La Confédération mondiale du Travail dénonce la répression anti-syndicale à Cuba Bruxelles, 31 octobre 2000 - Cuba, officiellement «paradis socialiste» pour les travailleurs, connaît une nouvelle vague de répression contre les syndicalistes indépendants, affirme la Confédération mondiale du Travail. Cette accusation fait suite à la détention, depuis le 13 octobre, du secrétaire général du Conseil Unitaire des Travailleurs Cubains (CUTC), Pedro Pablo Alvarez, et d'autres dirigeants de ce syndicat, membre de la CMT. Le CUTC, légalement interdit, se préparait à tenir son premier congrès et à donner une conférence de presse. Malgré des espoirs d'assouplissement voici trois ans, une seule organisation syndicale, liée au Parti communiste, reste autorisée à Cuba. Officiellement, le Parti-Etat se dit l'expression du peuple tout entier, qui n'aurait donc pas besoin d'autres organisations. L'absence de liberté syndicale est totale, malgré la ratification par Cuba des conventions internationales qui la garantissent. Cela n'a cependant pas empêché des syndicats indépendants de naître ces dernières années. Tous sont régulièrement victimes d'actes de répression visant à empêcher leurs activités publiques, surtout lorsque la presse internationale y est intéressée. Pedro Pablo Alvarez a été arrêté au moment d'entamer une conférence de presse préalable à la tenue du premier congrès du CUTC, qui devait avoir lieu les 20 et 21 octobre. D'autres membres du CUTC ont été libérés, mais le secrétaire général est toujours détenu sous l'accusation de "résistance à son arrestation"; ce qui, pour la CMT, est non seulement faux, mais n'explique de toute façon pas les raisons de l'arrestation. De plus, l'argent destiné à la tenue du congrès, confisqué par les autorités, n'a pas été restitué. La CMT exige des autorités cubaines qu'elles libèrent le secrétaire général du CUTC, qu'elles rendent les fonds subtilisés et qu'elles mettent fin au harcèlement permanent envers les dissidents et les organisations indépendantes. Sollicité par la CMT, Juan Somavia, le directeur général du Bureau International du Travail, est intervenu dans ce sens auprès du ministre cubain du Travail. Contact: André Linard, chef du service Information, tél (32)-2-285.47.38; andre.linard@cmt-wcl.org ou Eduardo Estevez, tél (32)-2-285.47.71; eduardo.estevez@cmt-wcl.org. Rapport du Conseil economique et social des Nations Unies 1996 : "La situation des droits de l'homme à Cuba continue de se caractériser par les graves limitations apportées aux droits à la liberté d'expression et d'association, au droit syndical et au droit de grève, de même que par le strict contrôle qu'exercent les pouvoirs publics sur l'activité individuelle des citoyens" http://www.unhchr.ch/Huridocda/Huridoca.nsf/TestFrame/0007487e550f2112802566db00372905?Opendocument 1997 : "On a de nouveau porté à l'attention du Rapporteur spécial divers incidents où l'exercice de la liberté d'expression, d'association ou d'opinion politique avait été réprimé par des moyens de toute sorte - emprisonnement, mesures vexatoires, menaces, garde à vue, licenciement professionnel, etc." http://www.unhchr.ch/Huridocda/Huridoca.nsf/TestFrame/ee0c9500d53174b6802566c00039d564?Opendocument Rapport 2002 (relatif à l'année 2001) d'Amnesty International Cuba: droits de l'homme Un certain nombre de prisonniers d'opinion ont été libérés cette année. Toutefois, les autorités cubaines ont procédé à plusieurs nouvelles arrestations, montrant ainsi qu'elles n'avaient pas renoncé à réprimer ceux qui exercent pacifiquement leurs droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion. La pratique de la détention de courte durée et d'autres formes de harcèlement ont continué d'être utilisées pour empêcher les journalistes, les militants politiques et d'autres personnes de mener leurs activités. Selon certaines sources, un moratoire non officiel sur les exécutions était en vigueur. Aucune exécution n'a été signalée au cours de l'année 2001, mais les tribunaux ont continué de prononcer des condamnations à mort. Cette année encore, l'embargo américain subi par Cuba depuis quatre décennies n'a fait qu'aggraver une situation dans laquelle les droits fondamentaux étaient bafoués. Cependant, et pour la première fois, les Etats-Unis ont vendu à Cuba des produits agricoles après le passage d'un ouragan en novembre. Aucun des deux pays n'a toutefois voulu admettre qu'un tel geste pouvait traduire un changement dans l'état général de leurs relations. Au mois de novembre, les membres de l'Assemblée générale des Nations unies ont, à une écrasante majorité, condamné le maintien de l'embargo et ce pour la dixième année consécutive. Contexte Au mois de juin, le président Fidel Castro, âgé de soixante-quinze ans, a été pris d'un bref malaise au cours d'un discours, ce qui a suscité des spéculations quant à son éventuel successeur au sommet de l'État. Le président Castro a publiquement abordé la question en déclarant une nouvelle fois que, s'il venait à quitter ses fonctions, son choix se portait sur son frère Raúl Castro, premier vice-président et chef des forces armées, qu'il souhaiterait voir à la tête d'une structure dirigeante de type collégial. (...) Prisonniers d'opinion Cette année encore, l'Etat cubain a jeté en prison des personnes qui avaient critiqué sa politique et ne faisaient qu'exercer, pacifiquement, leurs droits à la liberté d'expression, de réunion et d'association. Les mesures restreignant ces libertés fondamentales étaient d'ailleurs toujours inscrites dans la législation cubaine. Un certain nombre de personnes ayant été libérées de prison, on a pu espérer que Cuba allait assouplir ces restrictions et mettre ses lois et ses pratiques en conformité avec les normes internationales en vigueur. Malheureusement, de nouvelles arrestations ont montré que ces espoirs étaient prématurés. A la fin de l'année 2001, au moins sept prisonniers d'opinion étaient toujours détenus à Cuba. En mai, José Orlando González Bridón, secrétaire général de la Confederación de Trabajadores Democráticos de Cuba (CTDC, Confédération des travailleurs démocrates de Cuba) a été condamné à deux ans d'emprisonnement pour "propagation de fausses informations dans le but de troubler la paix internationale". Il semble en fait qu'il lui ait été reproché d'avoir écrit un article mettant en cause la responsabilité des autorités, accusées de négligence, dans une affaire de violences au foyer. En septembre la plus haute instance judiciaire cubaine a ramené sa condamnation à un an d'emprisonnement, et José Orlando González Bridón a recouvré la liberté en novembre. Détention sans jugement Un certain nombre de dissidents ont été maintenus en détention sans jugement pendant plusieurs mois avant d'être libérés. Amnesty International les considérait comme des prisonniers d'opinion. Le syndicaliste Pedro Pablo Álvarez Ramos, secrétaire général du Consejo Unitario de Trabajadores Cubanos (CUTC, Conseil de l'Union des travailleurs cubains), a été libéré en janvier après avoir passé trois mois en prison sans jugement. Il avait été arrêté en octobre 2000 par des agents de la sûreté nationale dont l'intention était, semble-t-il, de l'empêcher de participer au premier congrès national du CUTC, prévu les 20 et 21 octobre 2000. Plusieurs autres personnalités du monde syndical ont été détenues pendant de courtes périodes avant la tenue de ce congrès. Leonardo Miguel Bruzón Avila a été appréhendé en décembre 2000 lors d'une vague d'arrestations visant à empêcher les dissidents de célébrer le cinquante-deuxième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Cet homme, qui dirigeait le Movimiento Pro Derechos Humanos 24 de Febrero (Mouvement pour les droits humains du 24 février) aurait été détenu dans les locaux du Departamento Técnico de Investigaciones (DTI, Service des enquêtes judiciaires) où, selon le récit qu'il en a fait, il a été attaché par des menottes aux barreaux d'une cellule disciplinaire pendant quatre jours, avec de l'eau pratiquement jusqu'aux genoux. Il a été relâché le 1er février. En septembre, il a de nouveau été arrêté après avoir ouvert une bibliothèque "indépendante" pour enfants à son domicile ; sa famille a en outre été menacée d'expulsion. Leonardo Miguel Bruzón Avila a été libéré sans inculpation au bout de quatre jours. Préoccupations concernant les soins aux détenus Les difficultés rencontrées par les prisonniers pour se faire soigner correctement constituaient toujours un motif de préoccupation. Les stocks dont disposait le pays en matière de médicaments et d'équipements subissaient les effets néfastes de l'embargo américain. Dans certains cas, toutefois, il semble que le refus délibéré de prodiguer des soins à des prisonniers d'opinion et à d'autres prisonniers politiques ait été utilisé comme un moyen de châtiment supplémentaire. La famille de Marcelo Amelo Rodríguez, cinquante-deux ans, mort en détention au mois de mai alors qu'il souffrait de douleurs à la poitrine, a accusé les autorités pénitentiaires de ne pas avoir accordé au prisonnier les soins que nécessitait son état. Marcelo Amelo avait été incarcéré en 1993 pour "rébellion" et libéré en juin 2000 après avoir purgé sa peine. Il a par la suite été à nouveau arrêté pour différents motifs. Cela faisait plusieurs années que son état de santé était source d'inquiétude. Dans la prison Combinado de Guantánamo, le prisonnier d'opinion Néstor Rodríguez Lobaina se serait vu infliger un contact étroit avec des détenus atteints de tuberculose pulmonaire déclarée, risquant à son tour d'être contaminé. Reconnu coupable en février 2000 d'"outrage", de "trouble de l'ordre public" et de "préjudices", Nestor Rodríguez purgeait une peine de six ans et deux mois d'emprisonnement. Pour protester contre le manque de soins, le prisonnier politique Jorge Luis García Pérez, qui souffrait de différents problèmes de santé, a entamé une grève de la faim en avril. Il y a mis fin au bout de près d'un mois, les autorités l'ayant finalement autorisé à être examiné par un spécialiste des poumons. Harcèlement persistant des dissidents Les personnes soupçonnées de critiquer le gouvernement ont continué d'être harcelées par les autorités cubaines, soucieuses de décourager toute dissidence. Les placements en détention de courte durée, les fréquentes convocations, les menaces, les expulsions, les licenciements et les restrictions touchant à la liberté de circulation figuraient parmi les méthodes employées contre les dissidents présumés. Ces manœuvres de harcèlement pouvaient être le fait d'agents de la sûreté ou de policiers, ou bien encore de membres de groupes locaux comme les Brigadas de Respuesta Rápida (Brigades d'intervention rapide) ou les Comités de Defensa de la Revolucíon (Comités de défense de la révolution), créés respectivement en 1991 et 1960 pour lutter contre la criminalité et les activités dissidentes. En plusieurs occasions, des dissidents ont été agressés verbalement, la plupart du temps par des personnes qui n'ont pas été identifiées. Il est arrivé que les domiciles de dissidents présumés soient la cible de jets de pierres ou de bouteilles ; en outre, des agresseurs non identifiés auraient frappé à coups de poing ou de pied plusieurs dissidents en raison, selon les victimes, de leurs opinions ou de leurs activités politiques. Rafael León Rodríguez, coordonnateur du mouvement Proyecto Demócrata Cubano (Projet démocrate cubain), l'un des membres de la Mesa de Reflexión de la Oposición Moderada (Table ronde de l'opposition modérée), aurait été expulsé de chez lui en juillet à la suite d'une erreur évidente, imputable à la bureaucratie administrative. A la fin de l'année, il n'avait toujours pas pu, malgré ses protestations, récupérer sa maison ni ses biens. On pouvait craindre dès lors que cette expulsion n'ait été qu'un moyen de le punir pour ses activités dissidentes. En différents lieux, des agents de la sûreté de l'État, des policiers ou d'autres représentants des pouvoirs publics ont menacé, placé en détention pendant de brèves périodes, convoqué et harcelé sous d'autres formes des militants qui cherchaient à collecter des signatures pour le Proyecto Varela (Projet Varela), une pétition demandant l'organisation d'un référendum en vue de réformer la législation cubaine. Ils ont également confisqué leur matériel. A la fin du mois de novembre, les auteurs de ce projet ont fait savoir qu'ils avaient récolté plus de 2.500 signatures d'électeurs ; toutefois, pour qu'un référendum puisse être organisé, la loi exige dix mille signatures. Peine de mort Des signes de changement de politique en matière d'exécutions sont apparus ; aucune exécution n'aurait eu lieu en 2001. Cependant, la peine de mort n'a pas été abolie dans les textes. Au mois de décembre, le pouvoir législatif a, semble-t-il, réaffirmé la possibilité de recours à cette peine pour les personnes coupables du crime de "terrorisme", dont la définition se serait élargie aux termes de nouvelles dispositions. Les tribunaux ont continué de prononcer des sentences capitales. D'après la Comisión Cubana de Derechos Humanos y Reconciliación Nacional (CCDHRN, Commission cubaine des droits humains et de la réconciliation nationale), une organisation non gouvernementale, une cinquantaine de prisonniers étaient sous le coup d'une condamnation à la peine capitale à la fin de l'année. Visites d'Amnesty International La dernière visite de l'organisation à Cuba remonte à 1988. Les demandes adressées au gouvernement cubain en vue d'obtenir