Un Di Ruporto très allègre De retour du Forum Social Mondial, le président du PS multiplie les effets d'annonce sur le budget participatif. A l'en croire, sa bonne ville de Mons serait en passe de devenir le Porto Alegre wallon...? Alain Tondeur C'est Le
Soir qui l'annonce : le bourgmestre de Mons, Elio Di Rupo aurait pris
ses dispositions pour que le chef-lieu du Hainaut imite très rapidement
le système de «budget participatif» qui fonctionne
depuis plus de dix ans dans la capitale du Rio Grande do Sul. Canada Dry Une lecture
plus attentive nous apprend en réalité que Mons sera à
Porto Alegre ce que le Canada Dry est au whisky. En effet, dans la cité
du Doudou, les représentants élus par les assemblées
de quartier auront une fonction purement consultative. Pas question, rapporte
Le Soir, de « s'empêtrer dans les dérives d'une
démocratie directe avec laquelle, dixit Di Rupo, la peine de mort
serait toujours d'application. Non, le tout est de trouver un dosage subtil.
Le conseil communal demeure l'instance décisionnelle. La délégation
de pouvoir se fait dans un cadre bien défini. La Ville ne se dessaisit
pas de ses responsabilités, elle se fait éclairer. » Noeud papillon charmant, sourire au vent au milieu de son nuage de paillettes scintillantes, l'illusionniste Di Rupo se présente devant les médias comme Monsieur Budget Participatif. En même temps, sous la table, il décoche un bon coup de pied aux « dérives de la démocratie directe ». Lisez : au pouvoir décisionnel des assemblées populaires et de leur élus révocables. Pas de ça chez nous ! Les institutions doivent garder les rênes en mains. Sinon, des catastrophes sans nom s'abattront sur la gauche ; le peuple rétablira la peine de mort ! Bref, au terme des pirouettes dirupistes, on retombe sur le vieil argument élitiste qui prétend que donner du pouvoir au peuple ferait inévitablement le lit du populisme le plus abject. Argument démagogique, en l'occurrence, puisque le budget participatif ne porte que sur les investissements locaux. «Dichotomie sociale» Ce n'est pas tout. « Di Rupo est peut-être idéaliste mais on ne peut le suspecter d'être un grand naïf, nous dit Le Soir. L'expérience menée à Porto Alegre l'a séduit, pas subjugué.» Citation du Président : « Cette ville est la plus sûre, la plus riche et la plus propre du Brésil. Et je suis persuadé que la démocratie participative y est pour quelque chose. Mais il ne faut pas sombrer dans l'angélisme : il subsiste là-bas une dichotomie sociale. » «Il
subsiste là-bas une dichotomie sociale ». C'est dit sur
le mode du constat. Mais que veut dire Di Rupo ? Qu'il faudrait aller
plus loin, plus à gauche ? La gauche du Parti des Travailleurs
en est bien consciente. Le budget, pour elle, est un instrument de mobilisation
et de conscientisation des masses - dans une perspective anticapitaliste
- pas un outil de gestion. Di Ruporto
pétille d'allégresse. En surfant sur l'aura de Porto Alegre
et de son Forum Social Mondial, il cultive admirablement son image de
grand modernisateur progressiste du PS. Ce faisant, il positionne son
parti pour récupérer l'électorat de gauche déçu
d'Ecolo. Bras ballants, bouche ouverte, les Verts laissent faire.
|