1968 - 1980 : De l'anti-impérialisme à l'alliance avec l'impérialisme. En 1968, par un coup d'État, le parti Baas arrive pour la deuxième fois au pouvoir. Ce parti qui se veut nationaliste, laïque, et socialiste, s'était distingué en 1963 par une féroce répression du PCI (Parti Communiste Irakien). Les USA ont donc un à priori favorable à son arrivée au pouvoir. Les choses se gâtent quand, en 1972, ce parti (alors dirigé par Ahmad Hassan al Bakr) conclut un traité d'amitié avec l'URSS et nationalise le pétrole. Le PCI et les Kurdes soutiennent alors le Baas. Mais dès 1974, le régime rompt avec le PCI et le réprime. Cette répression pousse l'URSS a cessé toute livraison d'armes et à suspendre le traité d'amitié. L'Irak, qui dispose avec la nationalisation du pétrole de ressources financières importantes, se tourne vers les occidentaux qui vont se disputer le marché de la technologie et des armes irakiennes. La France permet à l'Irak d' accéder à la technologie nucléaire (Réacteur OSIRAK détruit en 1981 par un raid israélien). L'Italie et l'Allemagne lui apportent la technologie des armes chimiques. Tout se passe avec l'aval des USA, qui sont eux-mêmes fournisseurs, mais qui donnent aussi leur accord à Israël pour détruire les infrastructures nucléaires. Lorsqu'en 1979, Saddam Hussein élimine Hassan Al Bakr, l'Irak est un allié profitable de l'occident. 1980 - 1988 : Saddam Hussein combat pour l'occident Le Baas qui avait pu, grâce à la rente pétrolière, favoriser le développement d'une petite bourgeoisie qui était sa base sociale, est à la fin des années 70, déjà un régime discrédité. La politique d'armement pèse sur le budget de l'État. La révolution islamique en Iran est perçue comme une menace, par l'écho qu' elle peut avoir dans la majorité chiite du peuple irakien. Saddam pense que c'est aussi une occasion de régler par les armes des litiges territoriaux anciens. L'Iran est en pleine révolution et désorganisation. La victoire devait être aisée. En Septembre 1980, l'Irak attaque l'Iran, avec l'accord tacite des USA. Les premières batailles lui sont favorables, mais dès 1982, la situation s' inverse. L'Iran pénètre en territoire irakien. L'armée irakienne est suréquipée, mais moralement faible et peu combative face à des iraniens moins bien armés, mais déterminés. Saddam va être sauvé par l'aide apportée par l'occident. La France fournit des avions et des véhicules blindés, l'Allemagne des armes chimiques, les USA des hélicoptères de combat et du matériel informatique pour perfectionner ses missiles balistiques. Washington encourage les pays du Golfe à faire crédit sans compter à l'Irak qui s'endette pour plus de 100 milliards de dollars. Dès 1985, les USA dépassent la France comme premier fournisseur de l'Irak. Aux USA, le lobby pro irakien comporte les principales compagnies pétrolières. Les USA s'opposent à la condamnation de l'Irak pour usage d' armes chimiques en 1983 contre les iraniens. Et le conseil de sécurité de l' ONU dénonce l'usage des gaz sans nommer l'Irak. Les USA fournissent à l'Irak des informations sur les mouvements de l'armée adverse recueillis par les avions d'observation AWACS. En 1986, la marine US intervient contre l'Iran pour éviter la débandade des armées irakiennes. Dans le même temps pourtant les USA, par l'intermédiaire d'Israël, livrent des armes à l'Iran. Ce que veulent les USA, c'est qu'il n'y ait ni vainqueur ni vaincu, et comme le disait Henri Kissinger, « qu'ils continuent à s' entre-tuer le plus longtemps possible ». Les USA ne veulent dans cette région aucun État réellement fort, pouvant contrarier leurs intérêts. 1990 : La seconde guerre du Golfe Avant 1990, le jugement de John Kelly, sous secrétaire d'État américain, est que « l'Irak de Saddam est une force de modération dans la région ». L'Irak est alors un bon client des USA avec plus de 3 milliards d'achats de matériel en 1990, et un de leurs principaux fournisseurs de pétrole. Après de gazage des populations Kurdes de Halabja, Bush père s'oppose au vote par le sénat américain de sanctions contre l'Irak. L'Irak endetté ne peut pas payer les créanciers, les pays du Golfe en particulier. Devant le refus de ceux-ci de reconnaître que l'Irak a aussi défendu leurs intérêts, l'Irak annexe le Koweït en août 1990. L'Irak, « troisième armée du monde », selon les USA, devient la menace principale. Cette menace permet aux USA d'établir des bases en Arabie Saoudite, alors que depuis 50 ans ce pays s'y refusait. En janvier et février, pendant 42 jours, 85.000 tonnes de bombes sont déversées sur l'Irak (7 fois la puissance de la bombe d'Hiroshima). Fin février, les soldats irakiens en déroute livrent leurs armes au peuple à Zubayr. En quelques jours, tout le sud Chiite se soulève, rejoint bientôt par le Kurdistan. 15 provinces sur 18 sont aux mains des insurgés. Mars 1991 : Les USA au secours de Saddam Hussein Le 28 février, les USA décrètent un cessé le feu unilatéral, permettant ainsi à la Garde nationale, troupes d'élite du régime, de se replier sans trop de pertes. Cette Garde nationale reprend alors le sud insurgé avec l' appui tacite des USA et de leurs alliés. Le 3 mars, les chefs militaires irakiens obtiennent de pouvoir faire voler des hélicoptères et d'utiliser l' artillerie. Les troupes alliées neutralisent les dépôts d'armes pour éviter qu'ils ne tombent aux mains des insurgés. Saddam peut bombarder à l'arme chimique la ville de Rumaytha sans que les alliés ne s'en émeuvent. La répression a fait entre 100.000 et 150.000 morts, soit un nombre de victimes équivalent aux bombardements. Le Kurdistan ne subit pas un sort aussi dramatique. Le 16 avril, les troupes US pénétraient au Kurdistan pour éviter l'exode massif des populations. Depuis 1991, l'Irak dépendant des USA .... Depuis, la fin de la guerre du golfe, l'Irak est un pays étroitement dépendant des USA. Le Kurdistan, autonome de fait, est un protectorat américain que se partagent le PDK et l'UPK. Il reçoit directement 13% des ressources versées à l'Irak au titre de l'accord « pétrole contre nourriture ». Tous les échanges de l'Irak, hormis ceux faits en contrebande, sont contrôlés par l'ONU et par les USA, qui sont le principal consommateur du pétrole irakien. L'Irak a totalement perdu le contrôle de l'écoulement de son pétrole et du prix auquel celui-ci est négocié. L'embargo permet aux USA de s'opposer aussi à tout accord pétrolier de l'Irak avec l'un de leurs concurrents. La société russe Loukoil qui négociait des contrats d' exploitation en Irak a dû y renoncer. Le lobby pétrolier américain a donc milité pour obtenir un déplafonnement des quotas de pétrole commercialisé par l'Irak au titre de l'accord « pétrole contre nourriture ». En juillet 2001, l'ONU autorisait le déplafonnement complet des quantités de pétrole vendues par l'Irak au titre de cet accord. Tout le pétrole irakien pouvait donc s'écouler sous le contrôle indirect des USA. Cette situation d'embargo qui pèse lourdement sur le peuple irakien, est une aubaine pour le régime de Saddam, qui reste le seul interlocuteur de l'ONU. Le clan familial de Saddam est le principal bénéficiaire de la contrebande et de la redistribution des produits échangés au titre de l'accord. Son fils s'est assuré le monopole de la commercialisation du poulet qui est devenue la principale viande produite et consommée en Irak. Les USA, comme le régime de Saddam, auraient intérêt au maintien du statu quo. Alors pourquoi cette guerre en préparation ? Les trois raisons de la guerre en préparation ! L'enjeu irakien, n'est pas immédiatement pétrolier, puisque le pétrole irakien coule déjà sous contrôle US. Il est global. Il y a d'abord l'affirmation des USA en tant que puissance impérialiste hégémonique. Par la guerre, ils obligent leurs concurrents actuels (Européens, Russe, etc.) à se comporter en alliés et à abandonner toute autonomie, à faire front contre un ennemi commun désigné par les USA. Il y a un enjeu régional. Les deux grands pays de la région, l'Arabie Saoudite et l'Iran sont en crise et connaissent des évolutions qui inquiètent les USA. Imposer en Irak un régime militaire, contrôlé plus directement par les USA, est donc indispensable. Les USA pourraient y établir de nouvelles bases militaires, pour remplacer celles qu'ils risquent de perdre en Arabie. Avec un tel régime, les USA pourraient contrebalancer le poids régional de l'Arabie Saoudite. Ce pays est riche, mais 30 % de sa population est aujourd'hui au chômage, et l'endettement de l'État est tel qu 'il ne peut plus jouer le rôle redistributeur qui assurait la paix sociale à la monarchie. Une opposition islamique armée, violemment anti-américaine, y est de plus en plus active. L'Iran va lui vers des changements politiques importants qui pourraient lui permettre de jouer un rôle politique et économique régional qu'il a perdu. Enfin, il y a le pétrole, moins pour les approvisionnements à court terme, que pour l'importance croissante qu'aura le pétrole du Golfe avec la raréfaction des nouvelles découvertes et la monté de nouvelles puissances consommatrices telles que la Chine, dont la production (en volume) devrait dépasser celle de l'Europe avant la fin de la décennie. Contre l'impérialisme américain et ses alliés Non à cette guerre pour la domination et pour le contrôle des ressources. GF