Etre dans la tourmente, ce n'est plus vraiment le côté fort de ce qui reste du PC et on a l'impression que l'affaire du SETCa Bruxelles y fait des ravages. C'est certainement le cas chez Edouard Mommens, un des dirigeants du Parti communiste, deuxième sur la liste pour la Chambre à Bruxelles en 1999. Lorsque l'affaire Faust se déclenche, le 8 juillet dernier, Edouard Mommens est directeur administratif au SETCa Bruxelles. Il s'occupe de l'informatique et gère la cafétéria située au rez-de-chaussée de la maison syndicale, place Rouppe. Comme proche collaborateur d'Albert Faust et initié à la gestion financière, il est chassé avec lui du jardin d'Eden. Il est licencié au même moment que Faust et son comptable André-Marie Verbeure. Mais contrairement à Faust qui est licencié pour fait grave, Mommens est licencié sans motif et il a donc droit à un préavis. Quelques jours plus tard, une nouvelle défraye la chronique: Edouard Mommens attaque le SETCa national en justice. Christian Roland, président de la centrale, assisté de Thierry Nollet, permanent bruxellois, lui auraient extorqué une déclaration contre Faust lors d'une entrevue où l'on négociait son départ, c'est-à-dire son préavis. Cette réunion aurait été très dure, selon le Mommens de l'époque: il n'a même pas pu aller chercher des cigarettes. Et apparemment, cette seule torture a suffi pour lui extorquer des aveux et pour accabler son ami Faust. Début août, Edouard Mommens occupe à nouveau le devant de la scène. Ou plutôt sa voiture... Le directeur administratif du SETCa Bruxelles se déplace dans une Mercedes CLK 320, pour laquelle le syndicat paie 42.500 francs (1.054 €) par mois, pour les seuls frais de leasing (sans taxes, assurances et carburant). C'est plus que l'allocation de chômage pour un chef de famille, avec laquelle il doit faire vivre conjoint et enfants pendant un mois. La morale communiste semble fameusement caduque. Le 17 août, coup de théâtre: Mommens déclare au Soir qu'il n'y a jamais eu de menaces lors de l'entretien qu'il a eu avec Roland et Thierry Nollet. Que ce sont les avocats de Faust qui l'ont poussé à engager une procédure contre le SETCa national. Il annonce qu'il va retirer sa plainte en justice. Petit sursaut de morale communiste? Remue-ménage à l'intérieur du PC? Ou simple souci de ne pas perdre le plantureux pont d'or offert par la direction nationale? Mommens a de toute façon choisi de régler l'affaire comme le national aurait certainement préféré la régler également avec Faust: il continuera à touchera son salaire pendant deux ans et peut encore parader durant 18 mois avec sa Mercedes CLK 320, payée par le syndicat! Le résultat est en tout cas qu'Edouard Mommens vire de bord et choisit le côté du SETCa national contre Faust. Faust a eu le malheur de ne pas accepter le «règlement à l'amiable». Mais au Parti communiste, ce n'est pas seulement la tête de Mommens qui tourne fou. La direction du Parti communiste suspend Mommens comme membre du bureau politique et David Jamar, l'un des piliers du PC, dénonce «les pratiques et les excès qui se sont étalés dans la presse: utilisation abusive des fonds sociaux, voitures luxueuses de fonction, dépenses somptuaires, abus de pouvoir...» Comment? Le PC n'était-il pas au courant qu'un de ses cadres du Bureau politique roulait en voiture Mercedes CLK 320 à charge du syndicat? N'avait-il vraiment jamais eu vent d'utilisation abusive de fonds sociaux pour des causes non syndicales? Si le PC est scandalisé aujourd'hui, ne l'était-il pas hier? Va-t-il dénoncer maintenant ce qu'il a pu constater comme témoin privilégié? Pour le faire, il faudra d'abord qu'il règle quelques querelles internes. Ainsi, le président du Parti communiste de Wallonie et de Bruxelles, Pierre Beauvois, tient ferme derrière Albert Faust. Il est témoin à charge contre le SETCa national dans le procès... pour demander la mise sous tutelle du SETCa par la justice! En tant que spectateur posté à une terrasse de café à la place Rouppe, Beauvois a constaté l'évacuation de documents par la direction nationale du SETCa. Il soutient donc Faust dans sa demande qu'un administrateur provisoire soit désigné par la Justice pour empêcher que la comptabilité soit obscurcie par le syndicat national. Un Parti communiste avec des repères bizarres... Aux militants de base de s'y retrouver. Nous avons publié une interview de Julien Verstraeten, un délégué permanent du secteur commerce, que l'on dit proche du PC. Le camarade soutient jusqu'à ce jour la demande de Faust de désigner un administrateur judiciaire mais il en appelle également à la réconciliation et à l'unité du syndicat bruxellois. Pour lui, si Faust s'avère coupable de fraude, il faut le licencier, mais c'est au comité exécutif d'en décider. Au moment où nous n'avions encore soufflé mot du rôle de militants du PC dans cette affaire, un intervenant sur ce site (David) nous a reproché d'en faire une guerre de chapelle, avant de se déclarer membre du PC. Alors camarade David, où est la morale communiste dans tout cela?