Genoa pictures report : Dernier jour de contestation à Gênes

Pictures : Arnaud Leblanc (IMC-Belgium)

Contact : arnaudleblanc@swing.be

Après les manifestations de la veille, les confrontations musclées entre forces de l'ordre et contestataires et la mort tragique d'un jeune Gênois de 23 ans, la marche de samedi 21 juillet a prit une ampleur sans précédent.
Les organisateurs espéraient 100.000 personnes et c'est près de 200.000 manifestants qui ont joint le cortège. C'est le plus grand rassemblement pour une autre mondialisation.
La veille, tous étaient prêts à croire que la manifestation prendrait la forme de guerre civile ou au mieux d'un grand cortège funèbre mais c'est plutôt l'espoir qui a dépassé le reste pour transformer la tristesse en clameur populaire.
La surprise s'est également marquée par l'accueil chaleureux des Gênois dont les habitations longeaient le parcourt. A chaque pas, les manifestants se faisaient acclamer, applaudir ou arroser (il faisait très chaud) et c'est sans attendre que la foule rendait ces marques de sympathie.
Malheureusement, la police n'a pas jugé bon de changer son comportement à l'égard des manifestations. Il n'a pas fallu longtemps avant que la police (toujours très visible) charge à coups de gaz lacrymogènes un groupe de manifestants écologistes qui, se trompant d'itinéraire, s'étaient aventurés pendant quelques mètres hors du trajet initial. La réponse des manifestants fut très rapide, les écologistes ont laissé place à des jeunes choqués par la situation et qui, sous les cris de "Assassini" ont affronté la police qui décida d'en découdre avec cet énorme appel de la rue. Les forces de l'ordres se mirent donc à avancer, couper la fin du cortège et imposer la terreur dans les rues de la ville portuaire.
Après avoir harcelé la fin du cortège pendant une grande partie de l'après-midi, la police a effectué des contrôles aveugles dans la ville et a terminé sa journée en effectuant des perquisitions musclées aux Genoa Social Forum (qui abritait les équipes d'avocats et leur matériel, les équipes médicales et Indymedia). Repoussés par des moyens diplomatiques, ils s'en sont pris au bâtiment en face où ils ont littéralement commis un massacre sanglant et organisé.

Une Nona applaudit les manifestants du haut de son balcon. Moins visible : La foule le lui rend bien...
Les journalistes étaient très présents à Gênes. D'habitude, ils passent plus de temps derrière la police mais un petit bain de foule ne leur faisait certainement pas de mal.
 
 
A la fin du trajet, une scène attendait les manifestants.
Ils ont alors appris qu'ils étaient près de 200.000 et discours comme chansons se sont succédés alors que le plus gros de la troupe n'était pas à la moitié du parcourt.
 
 
 
 
Une famille de Gênois arrose joyeusement d'eau fraiche les manifestants qui ne demandent que cela.
A ce moment, c'est presque tous les dix mètres qu'il est possible de trouver tel rafraichissement.
Malgré tout cet aspect festif et bon enfant, chacun gardait à l'esprit le tragique évènement de la veille et le comportement irrationnel de la police. Les messages et signes de deuil, de colère ou d'indignation jalonnaient la marche. La plus grande partie des manifestants arboraient un brassard noir en signe de souvenir mais bien d'autres moyens ont été utilisés afin de rappeler ce triste évènement.
 
 

A la fin du cortège, la réponse policière à l'incident du début d'après-midi ne risque pas de prendre fin. La police a chargé pendant plusieurs heures les manifestants à tel point que certains ont du effectuer leur marche au pas de course.
Cette provocation n'a pas eu d'autre effet que d'inciter bon nombre de manifestants à composer des barricades de fortune (particulièrement spectaculaires pour les médias traditionnels). Cette situation a également vu naître la destuction sans mobiles apparents d'une station service (Notons la présence de certains agents des forces de l'ordres particulièrement casseurs qui étaient déguisés en "Black Block" -ce terme reprenant dans les médias traditionnels toute personne habillée de noir ou autre qui s'en prend à la police ou à des biens matériels-).

Une équipe de télévision italienne choisit un lieu idéal pour la présentation d'un reportage. Quoi de mieux que les gaz lacrymogènes?!

Après la manifestation, grand nombre de manifestants ont eu la plus grande difficulté d'en partir sereinement. D'abord, la police chargeait tout groupes de plus de cent personnes (il est difficile de faire de plus petit groupes lors de la dislocation de manifestations d'une telle ampleur).
De plus, elle effectuait un grand nombre de contrôles de petits groupes un peu partout dans la ville. Elle demandait d'ouvrir les sacs et il n'était pas rare de voir les manifestants contrôlés se faire frapper violemment et/ou partir dans une camionnette.
Il va sans dire que cette situation a profondément terrifié grand nombre de manifestants qui ne pensaient alors qu'à quitter la ville au plus vite.
Ce climat de terreur arrivera à son apogée quand la police fera irruption vers minuit rue Cesare Battisti où se situait le siège du Genoa Social Forum et où elle effectuera un raid particulièrement sanglant dans l'école d'en face.

Les policiers effectuent un contrôle après la manifestation.
Vers une heure du matin, le Genoa Social Forum est abandonné par la police qui se défoule violemment sur les occupants de l'immeuble en face.
Alors que les carabiniers bloquent la rue et l'accès à l'école, les nombreux journalistes et occupants du GSF assistent impuissants et révoltés au départ d'une quarantaine de civières.
Les cris sont alors presque constants, "Assassini", "The whole World is Watching"... L'ambiance est alarmante.