LIBÉREZ JAGGI SINGH,
PRISONNIER POLITIQUE DU SOMMET DES AMÉRIQUES!

Écrivez-lui en prison!
Protestez auprès des autorités responsables de on
châtiment politique!
(voir adresses à la fin)



PIÉGÉ À QUÉBEC

Montréal, le 29 avril 2001. Jaggi Singh est un otage
politique d’un État qui emprisonne, brutalise et
étouffe dans les gaz lacrymogènes les voix de la
dissidence. La situation de Jaggi est l’illustration
d’un militant ciblé depuis longue date par les
services de renseignements (police politique), se
retrouvant piégé dans les rouages de l’engrenage de la
criminalisation de la contestation. Depuis son
arrestation-enlèvement du 20 avril dernier, Jaggi fait
face à des accusations-bidons de « participation à une
émeute », de « bris de condition » et de « possession
d’arme dans un dessein dangereux » (ils disent que la
catapulte-lançeuse-à-toutoux est à lui).

Jaggi est un militant anarchiste engagé politiquement
depuis de nombreuses années. Avant son incarcération,
Jaggi a travaillé pendant une année à participer à
l’organisation de la mobilisation contre le Sommet des
Amériques au sein de la Convergence des Luttes
Anticapitaliste (la CLAC). De plus, Jaggi, qui est
connu de tous comme étant un militant non-violent fort
dévoué, était aussi actif dans l’organisation du
prochain salon du livre anarchiste de Montréal, au
mois de mai 2001, et a donné infatigablement des
conférences critiquant le capitalisme globalitaire
d’un bout à l’autre de l’Amérique du nord.

La libération de Jaggi a été refusée par le « juge de
paix » Yvon Mercier, le 26 avril dernier. Bien que
plusieurs avocats travaillent sur les recours
possibles pour sortir Jaggi de la prison
d’Orsainville, plusieurs de ses camarades craignent
qu’il ne soit détenu jusqu’à son procès, ce qui
pourrait durer encore plusieurs semaines. Sa prochaine
comparution est fixée pour le jeudi 3 mai prochain, et
il sera question de déterminer la date de l’enquête
préliminaire.

De toutes les 463 arrestations commisent lors du
Sommet des Amériques, c’est celle de Jaggi qui a fait
les manchettes d’un bout à l’autre du pays. Bien que
la plupart des centaines d’autres arrestations dont on
a pas (ou peu) entendu parler furent souvent toutes
aussi scandaleuses que celle Jaggi, le fait est aussi
que ces centaines d’arrêtéEs sont aujourd’hui sortis
d’Orsainville, tandis que Jaggi y poireaute toujours.

Arrestation un peu particulière aussi, pour ne pas
dire « personnalisée », qui était carrément et ni plus
ni moins qu’un kidnapping : se faire sauter dessus et
se faire tabasser par six flics en civil déguisés en
manifestantEs, dont certains portaient des foulards et
des lunettes de plongée, et ce, devant une rue bien
peuplée, qui plus est, presqu’en face du très actif
Comité populaire Saint-Jean Baptiste, en fin
d’après-midi. Il importe aussi de préciser qu’à ce
moment-là, la rue Saint-Jean où ça s’est passée, était
désignée comme étant une « zone verte », destinée aux
personnes qui, comme Jaggi, désiraient manifester sans
courir les risques d’arrestationsBR>
Il en avait d’ailleurs fallut de peu pour que des
témoins indignés, qui se sont aussitôt jetés dans la
mêlée pour lui porter au secours en ne pouvant savoir
si c’était véritablement des flics, parviennent à
libérer Jaggi de ses agresseurs. À ce moment-là, Jaggi
avait déjà été plaqué contre le sol, et fait
prisonnier par trois agents qui l’entouraient
étroitement, plus un autre par-dessus lui qui
l’immobilisait à terre.

Les agents se sont alors mis à crier « POLICE! », et
firent surgir, de la poche intérieure de leur veste,
une matraque télescopique de 7 pouces, qu’ils
brandissaient aux nez des leurs assaillants. Profitant
de l’effet surprise, les flics jettent Jaggi à
l’intérieur de leur fourgonnette banalisée et
disparaissent sous une pluie de projectiles et
d’injures.


Un vétéran de la machine à
arrestation-détention-condamnation

Pour bien comprendre la situation judiciaire actuelle
de Jaggi, un retour en arrière s’impose. Rappelons
tout d’abord que Jaggi avait été arrêté pour la
première fois à Vancouver, en novembre 1997, alors
qu’il était profondément impliqué dans la mobilisation
contre la conférence d’APEC (Association of Pacific
Economic Cooperation). Jaggi avait été littéralement
kidnappé sur le campus de l’Université de
Colombie-Britannique par des agents en civil la veille
avant la tenue de la manifestation.

Jaggi a comparut en Cour sous des accusation-bidons de
« voie de fait contre un policier » pour avoir haussé
le ton dans un porte-voix à proximité de l’oreille
d’un agent, lors d’une manif remontant à il y a
quelques semaines. Il avait été libéré sous la
condition de ne participer à aucune manifestation
contre les pays de l’APEC (ce qui inclut le Canada) et
fut réarrêté quelques heures plus tard lors de la
manifestation contre l’APEC! Toutes les
accusation-bidons portés contre les opposantEs de
l’APEC ont non seulement été abandonnées plus tard,
mais qui plus est, ce fut ensuite toute l’opération
policière menée par la GRC qui fut scrutée à la loupe
par une commission d’enquête mise sur pied à cet
effet.

Ensuite, Jaggi fut arrêté par les agents de
l’anti-émeute du SPCUM (Service de police de la
communauté urbaine de Montréal), en compagnie de 98
autres manifestantEs, le 25 mai 1998, lors de la
désobéissancecivile non-violente organisée par
l’Opération SalAMI au cours de laquelle étaient
bloqués les accès de l’hôtel Sheraton, où se tenait
une autre rencontre de banquiers et de big-shots de la
big-business sous le nom de la Conférence de Montréal.


Après un retentissant procès, au cours duquel il avait
été le seul accusé à se représenter lui-même, Jaggi
ainsi que 85 autres de ses co-accuséEs ont été
reconnut coupables de d’avoir « troubler la paix », d’
«attroupement illégal », d’ « entrave au travail des
policiers » et de « méfait » en juin 1999. Le 1er
novembre suivant, il était condamné à une probation
d’une année, à des travaux communautaires et avait
fait l’objet d’une absolution conditionnelle.

Puis, Jaggi a été arrêté lors du 1er Mai Anarchiste à
Westmount, avec 156 autres manifestantEs, lors d’une
manifestation impitoyablement étouffée par une armée
de flics anti-émeute du SPCUM. Comme 146 autres
manifestantEs, il a été accusé d’avoir « troublé la
paix », d’ «attroupement illégal » et de « méfait ».
Jaggi faisait parti d’un groupe de dix accusés qui
avait comparut détenus, le 2 mai, et qui ont été remis
en liberté sous six conditions, incluant celle ne pas
participer à aucune manifestation publique qui
deviendrait « non-paisible et non-légale » d’ici la
fin des présentes procédures.

Six mois plus tard, les agents anti-émeute du SPCUM
arrêtent encore Jaggi le 23 octobre 2000 lors de la
manifestation contre la réunion du G-20 (groupe des 20
pays les industrialisés) au Sheraton, à Montréal, et
fut accusé de « bris de condition », « participation à
une émeute » et «attroupement illégal ». Cette
fois-ci, Jaggi avait été détenu pendant trois jours et
était sorti en signant un engagement personnel de
l’ordre de 3000$, de même qu’une camarade s’était
aussi engagée devant la Cour a payé 1000$ si Jaggi se
retrouvait encore accusé d’avoir brisé les conditions
que lui avait imposé la Cour municipale de Westmount.

Cependant, le 10 avril dernier, la procureur de la
poursuite dans le dossier du G-20 a demandée et obtenu
de la Cour le retrait de l’accusation de « bris de
condition », en disant que suite à des vérifications
auprès de la Cour de Westmount, que ces conditions ne
s’appliquaient pas en dehors des limites de cette
municipalité embourgeoisée.

Rapport de la salle 2.22 :
Une parodie de justice dans un climat totalitaire

Jaggi, qui se défend lui-même devant « le juge de paix
» Yvon Mercier, a comparu par vidéo pour la première
fois en avant-midi le samedi 21 avril dans une salle
vide du « Palais de justice » de Québec (les gardes
refoulaient quiconque voulait entrer à l’intérieur de
l’édifice). Jaggi avait alors demandé à la Cour d’être
libéré de ses menottes pour pouvoir prendre des notes,
ce que lui a refusé le juge Mercier. Le procureur de
la Couronne s’opposait à sa remise en liberté et il
revint sur l’écran vidéo de la salle 2.22 le mercredi
25 avril suivant, pour son enquête sur sa remise en
liberté, qui se termina le lendemain.

Yvon Mercier, qui est sans doute l’un des juges les
plus colériques et de plus mauvais poil de tout le «
Palais de justice » de Québec, a dirigé cette journée
et demi d’audiences d’une main de fer, instaurant un
régime des plus fachos à l’intérieur de sa cour. Pas
moins de cinq personnes ont été jetées de cette salle
de malheur par les gardes (« constables spéciaux »)
zélés de sa seigneurie Mercier durant l’enquête sur la
liberté de Jaggi. La consigne que donna le « juge de
paix » à ses gardes était simple et facile à appliquer
: « au moindre rire, vous les sortez ».

Cela inclut un camarade de Jaggi qui sest vu obliger
de retirer son t-shirt à cause d’un signe A-cerclé
(pour ANARCHIE) qui avait dessus, en début
d’après-midi du 25 avril. Le camarade a alors brandit
dans les airs son t-shirt censuré aux quelques 60
autres membres du public qui attendaient, assisEnt
dans le 2.22, la reprise de l’audience, en disant tout
fort : « voilà le t-shirt qu’ils ne veulent pas que
je porte », avant de se rasseoir, torse nu, uniquement
couvert par sa veste.

L’audience reprit et se fut neuf autres manifestantEs
détenuEs à Orsainville qui se sont succédéEs sur la
vidéo-comparution. Leur remise en liberté coûtera au
total de 3000$ en caution en argent liquide, incluant
500$ chaque fois qu’il s’agissait d’une personne
habitant les États-Unis. Puis, une autre pause. Les
gardes reviennent voir l’homme sans t-shirt, lui
ordonne de remettre son t-shirt à l’envers, question
de cacher le sigle prohibé. L’insoumis refuse et se
fait expulser sans ménagement par plusieurs gardes, en
criant : « On assassine la liberté dans cette Cour! »

Dès le début de l’enquête, « l’honorable juge » donna
le ton. Quand Jaggi commença l’audience en se
plaignant qu’il « entends très mal » (ce qui se disait
dans la Cour), cet aimable « juge de paix » Mercier
lui répondit « Parfait. » Me George Letendre,
procureur de la Couronne, fait alors entendre son seul
témoin, le sergent-détective François Colin du Service
de police de Québec, un des ravisseurs de Jaggi.


Le témoignage du policier

Le s/d Colin était membre de ce qu’il a lui-même
appelée une « bonne équipe d’agents de renseignement
». Ces différentes équipes mobiles (ou groupes
d’affinités policiers, si vous préférez), qui
sillonnaient les rues en fourgonnettes banalisées à la
recherche de militantEs cibléEs préalablement, étaient
composées d’agents de la SQ, de la GRC et de la police
de Québec, et avaient pour fonction les enquêtes sur
les flagrants délits ainsi que de « procéder à des
arrestations à des endroits stratégiques ».

Jaggi était évidemment ciblé d’avance, le s/d Colin
avouant lui-même sans difficulté que son équipe «
avait plusieurs photos de lui ». Selon les dires du
s/d Colin, l’ethnicité même de Jaggi facilita son
arrestation quand il dit que cet activiste était «
facilement remarquable à cause que M. Singh est
d’origine hindoue » (on comprendra que le s/d Colin,
qui n’est pas d’origine hindoue, est quant à lui
plutôt peu remarquable).

Durant son témoignage fait sous serment, le s/d Colin
s’est parjuré à plusieurs reprises, une infraction
criminelle punissable d’un maximum de 14 années
d’emprisonnement. Parmi les faussetés sorties de la
bouche du s/d Colin, mentionnons quand il a dit que
Jaggi était tellement constamment entouré qu’il en
avait son « propre périmètre de sécurité », quand il a
dit que Jaggi « donnait des commandements aux
agitateurs avec un porte-voix », quand il dit que
Jaggi aurait ordonné de « faire tomber le mur », et
surtout quand il a dit que Jaggi « a donné l’ordre de
faire avancer une catapulte géante » et quand il dit
que « les toutous se sont transformés en cocktails
Molotov ».

Lorsque le s/d Colin a fait un compte-rendu du
kidnapping de Jaggi, il a joué les victimes en disant
qu’ « au cours de la bousculade, un des enquêteurs
s’est faite casser un os de la jambe, et il est en
arrêt de travail pour plusieurs mois ».

Puis, le s/d Colin s’est fait contre-interrogé par l’ «
ami de la Cour » (« amicus curri »), Me Pascal
Lescarbeau, qui épaulait juridiquement Jaggi. Me
Lescardeau a démolit en deux temps trois mouvements
toute la crédibilité du témoin de la poursuite,
presque aussi facilement que l’écroulement d‘une
portion du périmètre de sécurité dès le début de
l’arrivée de la manifestation du Carnaval contre le
Capitalisme de la CLAC en face la clôture, le 20 avril
sur le boulevard René-Lévesque.

Lorsque contre-interrogé sur cette histoire de «
cocktails Molotov », ce s/d Colin peu malin répondit
qu’il « peut pas vous dire d’où proviennent ces
informations ». Le procureur de la poursuite s’est
alors énergiquement objecté à des questions portant
sur le fonctionnement de l’opération, telles que celle
au sujet de la chaîne de commandement, en répétant que
ceci n’était « pas une commission d’enquête ».


Les témoins de la défense

Durant l’après-midi du 25 avril, la défense a présenté
deux témoins. La première témoin, Judy Rebick est une
activiste aussi vétérane que notoire. Pour bien
comprendre qui est cette témoin, la Cour a eue droit à
un condensé de son curriculum vitae : Mme Rebick a
écrit des bouquins, remplit deux mandats à la
direction du National Action Committee on the Status
of Women », a déjà été animatrice de deux émissions de
télé sur le canal CBC (Radio-Canada anglophone) et est
actuellement columniste sur le site web de CBC. Bref,
des sources dans le milieu militant n’hésitent pas à
qualifier Judy Rebick « de Françoise David du Canada
anglais, en moins téteux ».

Judy a témoignée qu’elle a participée à l’élaboration
et au financement de la catapulte après avoir
contactée par email par un groupe des gens qui lui ont
suggéré ce projet. Selon Rudy, le concept s’agissait
en fait d’avoir une catapulte-lançeuse-de-toutous dans
le cadre d’un « bloc médiéval » pour dénoncer le
périmètre et ses soldats comme une mesure elle-même
digne de l’époque médiévale. Les participantEs au
projet se sont entendus pour que la catapulte ne lance
rien de plus pesant que des oursons en peluche et des
confettis.

Jaggi ne put s’empêcher de demander à Rudy s’il y
avait des cocktails Molotov à l’intérieur des oursons
en peluche, une question qui a aussitôt suscitée une
réprimande maussade de la part du « juge de paix »
Mercier. Ensuite, la défense fit entrer un ourson en
peluche à l’intérieur du tribunal, pour montrer à la
Cour de quoi à l’air un ourson en peluche. Déposé en
preuve à côté de Judy, cet échantillon de nounours
était deux fois plus gros que les oursons en peluche
catapultés par le « bloc médiéval », de préciser la
défense.

Rudy a témoigné à l’effet que durant tout le temps
qu’elle a passée à côté de la catapulte lors du
Carnaval contre le capitalisme du vendredi 20 avril,
elle n’a jamais vu Jaggi, et que plus tard, quand elle
l’a vue, « il encourageait les gens à se retirer et
aller dans la zone verte » (pacifique, à risque
minimal).

Ensuite, la défense a fait entendre son second témoin,
soit Stéphane Robitaille, permanent au Comité
populaire Saint-Jean Baptiste. Stéphane a témoigné à
l’effet qu’il était le responsable du service d’ordre,
composé de huit personnes et que « le Comité ne
pouvait se permettre d’organiser des activités
incitant à la violence. » Lorsque le kidnapping de
Jaggi est survenu, Stéphane a déclaré à la Cour que «
nous avions cru que c’était d’ manifestants qui
s’en prenaient à Jaggi, et que, comme nous étions du
service d’ordre, nous devions intervenir. »

Puis, ce fut au tour de Jaggi lui-même d’offrir son
propre témoignage. Jaggi, qui parlait avec l’élan
oratoire d’une personne qui attends depuis une semaine
au fond de sa cellule d’ avoir enfin l’opportunité de
donner sa version des faits de toute cette énorme
supercherie. Il a déclaré que le 20 avril dernier, il
n’exerçait aucune fonction de leadership, qu’il a
quitté dès qu’il a vu les gaz et le canon à eau, qu’il
ne s’est jamais approché du périmètre de sécurité.

Jaggi a déclaré que, tout le long du trajet de la
manif, son rôle consistait essentiellement à
communiquer avec la population qui observait le
déferlement de l’impressionnant cortège carnavalesque.
Avec une dose d’ironie, Jaggi s’adressait aux
citoyenNEs en leur disant que la manifestation était
une sorte « d’invasion anglaise », car il y avait des
gens venant de Boston, Chicago, New York, Toronto,
etc., mais que cette invasion était plus amicale que
l’invasion qui a menée à la bataille sur les Plaines
d’Abraham!

Ensuite, Jaggi a déclaré qu’il avait comme
responsabilité de communiquer avec Naomi Klein,
columniste au Globe Mail et critique célèbre des
multinationales, pour lui rapporter comment se
déroulait la manif, afin que celle-ci puisse
transmettre directement les derniers développements à
environs mille personnes participant au « sommet des
peuples », qui se déroulait au même moment. Commentant
son arrestation, Jaggi a déclaré qu’il avait été
frappé à trois reprises sur la poitrine, qu’à aucun
moment il n’a eu la lecture de ses droits et qu’il a
attendu six heures avant de pouvoir parler avec un
avocat.

Lors de son témoignage, le juge a interrompu Jaggi à
quelques reprises, entre autres pour lui dire qu’il
n’était pas pertinent, au stade de l’enquête sur la
remise en liberté, d’entreprendre de se décrire
comment il est en tant que personne. Jaggi a alors
répliqué que c’était très pertinent puisque la
personnalité d’un accusé constitue l’un des critères
dont peut disposer la Cour pour déterminer
l’admissibilité, ou non, d’une personne à sa remise en
liberté. Dans une étonnante démonstration d’humilité,
le juge Mercier a été forcé de donner raison à Jaggi,
qui venait carrément de lui donner une leçon de droit
(par vidéo, en plus!).

Lorsque Jaggi a prit une pause, après un assez long
monologue, pour s’entretenir quelques instants avec Me
Lescarbeau. Le juge Mercier en a alors profité pour
suspendre l’audience et annoncer qu’elle se poursuivra
le lendemain matin, au grand mécontentement des
dizaines de sympathisantEs présentEs dans la salle,
dont plusieurs se mirent se mirent à rouspéter. Le
juge Mercier fouetta alors le zèle de ses sbires : «
gardes, ceux qui crient, je vous autorise à les
arrêter! ».


26 avril : Fin de l’enquête sur la remise en liberté

Le lendemain matin, Jaggi a reprit son témoignage. Il
a annoncé qu’il avait eu, la veille, un entretien
téléphonique avec nul autre que le procureur de la
Couronne de la Cour municipale de Westmount, Me John
Donovan, et que celui-ci lui a admis, que selon son
souvenir, les conditions qui lui avaient été imposées
le 2 mai dernier, ne s’appliquaient que sur le
territoire de Westmount. Jaggi a aussi demandé à Me
Donnovan s’il pouvait user de son influence pour le
sortir de ce pétrin, ce à quoi l’intimé lui a répondu
qu’il « verrait ce qu’il peut faire ». Jaggi a aussi
tenu à rappeler qu’il existait « une certaine
camaraderie entre les procureurs de la Couronne ».

Puis, arriva le moment des plaidoiries. Jaggi débuta
en disant que n’importe qui se trouvant sur le
boulevard René-Lévesque le 20 avril aurait pu être
accusé de « participation à une émeute », et que la
police elle-même, quand elle fait référence à la
situation sur le boulevard, ne parle pas d’ « émeute »,
mais plutôt de « débordement », en ajoutant qu’il
n’était « pas sûr que la participation à un
débordement soit un crime ».

Jaggi a affirmé que l’accusation de « possession de
catapulte » est une « charge médiévale », et il aussi
douté tout haut que de « lancer des oursons en peluche
avec une catapulte constitue une menace à la sécurité
nationale ». Jaggi a ensuite poursuivit en affirmant
que sa « détention mine la confiance envers le système
judiciaire », que « ces accusations affectent son
droit à la liberté d’expression et d’association », et
que « c’est pas la première fois que ça arrive, que
quand des chefs d’États arrivent, on (me) kidnappe ».

Le juge Mercier a interrompu Jaggi à plusieurs
reprises durant sa plaidoirie, en lui disant que telle
chose n’était pas pertinente, qu’il se répète, etc.
Jaggi lui répliqua qu’il n’était pas avocat, le juge
lui rétorqua qu’il aurait peut-être dû laisser son «
amicus curri » plaider à sa place. Me Lescarbeau, qui
prit la relève, a conclut brièvement, en citant la
décision dans l’affaire Pearson et Morales sur la
question du fardeau de la preuve renversé à l’enquête
sur la remise en liberté.

Puis, ce fut au tour du procureur de la Couronne de
faire entendre sa plaidoirie, où il a répété des
choses déjà entendues de la bouche du s/d Colin.
Aussi, Me Letendre a dévoilé qu’il avait un vidéo où
l’on voit Jaggi : « il a été filmé, il va pouvoir
se voir sur les films, il va pouvoir se voir proche de
la catapulte, lors de la divulgation ». Ce que
cette révélation tend à prouver, c’est plutôt que
Jaggi était ciblé d’avance par l’oeil de la caméra de
police.

Le procureur Me Letendre se lance vraiment à fond de
train pour garantir la poursuite de l’incarcération
politique de Jaggi, en menant une plaidoirie
diabolisante pour l’accusé, le dépeignant comme un
indomptable récidiviste : « il dirigeait avec
violence, il encourageait à la violence », « il n’est
pas un néophyte dans les manifestations », « il a été
arrêté trois fois à Montréal », « cet individu
constitue une menace », etc.

Le juge Mercier accorda, avec réticence, un droit de
réplique à Me Lescarbeau, qui lui plaida que le casier
judiciaire de Jaggi (Opération SalAMI) reçut une
absolution conditionnelle et qu’il est donc réputé ne
pas avoir d’antécédents, qu’il bénéficie d’une
présomption d’innocence, que d’autres qui avaient
conditions similaires ont été remis en liberté et que
ça servirait mieux l’intérêt de la justice qu’il soit
libéré sur le champs.

La décision du juge Mercier est rendue à partir de
11h30. Une meute de caméras de journalistes attendent
à l’extérieur de la salle. À l’intérieur, 9 gardes
observent attentivement le moindre mouvement suspect,
alors que le juge Mercier « avertit toutes les
personnes qu’il y a dans la salle, ne tolérait aucune
remarque, aucun bruit que ce soit ».

Le juge a parlé d’un « point à clarifié », a commenté
de cette façon la controverse au sujet de
l’interprétation sur l’étendue de la juridiction à
donner aux conditions de remise en liberté imposées à
la Cour municipale de Westmount depuis le 2 mai 2000 :
« La Cour est fort surprise que non seulement le
procureur de la Couronne mais aussi le juge, auraient
dit que ça s’applique seulement à Westmount ». Dans
l’esprit du juge Mercier, « jusqu’à preuve du
contraire, les ordonnances en vertu du Code criminel
canadien s’appliquent à travers tout le Canada ».

Puis, le juge Mercier est revenu sur les témoignages.
Quand il en est arrivé à celui de Judy Rebick, dont il
a dit qu’elle était un « excellent témoin », « très
crédible », le juge Mercier affirme l’avoir entendu
témoigner que Jaggi avait encourager la foule à foncer
sur le périmètre, ce qui est tout à fait faux! Du
véritable détournement de paroles : le juge Mercier ne
voulait tellement pas entendre la version de la
défense qu’il a été jusqu’à planter des mots dans la
bouche de Judy!!

Le juge conclut en disant que « l’accusé a faillit
dans sa tâche de convaincre la Cour », et prononce une
ordonnance de détention. Me Lescarbeau exige que
l’enquête préliminaire débute le plus tôt possible
tandis que Jaggi, silencieux, lève un poing fermé dans
les airs, geste imité par une vingtaine d’autres
camarades dans un brouhaha qui va en s’amplifiant,
jusqu’à l’expulsion de toute la salle par la petite
escouade de gardiens du « Palais ».

La décision du juge Mercier a été vivement dénoncée
chez les sympathisantEs de Jaggi. « J’ai dit
exactement le contraire », s’est scandalisée Judy
Rebick, tandis que Ian Renaud-Lauzier condamné le fait
que « le juge a donné du crédit à un policier qui n’a
rien vu et à fait dire à Judy Rebick le contraire de
ce qu’elle a dit! ». Le verdict du 26 avril de la Cour
a toute les apparences d’un nouveau coup monté qui
s’inscrit dans la suite logique du kidnapping du 20
avril.

Alex,
Collectif Opposé à la Brutalité Policière


NE LAISSONS PAS TOMBER JAGGI SINGH!

MONTRONS-LUI NOTRE SUPPORT EN LUI ÉCRIVANT DES LETTRES
DE SOUTIEN!

À vous qui n’avez pas été arrêtéEs, ou qui avez pu
être remisE en liberté, c’est le temps de donner du
sens au mot SOLIDARITÉ!

Le minimum que vous pouvez faire, c’est d’écrire des
lettre aux six prisonniers politiques. Ça coûte trop
fois, demande peu de votre temps libre, mais ça peut
faire toute la différence pour les camarades
incarcérés.

Envoyez vos lettres à l’adresse suivante :

Jaggi Singh, msl 50002499
Centre de détention de Québec
500, rue de la Faune
C.P. 7130
Charlesbourg, Québec
G1G 5E4

N’oubliez pas que tout le courrier des prisonniers
peut être ouvert par les gardiens, alors faites
attention à ce que vous écrivez.

Si vous voulez être assuré d’une réponse, nous vous
conseillons d’inclure une enveloppe pré-timbrée dans
votre envoi. Les règles administratives de la prison
d’Orsainville sont très strictes. Si vous envoyez des
revues ou des journaux, ils doivent être autorisés par
la direction avant d’être acheminés aux prisonniers.
Quant aux livres, inutile d’y penser. Les gardiens
peuvent même confisquer des photocopies d’articles de
journaux, selon leur contenu.


Pour envoyer des fonds pour supporter les personnes
arrêtéEs et les prisonniers politiques du Sommet des
Amériques, envoyez vos chèques à l’adresse suivante :

Comité d\'Acceuil du Sommet des Amériques (CASA)
(à l\'attention du fonds de défense)
Caisse d\'Économie des Travailleurs et Travailleuses
Desjardins
15 Boulevard Charest Est, suite 500
Québec, Qc
G1K 3G6

Pour un dépôt direct, envoyez vos fonds au :

numéro de transit: 92276-815
folio 32130

Si vous êtes de l’extérieur du Québec, au Canada,
envoyez-vos des donations à :

Le Maquis
C.P. 48026
110 Boul.René Lévesque
Québec, PQ
G1R 2R5

For donations from the USA, cheques/deposits should be
made to the Lower East Side Fund:

The credit union is the Lower East Side People\'s
Federal Credit Union
.
The account number is 7181
The routing number is 226082598

Ensuite, envoyez un email à : la_casa2001@hotmail.com,
avec « Fonds de défense » dans sujet et indiquez
combien vous avez envoyés et la date de votre envoi.

Merci!



PROTESTONS CONTRE L’INCARCÉRATION POLITIQUE DE JAGGI
SINGH!

Faites connaître votre mécontentement au patron du
procureur de la Couronne qui s’est opposé à sa remise
en liberté :

Le ministère de la justice du Québec :
Téléphone (418) 643-4210
Fax (418) 646-0027.

Dites ce que vous pensez de la situation de Jaggi au
dirigeant du pays :

L\'Honorable Jean Chrétien
Premier Ministre du Canada
Bureau du Premier Ministre
80 Wellington Street
Ottawa, Ontario
Canada K1A 0A2

Numéro de Téléphone: (613) 992-4211
Numéro de fax: (613) 941-6900
Courriel: pm@pm.gc.ca