu'ils suivaient la même trajectoire historique que les trois sécessions de l'Occident. 1- Il sut reprendre de la manière la plus barbare, le thème de la coupure du monde par le privilège du peuple élu en en faisant l'apanage de la race aryenne qui devenait ainsi l'héritière de la supériorité grecque, de l'élection juive, de la chrétienté qui se voulait le ciment de l'unité européenne et la monitrice du monde. La variante hitlérienne n'est pas essentiellement différente de ces prétentions antérieures. Elle en est l'accomplissement, avec cette originalité: appliquer à des hommes de race blanche les tortures jusque là réservées, par le colonialisme occidental, aux peuples de couleur, par exemple par le génocide indien, la traite des esclaves noirs, Hiroshima, le Viet Nam ou l'Irak. 2 - Sa politique suivit les lignes de force de la deuxième sécession depuis la renaissance: qu'il s'agisse du totalitarisme économique fonctionnant sans intervention du peuple par le seul jeu régulateur d'un pouvoir extérieur à lui, que ce soit le règne des banques ou des multinationales (variante américaine et occidentale), ou celui de la bureaucratie d'un parti unique se vantant lui aussi d'être l'émanation du peuple et sa conscience (variante soviétique). Cette similitude et cette rivalité expliquent que, de 1933 à 1939, les tenants de la première variante (occidentale) qui ne voulaient surtout pas d'une alternative socialiste (même si, de fait, l'`Union Soviétique en était la trahison) aient vu en Hitler un rempart contre le bolchevisme, et l'aient aidé à renforcer son pouvoir. Après la défaite militaire d'Hitler, dont l'Union Soviétique avait été le principal artisan, Churchill écrira: "Nous avons tué le mauvais cochon" et, dès son discours de Fulton (1946) ouvrira le nouveau front de la guerre froide pour atteindre, avec les Etats-Unis, l'objectif prioritaire d'Hitler: l'élimination de l'Union soviétique. 3 - Le dessein ultime d'Hitler: la domination mondiale (de 10.000 ans, disait-il) par la destruction sauvage des races inférieures a été réalisé par les procédés barbares qu'il avait mis en oeuvre mais qu'il n'avait pas inventés : l'eugénisme et le darwinisme social par la stérilisation massive dans le Tiers Monde surtout pour éliminer les moins aptes et qui sévit aujourd'hui à une échelle infiniment plus grande qu'à l'époque où elle était pratiquée par les nazis. *** Un ami, prêtre missionnaire au Cameroun pendant des années, me disait un jour: "Le malheur de notre Eglise chrétienne en Afrique, c'est qu'elle a donné l'impression que Dieu ne s'est pas fait homme, mais occidental. Si bien qu'un noir à le sentiment que, pour devenir chrétien, il doit devenir blanc." Ce drame, n'est pas seulement celui de l'Afrique mais de tous les pays qui connurent la civilisation occidentale sous le triple visage du militaire, du marchand et du missionnaire, le premier lui imposant ses armes, le second son modèle économique, le troisième sa religion. (note perso: J'aime bien cette vision réaliste de la trinité, en plus c'est dans le bon ordre.) Une religion qui se disait, par exemple, catholique, c'est à dire universelle, mais qui était en réalité romaine, ne considérant comme histoire sainte que celle des hébreux puis de leurs vainqueurs chrétiens affichant à leur tour leur prétention d'être le peuple élu destiné à dominer tous les autres. *** Mon expérience de marxiste m'a appris que le déterminisme selon lequel l'avenir n'est que le prolongement nécessaire du passé, ne pouvait fonder qu'une doctrine conservatrice, à la manière de l'empirisme organisateur de Charles Maurras. Une révolution a plus besoin de transcendance que de déterminisme. Le méconnaître conduit à l'implosion, dont une histoire récente nous a donné l'exemple. Mon expérience de musulman m'a appris les exigences, ou plutôt les sacrifices, qu'implique la communauté. Tout individualisme, même codifié dans des déclarations des droits de l'homme, ne conduit qu'à la jungle d'égoïsmes affrontés où chacun est le concurrent et le rival de tous sur tous les marchés, c'est-à-dire sur toutes les enceintes (fussent-elles mondiales) où se heurtent les intérêts de chacun, faisant de l'homme un loup pour l'homme. Mon expérience de chrétien m'a enseigné que Jésus n'est pas ce Christ tout puissant que l'on déduit de ce que l'on croit savoir de Dieu pour en faire le Fils de Yahvé, Dieu des armées et de la vengeance, ou de Zeus qui brandit la foudre. Il nous a au contraire montré, par ses actes, ses paroles et sa mort, que la transcendance peut émerger de l'impuissance même et de l'amour: chaque être aimé devient une théophanie, une apparition vivante du Dieu qu'il porte en lui: "Ce que vous avez fait au plus petit d'entre vous, c'est à moi que vous l'avez fait." (Math. XXV, 40) C'est cette triple et indivisible expérience du transcendant que je voudrais transmettre, car elle est le germe de toute foi et de toute action créatrice. Paul Ricoeur écrivait un jour: "La religion est une aliénation de la foi.", car chaque religion est la foi exprimée dans le langage d'une culture. Ce que nous appelons une crise de la religion est, en réalité, la crise de la culture dans laquelle elle s'exprime: la culture occidentale de la puissance et de la domination. Quelle place, dès lors, peut avoir cette foi, coeur de toute religion, dans la vie sociale et politique? Jésus, pas plus que Bouddha n'est venu apporter une religion nouvelle: ils ont même été les plus irréligieux des hommes en violant les Lois des religions de la puissance qui n'enseignaient à l'homme que ce qui était interdit ou intouchable, qu'il s'agisse de la Loi des sadducéens ou des pharisiens, ou du régime des castes en Inde, l'une et l'autre impliquant, au nom du Sacré, la domination d'une oligarchie et les résignations des multitudes. **** Tenir ce genre de discour fait-il de Garaudy ou de moi des suppots de l'extrême-droite? Allons un peu de sérieux.