Tentative d’assassinat de Chirac Des Belges sont liés à la mouvance néonazie à laquelle appartenait Maxime Brunerie, le jeune « déséquilibré » qui tenta d’assassiner le président français, Jacques Chirac, le 14 juillet dernier. Enquête de RésistanceS sur un « milieu » politico-violent qui prône des « vagues d’assaut » et la « guerre ethnique » contre la « société multiculturelle ». Maxime Brunerie, le jeune homme, qui tenta de tuer l’inoxydable et fraîchement réélu Jacques Chirac, est un militant de l’extrême droite la plus subversive. Il faisait partie de la nébuleuse d’Unité radicale (UR), un groupuscule néonazi évoluant dans la périphérie politique du Mouvement national républicain (MNR). Brunerie fut même un responsable local de ce parti issu du Front national de Jean-Marie Le Pen et présidé par son ancien bras-droit, Bruno Mégret. Auparavant, ce jeune adepte néofasciste avait milité au sein d’autres organisations néonazies, comme le Groupe union défense (GUD – une organisation d’étudiants universitaires préférant le maniement de la barre de fer à l’étude des syllabus !) ou le Parti nationaliste français et européen (PNFE – un parti groupusculaire qui se voulait être la version française de l’ancien parti national-socialiste allemand !). Pour Résistance européenne, un collectif anti-nazi émanant du PCN (un parti européen de tendance « nationale-bolchévique » en guerre larvée contre Unité radicale), le milieu politique dont est originaire Brunerie « ne relève pas de la politique mais du monde barbouzard des polices politiques »… (1). Une chose est sûre : Maxime Brunerie n’est pas un enfant de cœur. C’est un extrémiste de droite de la pire espèce. Un pur et dur. Un « racialiste » fondamentaliste pour qui l’étranger doit être bouté hors de France… par n’importe quel moyen. Il fréquentait aussi des groupes autonomes de jeunes infiltrés - depuis belle lurette - par l’extrême droite : les hooligans du Paris-Saint-Germain et les « skinheads NS » (NS pour « national-socialiste »). Il s’occupa également de la promotion des groupes de musique de tendance RIF, c’est-à-dire le « Rock identitaire français », un style politico-musical particulièrement apprécié lors des grandes « messes » du MNR ou du FN, où l’on chante la lutte armée contre les ennemis du « camp nationaliste ». « Correspondants belges » Maxime Brunerie participa dernièrement à beaucoup de manifestations publiques de l’extrême droite française. Ainsi, il fut repéré lors d’une manifestation de soutien à Catherine Mégret (la maire de Vitrolles et épouse du président du MNR) et lors du défilé Jeanne d’Arc organisé par le FN. Au cours de celui-ci, Maxime Brunerie paradait avec ses « camarades » d’Unité radicale et plusieurs « camarades européens blancs », dont les Belges du mouvement Nation. Nation est un groupuscule conduit par des ultras et issu d’une dissidence du Front nouveau de Belgique (FNB, dirigé jusqu’il y a peu par la députée régionale Marguerite Bastien). Ses activistes ont voyagé, comme Maxime Brunerie, au sein de plusieurs groupuscules, souvent d’obédience néonazie. Hervé Van Laethem est le principal dirigeant de Nation. Cet ancien officier militaire de carrière dirigea auparavant l’Assaut, un violent groupe néonazi. Des amis du Vlaams Blok Plusieurs militants de l’Assaut (dont Hervé Van Laethem) furent condamnés par la justice belge pour des faits de violence, dont une action commando, commise en 1992, contre un stand antiraciste à Liège. Les amis belges d’Unité radicale sont donc eux aussi des purs et durs liés, depuis plus de quinze ans, aux autres organisations auxquelles appartenait Maxime Brunerie. Hervé Van Laethem, à l’époque du groupe l’Assaut, entretenait des liens réguliers avec les nazillons du PNFE et du GUD. Hervé Van Laethem n’était pas le seul en Belgique à fréquenter ces ultras, puisque que les derniers dirigeants du Vlaamse militanten orde (VMO, une organisation paramilitaire qui participa à la création du Vlaams Blok) avaient eux aussi des liens étroits avec la direction du PNFE. Quant au Nationalistisch studenten verbond (NSV), une association étudiante d’extrême droite proche du Vlaams Blok, il se veut toujours l’homologue du GUD dans les universités flamandes. Groupe union défense, Parti nationaliste français et européen et autres Unité radicale bénéficiaient chez nous de nombreux partisans, y compris dans les périphéries des partis de l’extrême droite parlementaire (Vlaams Blok, Front national et Front nouveau de Belgique). Un milieu prêt pour la « guerre ethnique » Maxime Brunerie fréquentait donc un « milieu » extrémiste subversif, pour qui l’option électorale n’est pas une fin en soit. Influencé par le néonazisme nord-américain issu du Ku Klux Klan (KKK), ce milieu particulier estime que les prémices d’une « guerre ethnique » civile se manifestent déjà dans notre société. Pour ce milieu extrémiste de droite, l’Europe est envahie par des « masses allochtones ». Nos villes européennes seront, selon lui, des futurs champs de bataille entre forces « identitaires et nationalistes » et « étrangères ». Ce milieu se prépare depuis bien longtemps à des affrontements ethniques. Par exemple, le mouvement Nation informait dans sa presse que la première bataille de cette « guerre ethnique » s’était tenue, dans les rues de Bruxelles à l’occasion de l’Euro 2000 lors d’affrontements violents entre des « supporters européens » (belges et anglais) de football et des jeunes bruxellois d’origine marocaine (2). Des théoriciens de la lutte armée Des propos guerriers et violents sont tenus dans la « presse nationaliste », mais les pronostics d’une « guerre ethnique » sont-ils pris au sérieux ? Pour ces amateurs d’émotion forte cela semble être le cas. Plusieurs d’entre eux s’y entraînent déjà par des activités sportives anodines. Il faut savoir que la stratégie paramilitaire de l’extrême droite à ses propres théoriciens, pour la plupart nord-américains, anglais et français. Pierre Vial fait partie de ceux-ci. Professeur dans l’une des universités de Lyon, cet ancien compagnon de route de Jean-Marie Le Pen est le leader de Terre et Peuple (T & P), un « mouvement identitaire », défini par le quotidien « Le Monde » comme nostalgique du régime hitlérien. L’objectif officiel de T & P est politico-culturel. Cependant, l’option militariste est prônée lorsqu’on y parle de « guerre ethnique » à venir. Son « gourou », Pierre Vial, écrivait en 1997 : « (…) La mission de l’intellectuel organique (est d’) armer mentalement les militants pour leur permettre, ensuite, d’être physiquement efficaces. L’intellectuel organique définit les enjeux, éclaire et instruit, trace la voie. Puis il applique les principes qu’il a enseignés en prenant la tête de sa section pour conduire la vague d’assaut (…) » (3). Un an plus tard, Pierre Vial affirmera : « (…) Nous voulons que nos petits-enfants soient, à leur tour, Gaulois et fiers de l’être. Que cela plaise ou non aux amateurs de sociétés multicolores, sans corps et sans âme, contre lesquels nous avons engagé la résistance. Dans une guerre qu’il faut appeler par son nom : une guerre de libération nationale (…) » (4). En Belgique, ce théoricien des « vagues d’assaut » contre les « sociétés multicolores » bénéficie d’une excellente réputation. Il séjourne régulièrement sur nos terres pour y tenir des meetings avec la plupart des « forces nationalistes » autochtones. Une « bannière wallonne » de Terre et Peuple existe dans la région de Charleroi. Des Flamands d’extrême droite proches du Vlaams Blok se comptent aussi parmi les « correspondants belges » de T & P. Il y a quelques années, un article promotionnel sur le mouvement de Pierre Vial fut publié dans le « Vlaams Blok magazine », mensuel officiel du parti (5). Un danger pour demain Pour en revenir à Maxime Brunerie, il semble évident que son acte contre Chirac soit isolé et non pas l’œuvre préméditée d’une organisation, comme Unité radicale par exemple. Les personnes citées dans notre article n’ont certainement rien à voir avec la préparation de cette tentative de meurtre. Néanmoins, le milieu politique que Brunerie fréquentait depuis ses 17 ans peut considérer la violence comme un mal nécessaire pour atteindre ses idéaux même les plus fous. Maxime Brunerie, malade psychiatrique ou non, est le produit d’une époque et le fruit d’une éducation idéologique. L’extrême droite n’est pas que parlementaire et constituée de politiciens BCBG. Elle prône encore et toujours la violence. Dans ses propos comme dans ses actes. Alors, au vu de ce que nous avons écrit sur la mouvance politique de Maxime Brunerie, demain, y aura-t-il d’autres « tueurs fous » ? Simon HARYS RésistanceS – Bruxelles – 17 juillet 2002 Notes : (1) Selon le communiqué de presse de Résistance européenne – Europaische widerstand, du 15 juillet 2002. (2) « La bataille de Bruxelles » article anonyme publié dans le mensuel du mouvement Nation, « Nation-Info », n°9, juillet-août 2000, page 5. (3) Extrait d’un article de Pierre Vial dans « Offensive pour une nouvelle université » (trimestriel du Renouveau étudiant, lié au front national de Jean-Marie Le Pen), n° 1, 1er. Trimestre 1997, page 4. (4) Pierre Vial : « Gaulois ? Présents ! », in « La Lettre de Terre et Peuple », janvier-février 1998. (5) pour plus d’informations sur Pierre Vial et ses « amis belges », relire notre dossier : www.resistances.be/vial.html.