En 25 ans, le Produit National Brut par habitant en Belgique a presque doublé, mais la distribution de la richesse est de plus en plus inégale. Preuves à l’appui :

Augmentation de la pauvreté :

Entre 1980 et 2000, la somme totale des salaires dans le PIB a baissé de 59% à 50%. Soit 9% équivalent à 900 milliards de francs belges.

Les salaires demeurent à la traîne de la prospérité. Mais que dirent alors des allocations sociales....

*Selon le Ministère de l’Emploi et du Travail, les salaires réels ont progressé de 18,7% entre 1980 et 2000.
*Selon le Programme national de lutte contre la pauvreté, le bien-être s’est élevé de 18,9% entre 1985 et 2000.
* Du fait de la non liaison au bien-être, le niveau de vie a baissé de 18% à 20% pour les allocataires sociaux par rapport aux " actifs ".

*Dans les ménages où le chef de famille est au chômage, on comptait, en 1985, 19,7% de pauvres. On en dénombre aujourd’hui 36,8%.
*Dans les ménages où le chef de famille est un invalide, le taux a pratiquement doublé, passant de 8,3% à 16,4%.
*Chez les pensionnés, l’augmentation est plus faible mais réel : de 8,1% à 10,1%.

*Selon le Bureau du plan, les pensions représentaient en moyenne 34% des salaires en 1980, elles sont passées à 32% en 1999. Pour les allocations d’invalidité, on est passé de 44% à 33%. Quant aux allocations de chômage, la chute est de14%, soit de 42% à 28%.

Mais encore...

* Selon une étude du syndicat socialiste, près de la moitié des personnes âgées ne disposaient pas de moyens suffisants pour se permettre un repas chaud tous les jours.
. Que fait le gouvernement ? Promotion des fonds de pension (privé) et donc travail de sape de la sécurité sociale. Autre idée : PS et SP veulent accorder une augmentation de 2%. Sur une pension moyenne de 23.000 francs, cela revient à moins de 500 francs par mois!

* Minimex (revenu minimum) pour un isolé : 21.761 francs, pour un couple : 29.015 francs. Rajoutez plus ou moins 1000 francs belges pour les pensionnés. Selon une enquête très sérieuse du CBS (Centre de Politique sociale de l’Université d’Anvers), 33.000 francs (isolé), 45.000 francs (couple) et 10.000 francs de plus par enfant à charge devrait être le minimum.
Chose que reconnaît dans la pratique le gouvernement puisque 33.000 francs est la somme minimum sur laquelle peut avoir lieu des saisies sur salaires en cas d’endettement.

Mais aussi...

* 18% des gens qui tombent malades tombent aussi dans la pauvreté. Un sur trois a du mal à payer ses notes d’hospitalisation, de médecin ou de pharmacien. Les malades doivent payer une part toujours plus grande de la facture. Un franc sur dix auparavant, un franc sur quatre aujourd’hui.

* Le gouvernement prévoit tout au plus 23 milliards pour les ‘corrections sociales’, petites augmentations ciblant uniquement les indemnités les plus basses.
Selon Luc Cortebeeck, président de la CSC (syndicat chrétien), 70 milliards sont nécessaires si l’on veut appliquer le programme des trop molles revendications de la manifestation de ce 20 mai.
Les patrons, quant à eux, reçoivent 144 milliards par an de ce même gouvernement sous forme de cotisations allégées pour la sécurité sociale.

* Selon le magazine C4, le coût du voyage a grimpé ces dernières années. Le prix des abonnements " Métro-Tram-Bus " a augmenté de plus de 50% alors que " l’indice des prix " augmentait lui de 24%. Du fait du grand retard des allocations sociales, imaginez comme la mobilité est de plus en plus un privilège aujourd’hui alors qu’il suffirait de 12 milliards (soit 200 fb par mois par personnes) pour que tous les réseaux soient gratuits.

Quelques causes :

*20 années de politiques d’austérité pour réduire la dette publique et payer les intérêts de celle-ci aux banques (environ 700 milliards par an).

*Evolution de l’organisation du marché du travail et de la politique salariale.

*Suppression de la liaison automatique des allocations sociales au bien-être : quasiment plus de liaison pour les pensions et les allocations d’invalidité. Plus du tout pour celles de chômage.

*Indice des prix manipulé ou incomplet. Exemple: les revenus sont liés au dit "index-santé" mais celui-ci ne reprend plus les prix de l’alcool, du tabac, de l’essence et du diesel.

*Abandon du principe du droit individuel aux allocations, c’est-à-dire distinction entre statuts de chômeurs cohabitants, isolé ou chefs de famille. Mesure introduite à la fin des années septante et qui vise surtout les femmes puisqu’elles représentent 90% des cohabitantEs.
Pour ce qui est des pensions, il y a deux catégories : isolé et ménage. Le statut de cohabitant n’a pas été introduit, une des causes expliquant la chute moins brutale des pensions par rapport au niveau de vie. Mais ce décrochage ne fera qu’augmenter dans l’avenir avec la généralisation du temps partiel, surtout chez les femmes évidemment.

*L’article 80, introduit à la fin des années 80 (après le retour du PS au gouvernement), stipule que tout cohabitant dont la durée de chômage dépasse une fois et demi la durée moyenne régionale (à l’origine : deux fois et demi) peut être exclu du droit aux allocations.

*Développement du travail à temps partiel/ intérimaire/ précaire.

Des représentants politiques ont décidé de participer à la manifestation de ce 20 mai. Qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, c’est faire preuve tant d’arrogance, de culot que d’amnésie. Il ne faut guère attendre quelque chose avec une seule manifestation, aussi massive qu’elle soit. Les mondes syndical et associatif doivent radicaliser leurs revendications, ils doivent continuer cette lutte et imposer un rapport de force pour mettre à bas la politique actuelle de mise au travail des chômeurs et pensionnés qui implique de creuser l’écart entre salaires et allocations.

Soyons réalistes, exigeons l’impossible!

 

Sources des chiffres : La Gauche, Solidaire

Plate forme syndicale de la manifestation de ce 20 mai : http://www.indymedia.be/display.php3?article_id=4500