En septembre dernier, le président de la très prestigieuse université de Harvard, Lawrence H. Summers, lançait un cri d’alarme : « ... Alors que l’antisémitisme et les prises de position profondément anti-israéliennes émanaient traditionnellement de populistes de droite peu éduqués, des opinions profondément anti-israéliennes rencontrent un soutien croissant dans la communauté intellectuelle progressiste. Des gens sérieux et pondérés se font les avocats et prennent part à des actions qui sont antisémites dans leurs effets, si ce n’est dans leurs intentions ». Dans le même sens, au début du mois suivant, plus de 300 présidents d’universités américaines signaient une pétition prônant des campus « sans intimidation » afin que les étudiants favorables à Israël ne soient pas inquiétés pour leurs opinions. Cette même pétition demande que les débats sur le conflit au Proche-Orient soient « menés sans menaces, insultes ou intimidation ». Peu de sanctions sont prises Que se passe-t-il donc ? Dans certaines universités américaines, en fait, principalement celles qui ont traditionnellement été le fer de lance du progressisme en milieu universitaire (en particulier Berkeley) ou celles qui comptent de nombreux étudiants d’origine arabe (comme celle d’Ann Harbour, dans le Michigan), « l’Intifada, comme le dit un observateur, s’est déplacée sur les campus ». Une « Intifada universitaire » encouragée principalement par des professeurs, des groupements d’extrême gauche et des associations de Musulmans américains. Cela va parfois très loin. Ainsi, par exemple, suite à une réunion en faveur de la paix en Israël tenue à la San Francisco State University, un groupe de contre-manifestants pro-palestiniens a attaqué « ses opposants » aux cris de « Retournez en Russie », « Sortez ou nous allons vous tuer », ou encore « Hitler n’a pas fini son travail ». Il a fallu la protection des forces de police pour que les pro-Israéliens puissent quitter le campus sans être molestés. A l’Université d’État de l’Illinois, un étudiant juif qui demandait pourquoi une pétition pro-palestinienne ne parlait pas des attentats-suicides s’est entendu répondre que ladite pétition préconisait en fait de « faire sauter la tête des étudiants juifs ». Ailleurs, les documents présentant la conférence « Sionisme égale Racisme » tenue à l’Université du Michigan, refusaient de condamner le terrorisme palestinien en expliquant: « Ce n’est pas à nous à dicter les stratégies et les tactiques adoptées par le peuple palestinien dans son combat pour la libération ». «Hitler n’a pas fini son travail» A la branche de San Diego de l’Université de Californie, des groupements d’étudiants musulmans ont affiché des tracts avec de fausses citations du Talmud. On pouvait notamment y lire : « Une fille non-juive âgée de plus de trois ans peut être violée » ou « Un Juif a l’autorisation de violer, de mentir et de se parjurer mais il doit faire attention de ne pas être découvert pour qu’Israël ne souffre pas de sa conduite… ». Toujours à l’Université de San Francisco, des étudiants manifestant pour la Palestine ont agité des pancartes où l’on voyait une boîte de soupe estampillée « Viande Palestinienne ». A côté, se tenait Ariel Sharon, en train de découper un bébé. Le tout se terminait par la mention « Cacher selon les rites juifs sous licence américaine ». Les cérémonies commémoratives de la Shoah sont également des moments privilégiés pour ce genre d’actions. Par exemple à Berkeley, où la police du campus a arrêté 79 manifestants pro-palestiniens venus interrompre une cérémonie en l’honneur des victimes des Nazis. Des pancartes où l’on voyait une boîte de soupe estampillée « Viande Palestinienne ». A côté, se tenait Ariel Sharon, en train de découper un bébé Mais les violences physiques ne sont pas les seules en cause puisque, parallèlement, se développe une sorte de terrorisme intellectuel d’autant plus inquiétant qu’il n’est pas toujours sanctionné.Tout d’abord, si certains responsables universitaires condamnent les violences, peu de sanctions sont prises contre les fauteurs de troubles. Et ce, au nom de la libre parole au sein de l’université. Ce libéralisme, tout à fait louable dans son principe, permet donc à certains de dépasser les bornes. Ils sont encouragés, en outre, par une sympathie active d’une partie du corps professoral pour tout ce qui est anti-occidental et, par voie de conséquence, anti-israélien. Comme le montre les pétitions pro-palestiniennes et les demandes des « désinvestissements » (voire article ci-contre) émanant de cette même frange du monde universitaire. Mais, certains extrémistes vont plus loin. Là encore, il convient d’illustrer le propos. Lors de la rentrée d’automne, les étudiants de Berkeley se sont vu proposer un cours de Sinehal Shingavi sur « La politique de la résistance palestinienne ». Après avoir décrit globalement le contenu de son propos, ce professeur conclut que le droit des Palestiniens à lutter pour leur émancipation ne sera pas remis en question et que « les étudiants conservateurs sont encouragés à se diriger vers d’autres sections ». En clair, que le libre débat d’idées n’est pas le bienvenu. Malgré les protestations, cet enseignement est maintenu. Dans la même veine, à l’Université de l’Oregon, un cours intitulé « Inégalité sociale » décrit l’État hébreu comme un Etat terroriste. Son responsable, Douglas Card prévient d’avance que ses étudiants doivent être d’accord avec lui pour passer l’examen final.Pire encore ? Julius Cesar Pino, de l’Université Kent State dans l’Ohio, publie une ode aux kamikazes palestinien alors que Robert Ostergard de Suny-Binghampton présente à ses étudiants un invité qui leur explique, en lieu et place du cours, que le sionisme est un fascisme, qu’Israël pratique l’apartheid et que Sharon est comme Hitler. Le professeur Hisham Sharabi, qui officie lui à Georgetown (dans l’État de Washington), déclare sans le moindre scrupule dans les colonnes d’un journal libanais que « les Juifs sont prêts à nous contrôler ». Tous sont toujours en poste. Quant à Nadee Al-Jijakli, qui fut présidente des étudiants arabes de l’Université de New York et qui avait fait circuler un article de Donald Duke, ancien « Grand Dragon » du Klu Klux Klan, dans lequel l’auteur dénonçait la suprématie juive mondiale, elle a reçu, en avril dernier, une récompense des mains mêmes du président de sa fac. Pour avoir aidé « à la prise de conscience concernant la communauté arabe américaine »…