Pour rectifier et préciser un peu.... Indésirables, les Krishna? Les distributions de nourriture, hebdomadaires et conviviales, par les Haré Krishna, perturbées par une intervention policière… La foule défend ceux qui l'a généreusement nourrie pendant des années. Recit... Depuis 1996, à Liège, les Haré Krishna distribuent gratuitement une moyenne de 200 repas végétariens chaque mercredi midi. L'initiative est motivée religieusement par leur doctrine, et permet de réunir un public diversifié partagé essentiellement entre jeunesse alternative et personnes plus âgées et plus évidemment démunies. Cette aumône, paradoxalement, est devenue pour beaucoup un rendez-vous social, particulièrement agréable les jours de soleil. L'action avait débuté avec l'aval des autorités communales de l'époque (J-M Dehousse). Il n'y a jamais eu d'incident, ni de tentative de prosélytisme de la part de la secte. Il y a environ un mois, tombait pourtant une décision policière interdisant la prolongation de l'initiative. Selon le groupe Krishna, qui fit alors circuler une pétition, aucune raison n'avait été donnée par les autorités. Les habitués ne comprenaient évidemment pas que l'on interdise ce qui constituait à la fois une de leurs habitudes sociales, et, pour beaucoup, un soutien alimentaire bien utile. Les Krishna, eux, ont décidé de braver l'interdiction. Ce mercredi 12 septembre 2001, en arrivant à la Place des Carmes – lieu de ces repas, beaucoup purent observer la présence policière : deux agents et un responsable. Le bruit court: "Profitez-bien du repas, c'est la dernière fois. Ils vont être arrêtés après avoir terminé de distribuer les plats.." Les réactions des habitués se laissaient pressentir : il y aura un bouclier humain pour que cela n'ait pas lieu. Très vite, l'une ou l'autre personne tente d'aller discuter avec les policiers, dont le nombre augmente. On apprend, "que cela fait trop longtemps que cela perdure, ils n'ont plus l'autorisation de continuer, ils doivent aller ailleurs!" Visiblement, les commerçants du quartier ont porté plainte, ainsi que peut-être les commerçants de quartier relativement chic de Liège. Vers 12h45, alors que des gens font toujours la file pour recevoir une assiette, on demande aux deux Krishna présents de monter dans le fourgon… pour aller parler à l'Hôtel de Police. Visiblement, pas de mandat. Le responsable de la police s'énerve : "Allez, suivez-moi, maintenant…". "Non, ils ne sont pas en état d'arrestation, on leur demande de nous suivre", soutient le même responsable à la foule qui s'agglutine et qui l'interpelle. La tension monte légèrement, les agents s'approchent, prennent les Krishna par le bras et tentent une nouvelle fois de les emmener. Les policiers leur demandent que tout se passe dans le calme, les "contrevenants" décident de suivre les agents, invitant chacun à éviter les problèmes… Mais la foule refuse et fait bloc autour du fourgon. Deux autres fourgons arrivent à la rescousse. Une ou deux personnes échangent des coups. Ils sont rappelés à l'ordre par la foule qui ne veut pas faire preuve de violence. De nouveau, les menaces continuent à l'encontre des Krishna : "Messieurs, si vous ne montez pas dans le fourgon, vous serez responsable de ce qui va se passer". La foule s'insurge : c'est elle qui les empêche de monter. Finalement, les policiers arrivent à monter dans leur fourgon, accompagnés de leurs "invités". Un sitting débute alors, constitué d'une cinquantaine de personnes et de cinquante autres installés tout autour. Les discussions partent dans tous les sens, chacun avançant ses arguments. Les policiers demandent à tout le monde de partir. Evidemment la foule reste là, dans une bonne ambiance. On pense même à aller servir des assiettes aux agents. A vrai dire la situation apparaît ridicule : on interdit une distribution de repas gratuits, les bénéficiaires s'insurgent… que peut faire la police? Elle ne va pas arrêter tout le monde ou user de la force. D'autant que la presse et les caméras sont là. C'est donc l'attente. Au bout de 45 minutes, le spectacle ayant bien amusé et interrogé les passants, c'est le dénouement espéré : les deux Krishna sont libérés. Tout le monde applaudit. Les fourgons repartent… L'incident, à vrai dire, peut avoir l'air banal. Même s'il ne se passe pas grand chose à Liège. Des questions importantes méritent d'être posées, de chaque côté : Distribuer des repas et créer un événement apprécié par beaucoup pour son côté absolument non-marchand est-il mal vu par les autorités, soucieuses de faire plaisir aux commerçants? Le côté sectaire des Krishna nécessite-t-il de telles mesures d'interdiction? Certes il faut s'interroger sur ce point, et d'ailleurs, beaucoup d'habitués de ces repas le font. Mais, tout de même, interdire une telle initiative dans une telle opacité d'information apparaît surtout comme arrogant et peu démocratique.