Inondations, politique agricole européenne et consommation responsable.

Depuis de nombreuses années, chaque hiver, nous voyons défiler dans nos petites lucarne des images de morts. Des surgélateurs tués, des caravanes assassinées, des bouteilles de vins noyées, et des milliers de "plastiques" fleurissant les arbres des berges bétonnées! Les inondations sont beaucoup plus fréquentes qu'auparavant et ce n'est pas le climat qui est le principal acteur dans ces drames.

Influences climatiques.

L'augmentation de température qu'a connu ce dernier siècle via l'effet de serre a bien sur un rôle à jouer.

La déforestation des forêts tropicales et équatoriales par les grandes multinationales joue encore un rôle plus important dans les perturbations climatiques. En effet, les masses d'air planétaires en mouvement perpétuel, qui régulent le climat, sont notamment organisées en fonction de la quantité d'humidité et de chaleur emmagasinée dans ces forêts. Et plus de la moitié de leur surface est maintenant détruite et le rythme de déforestation à repris de plus belle depuis quelques années.

Une éventuelle repousse de ces forêts étant inenvisageable avant plusieurs siècles car l'horizon organique (la terre) des forêts équatoriales est très mince et est donc tout de suite lessivé par la pluie, après la déforestation. Il n'est donc pas envisageable de voir une forêt équatoriale naturelle repousser en l'espace de quelques dizaines d'années comme c'est le cas en climat tempéré ou l'épaisseur du sol est beaucoup plus importante.

En tant que consommateurs, nous pouvons toujours refuser l'achat de produits finis à base de bois tropicaux comme le TEK, composant grand nombre de meubles de jardins dans nos grandes surfaces. La mention FSC est la seule à garantir une gestion écologique et durable des forêts.

Canalisation et bétonnage massif.

A coté du climat, c'est la canalisation de nos cours d'eau qui pose problème. Contrairement à la Hollande ou à la France, presque tous nos cours d'eau ont vu leur rives bétonnées, et leurs bassins naturels de crue bâtis ou envahis par des caravanes. Il ne peut donc en résulter que des catastrophes importantes dans ces anciennes zones tout à fait naturelles d'inondation, qui n'auraient jamais du être bâties.

Mais l'homme se croit toujours supérieur à la Nature, et en est même arriver à l'oublier dans ses luttes actuelles.

A quoi a servit ce bétonnage incroyable des cours d'eau?

A favoriser le trafic fluvial, moins polluant? Peut-être, mais nos voisins s'en sortent très bien avec beaucoup moins de béton et la Belgique a totalement laissé tomber cette voie de transport au profit de multinationales routières privées. Elle a dit non au transport par train, par voie d'eau et même notre SNCB délaisse les trains pour une filiale routière, la bien connue ABX. Plus de pollution, plus de profits pour des sociétés privée, et moins de bénéfices pour les citoyens, la politique belge quoi!

Politique Agricole Européenne.

Mais le facteur le plus important dans ces inondations c'est le type d'agriculture favorisée par notre belle Europe (ou par l'OMC, je ne saisis plus très bien la différence). L'agriculture intensive, polluante, source de nombreux suicides d'agriculteurs, de pillage de nourriture de base pour bovins dans les colonies du Tiers-Monde, de crises alimentaire, de torture animale, de massacres de viande sur patte soi-disant contaminée par une maladie bénigne pour l'homme et non mortelle pour les animaux, de pollution et de manipulation génétique, ... est aussi responsable des quantités d'eau importantes qui remplissent ces derniers jours les écrans de nos téléviseurs.

 

Auparavant, nos cultures et pâtures était délimités par des haies. Et c'est un des facteurs les plus importants des problèmes actuels d'inondation.

Les haies ont été d'abord érigées en barrières pour protéger les cultures des intrusions du bétail. Elles servirent aussi de réserve de bois de chauffage, située beaucoup moins loin que la forêt, avec l'apparition d'arbre solitaire "tétard" dans celles-ci.

Ce n'est que plus tard que certains de ses avantages apparurent aux yeux des hommes, tel le rôle important de consolidation du sol apporté par les racines qui empêchent, sur les pentes, le lessivage de celui-ci. Ce n'est pas sans raison que l'on inonde à l'heure actuelle nos champs d'engrais, car ceux-ci, ainsi que les nutriments naturellement présents dans les sols sont très vite perdus et se retrouvent dans les rivières, lessivés par la pluie tombant sur un sol presque nu (cfr nos beaux champs de Campine laissés sans protection végétale durant l'hiver). Les ruisseaux se retrouvent pollués et les pluies ne rencontrant plus de barrières, coulent précipitamment sur un sol déconstitué vers les rivières qu'elles gonflent jusqu'a leur faire dévorer les maisons des hommes construites sur leurs anciens lieux naturels d'inondation.

Et c'est effectivement cette destruction des haies qui causent tant de problèmes actuellement.

Récemment plusieurs maires, en France, ont entamé de replanter des centaines de kilomètres de haies sur leur communes pour faire face à des inondations à répétition.

Pourtant, ces dernières années, les autorités politiques ont entamer une campagne de remembrements de nos campagnes. Des primes d'arrachage d'arbres fruitiers et de haies ont été versées aux fermiers afin de raser toute structure empêchant l'élaboration de vastes cultures, plus rentable pour l'industrie agro-chimico-alimentaire.

De cette politique économique, s'en suit une perte considérable de biodiversité (diminution du nombre d'espèces) mais aussi une perte, au niveau de la qualité des éléments produits, au niveau écologique (simplification et appauvrissement de tout le système), agricole (appauvrissement, destruction du sol,...), patrimonial, historique et social.

Conclusion.

Dans nos luttes actuelles, beaucoup oublient souvent la protection de la Nature. Elle est pourtant essentielle à la survie de l'humanité. C'est elle qui conditionne notre climat, notre alimentation et notre bien-être. Elle est de plus en plus détruite et ses répercutions vont se faire de plus en plus sentir. Par notre action de consommateur, nous nous devons d'influencer le choix des grandes multinationales.

Comment lutter pour une justice sociale, alors que nous allons chercher un poulet à 2 euros le kilo en grande surface, des légumes à des prix imbattables. S'ils sont imbattables, c'est parce que les hommes qui les ont produits sont dans une misère sociale et financière. Acheter irresponsable, c'est donner votre argent aux multinationales et mettre dans la misère sociale agriculteurs et petits producteurs bouffés par les grandes surfaces. Il est parfois plus facile de combattre dans la rue, quelques fois par an, que de se battre tous les jours dans sa vie quotidienne pour construire un monde meilleur.

Mais il parait que la vente de lecteur DVD connaît une progression qui n'avait même pas été envisagée par ses producteurs et le marché de la téléphonie mobile rapporte des sommes honteuses à une poignées d'homme, tandis que le nombre de suicides est à la hausse chez Belgacom-Proximus. Il est facile de nous corrompre n'est-ce pas. On me rétorquera que consommer responsable, c'est pour les riches. Si l'on considère que l'on a besoin de télédistribution, de GSM, de DVD, d'une soirée à 25 euros dans un café pour se relaxer, de nouvelles chaussures car les actuelles sont un peu vieilles, de 25 euros de shit pour s'amuser, d'un ordinateur pour communiquer, alors d'accord, avec toutes ces "nécessités" tout le monde n'a pas assez de pognon pour consommez responsable. L'important, c'est de faire des choix.

 

Achetons notre alimentation chez des petits épiciers bio, notre électroménager chez des petits indépendant, et arrêtons de donner tout notre argent à la construction du marché ultralibéraliste en achetant grandes surfaces, et produits salis par la torture, le suicide et la misère sociale. Triumph s'est retiré de Birmanie, comme quoi la pression des consommateurs à de l'importance, ne la sous-estimons pas.

Topsy.