Quand la
presse traite d'un problème, pour de nombreuses raisons, elle semble
oublier parfois le passé, l'histoire pour expliquer au lecteur,
au téléspectateur, à l'auditeur, un problème. Duhalde
: l'homme nouveau de l'ancien régime C'est le même Duhalde qui fut une pièce maîtresse dans la structuration et la consolidation de l'Etat néo-oligarchique de Menem qui aujourd'hui subit les foudres de la rue. La mémoire collective n'oublie pas que quand le pays fut érigé par les organismes financiers internationaux (FMI, Banque mondiale, Banque Interaméricaine de Développement) comme un modèle en matière de réformes monétaires, ces réformes qui détruisirent la classe moyenne, Duhalde émergea comme le dauphin, le successeur naturel de Carlos Menem qui devait permettre à tous les Argentins de faire partie du Premier Monde. Tout comme Cavallo & Menem, Duhalde a servi aussi cette oligarchie parasitaire et de rentiers, ce pouvoir conservateur qui a mené à la désindustrialisation du pays au même moment où les dessous de tables, l'argent de la drogue et les subsides des entreprises générèrent une concentration encore plus importante de la richesse dans les mains de quelques-uns. Duhalde fut un des artisans importants du projet néolibéral, projet imposé dans le sang par les militaires, au temps de la dictature (comme dans le cas de Pinochet au Chili), et qui s'est poursuivi avec la " démocratisation " ménemiste à coups d'ajustements structurels, de privatisations, de dérégulations, de flexibilisation du travail , Dans l'Argentine de Menem, être pauvre équivalait à être délinquant. Une société dominée par des contre-valeurs où l'humain disparaissait derrière les chiffres macroéconomiques, s'est développé alors que la corruption s'érigeait en système. C'est ce modèle que le président Duhalde prétend renier aujourd'hui " Le pouvoir, c'est jouir de l'impunité ", disait Yabran. Et effectivement, au milieu d'un climat de grande impunité, dans l'Argentine des années 90, il existe un lien directe entre le crime organisé et les fonctions de l'Etat, moyennant lequel des personnages sinistres de la dictature militaire, des hommes d'affaires, des financiers, des délinquants, des terroristes d'extrême droite, des fonctionnaires publics, des policiers, des magistrats et des représentants d'un pouvoir démocratiquement légitimé restent liés à tout un ensemble d'intérêts occultes. Après
la chute du radical Fernando de la Rua et la guerre mafieuse entre clans
du parti justicialiste , Carlos Duhalde émerge aujourd'hui comme
le prototype du capitalisme cleptocratique. Face à un tel pouvoir, c'est de nouveau la rue qui devra, si elle le veut, si elle le peut, décider. Décembre a été un exemple puissant du pouvoir de l'action directe des " masses ", espérons que ce ne soit qu'un début
Lien
conseillé : |