Historique de la sabena (in Le soir en ligne) 1919. Sous l'impulsion d'un pilote, Georges Nélis, soutenu par le roi Albert, le syndicat national pour l'étude des transports aériens (Sneta) est institué afin d'« étudier les possibilités de développer le transport aérien en Belgique ». 1920. Les premiers services réguliers apparaissent entre Bruxelles et Londres ainsi qu'entre Bruxelles et Paris. 1923. Le Sneta ayant rempli sa mission d'étude, l'Etat décide de créer, le 23 mai, la Société anonyme belge d'exploitation de la navigation aérienne, qui s'inscrira dans la mémoire collective sous l'acronyme Sabena. Le capital s'élève à 6 millions de francs. La première ligne officielle, qui se limite au courrier et au fret, relie Bruxelles à Lympne (Royaume-Uni) en passant par Ostende. 1924. Les premiers passagers embarquent, à Bruxelles, sur un vol à destination de Strasbourg. 1925. Le 12 février, Edmond Thieffry, accompagné d'un « second » et d'un mécanicien, ouvre la voie africaine. Ces pionniers rejoignent Léopoldville en 75 heures de vol effectif et... 51 jours au total. 1929. La flotte de la Sabena s'enrichit de 23 Fokker aménagés en vue d'accueillir une dizaine de passagers (et leurs bagages). Parallèlement, la compagnie développe son réseau européen. 1935. Ouverture d'une ligne régulière entre le Congo et la « métropole » (56 heures de vol effectif en 5 jours et demi). 1938. En octobre, la compagnie est endeuillée par le crash d'un appareil, à Soest, en Allemagne. Les 4 membres d'équipage et les 16 passagers meurent dans l'accident. 1939. Sabena met en service ses premiers appareils bimoteurs (les DC3). 1946. Le 24 février, Jeanne Bruyland entre en fonction... Les hôtesses font leur apparition dans les avions de la Sabena. 1947. Après la Deuxième Guerre mondiale, durant laquelle les activités ont été interrompues - sauf en Afrique -, le transporteur traverse l'Atlantique et exploite deux vols hebdomadaires à destination de New York. 1948. Alors que l'année 1945 avait abouti à l'équilibre financier, les exercices suivants se révèlent négatifs et, en 1948, lors de son 25e anniversaire, la compagnie s'enfonce dans le déficit, ses recettes ne couvrant que 97,2 % de ses dépenses. La Sabena obtient, cependant, la garantie de l'Etat pour ses financements - une protection dont elle bénéficiera durant quarante ans - et continue d'étoffer son réseau européen qui comprend une vingtaine de destinations. La société nationale acquiert, en outre, 73 % des parts de la Sobelair, transporteur créé en 1946 et assurant principalement des vols vers le continent africain. Ce dernier deviendra la filiale charter du groupe Sabena. 1953. La compagnie instaure des opérations héliportées entre Bruxelles (départ de l'Allée verte) et plusieurs villes européennes (Londres, Paris, Amsterdam, etc.). Coûteuses, ces activités ne seront abandonnées que dans les années soixante. 1958. La barre des dix mille employés est dépassée; la Sabena dessert 104 destinations dans 39 pays; les bulletins financiers ne cessent de se détériorer. 1961. Le 15 février, l'avion revenant de New York s'écrase dans un champ proche de Bruxelles-National. Septante-deux personnes périssent. 1964. Le cap du million de passagers est, pour la première fois, franchi. 1969. La Sabena atterrit à Tokyo. 1974. Le cinquantième exercice financier de la compagnie est, aux dires de Gaston Dieu, son directeur général, l'un des plus noirs de l'histoire. Les déficits qui se calculaient en dizaines de millions dans les années soixante, dépassent désormais le milliard de francs. Parallèlement, l'Etat fixe son aide statutaire à 1,151 milliard de francs. 1978. En juin, Carlos Van Rafelghem arrive à la tête de la compagnie. Le nouveau directeur imagine un plan d'assainissement. Plusieurs centaines d'emplois seront d'ailleurs supprimées au début de la décennie suivante. 1981. L'inspection des Finances estime, dans un rapport, que sans argent frais, la compagnie est vouée à la faillite. Le déficit cumulé atteint 8,9 milliards de francs. Aussi, l'Etat injecte-t-il quelque 7,25 milliards de francs dans la Sabena. Tandis que cinq milliards servent à amortir des pertes reportées, le capital de la société nationale passe à 3 milliards. 1990. British Airways et la néerlandaise KLM acquièrent chacune 20 % du capital (correspondant à un investissement de 2 milliards de francs) de « Sabena World Airlines » (SWA), filiale de la Sabena qui se mue, quant à elle, en un holding regroupant SWA - où elle reste l'actionnaire majoritaire avec une participation de 60 % - et les autres divisions du groupe. En décembre, les parties mettent fin, de commun accord, à leur projet d'association. 1991. Tandis qu'en janvier, Pierre Godfroid prend les commandes de la compagnie, un plan prévoit la suppression de 2.000 emplois et le gouvernement injecte 35 milliards de francs (dont 16 en annulant une créance), soit la dernière intervention publique acceptée par la Commission européenne. 1992. Mariage avec Air France qui apporte quelque 6 milliards de francs et prend 37,5 % du capital. 1994. Le divorce est prononcé entre le transporteur hexagonal et la compagnie belge. 1995. Sabena épouse, en mai, Swissair qui entre (moyennant 6 milliards de francs) dans le capital à hauteur de 49,5 %. En novembre, la direction dénonce l'ensemble des conventions collectives du personnel... Le conflit social mettra fin à l'ère Godfroid. 2000. Un accord entre le gouvernement fédéral et SAirGroup (Swissair) prévoit que la part suisse passera de 49,5 % à 85 %. 2001. La Sabena a perdu les trois quarts de son capital... En janvier, un accord est conclu entre actionnaires belges et suisses : le gouvernement belge apportera 4 milliards de francs, Swissair en versera 6. En avril, les dettes colossales (98 milliards de francs) et les résultats désastreux de la Sabena conduisent à envisager une nouvelle augmentation de capital ainsi qu'un énième plan de redressement. En juillet, Swissair et l'Etat belge décident de verser 17,3 milliards de francs. L'automne verra, cependant, la compagnie helvétique tomber en faillite. JOAN CONDIJTS