* En voiture! * Nous sommes des petit/e/s veinard/e/s: temps magnifique pour notre première (demi) journée de travail sur la route: le ciel est couvert! On s’habille et s’équipe en conséquence, et on part en hâte. Un bus de campagne usé, très haut et trappu passe nous prendre. L’enthousiasme est complet et l’on chante des chants révolutionnaires, antifascistes, voire parfois plutôt pop (“I will survive” devient la chanson de circonstance). Mais dans l’empressement nous avons oublié quelques personnes ... pas de bol. Certe on est enthousiastes, mais on se demande un peu à quelle sauce on va être mangé/e/s et si nous allons pouvoir assurer, la chaleur ne jouant pas en notre avantage. * Au boulot! * Nous nous sortons du village de Thanh My (distrit de Nazm Giang, massif montagneux de Truong Son), et tout au long les passants et les travailleurs de la route nous regardent avec étonnement ou nous font signe. A la sortie du village nous passons un pont puis montons sur une route de montagne sinueuse en train d’être transformée en large route. Notre brigade de travail (une trentaine de personnes) a été divisée en deux et un premier groupe descend pour travailler sur une section de la route (le lendemain, les postes sont échangés). Le second groupe monte quelques kilomètre plus haut et s’arrête à hauteur d’un groupe de cabanes. C’est le QG local. Là on nous donne instructions et outils et on se met à la tâche. * C’est tout simple * Le travail que l’on nous confie est assez simple: il s’agit de creuser une tranchée d’un côté de la route existante. Partout nous avions constaté que c’était la première chose qui était faite: la réalisation de part et d’autre de la chaussée de large collecteurs en béton armé, qui évacueront les eaux de pluie, nous creuserons le fossé qui en accueillera les soius-bassements. La route existante sera ensuite refaite et élargie. Nous nous équipons de pelles, pioches, houes (*) et brouettes et nous répartissons en petits groupes encadrés par des travailleurs Vietnâmiens. Notre guide, Tran, traduit les instruction, on nous montre un cadre en bois qui montre la forme que doit avoir la tranchée. * Chaud! * On commence avec enthousiasme et énergie, style “On va leur montrer ce que l’on a dans le ventre”, mais après seulement quelques minutes nous sommes en sueur et nous avons soif, et nous abandonnons bien vite les masques anti-poussière et les chapeaux. Sous un pareil climat, et quand l’on n’en a pas l’habitude, il faut mieux travailler de manière plus lente et raisonnée. Une première équipe désherbe ou retire les grosse pierres, une seconde creuse avec les pioches, une troisième charge les brouettes avec la terre, et on fini en égalisant les bord pour obtenir la forme demandée. Après une demi heure nous sommes mieux organisé/e/s et plus éfficaces, le travail avance, mais tout parait aller si lentement! * Pause et discussions * Quand l’on annonce une pause de 15 minutes, nous déposons les outils et allons nous assoir sur des bancs en bois, sous l’auvent d’un des bâtiments. Nous buvons les litres d’eau que nous avons transpiré. C’est l’occasion de parler d’avantage avec les ouvriers locaux qui pour la plupart ne parlent pas anglais ni français. La plupart sont des hommes, membres du corps des volontaires, le TNXP (#), dont il portent la chemise ou l’insigne. Celà signifie qu’ils se sont porté volontaire pour se travail et qu’il sont payé un petit peu plus qu’ils le seraient pour le même travail dans la plaine, car les conditions sont plus dure ici. Ils vivent dans des cabanes de bonne taille, construitent pour eux, et dispose d’une télévision dans tout les campement, pour les longues soirées. Quelques femmes et enfant vivent aussi dans le camps. * “Pour mon père et mon grand père” * Un des ouvrier vient de la même ville que notre guide (et compagnon de travail, par la force des choses). Quand nous lui demandons pourquoi il a voulu venir ici, il nous répond que son père et son grand père étaient des activistes communistes, qu’ils ont été très actif dans l’organisation du peuple Vietnamiens contre les forces impérialistes, et qu’il voulait continuer leur oeuvre. Il a y travaillé un an ici, puis est retourné à Hué pour se marier. Lui et sa femme compte rester sur le chantier jusqu’à ce que la route soit terminée (encore deux années, sans doute) et ce n’est qu’une fois cette tâche accomplie qu’ils retournerons en ville et aurons de enfants. Nous sommes assez impressionnés par cette determination. Pour leur part ils sont aussi étonnée de voir ces jeunes européen/ne/s, étudiant/e/s pour la plupart, faire le voyage jusqu’au Viet Nâm pour creuser avec eux. Quand elle apprend que certaine/e/s d’entre nous ont fait des emprunts pour pouvoir venir ici, Ân, l’infirmière Vietnamienne qui accompagne notre groupe, est tellement touchée qu’elle se met à pleurer en nous remerciant... * Historique * La piste Hô Chi Minh a été créee pour ravitailler en nouriture, armes et munitions les combattants Viet Minh du Sud Viet Nâm depuis le Nord, la route Nr.1, longeant la côte, étant tenues par l’armée US. Tout y était acheminé à vélo, sur le dos, parfois aussi par camions. L’aviations US n’a eu cesse de bombarder la piste, qui c’est changée en un large réseau de piste parallèles communiquant entre elles. Des milliers de Vietnâmien/ne/s ont travaillé à établir ces pistes (carossables sur certaines sections) et à les remettre en état après chaque bombardement. On dit que l’espérance de vie était de six mois pour les travailleur/euse/s de la piste, soumise à des attaques incéssantes: son rôle était determiant pour la guerre de libération. * L’avenir ... * Aujourd’hui la route Nr.1 n’est plus au main des USA, mais les inondations qu’elle subi la rende régulièrement impraticable. D’où la décision de transformer la piste Hô Chi Minh en une route Hô Chi Minh, large, solide et durable, avec pour effet d’améliorer le commerce, les communications, mais aussi d’apporter plus de facilités aux populations isolées (en particulier les minorités ethniques des montagnes) et de briser leur isolement. La construction de la route à été décidée une date symbôlique: le 25ème anniversaire de la victoire sur les USA. Et malgré la retenue et le langage diplomatique des Vietnâmiens, certains n’hésite pas à affirmer “On n’a battu les USA avec cette piste une fois déjà, on va maintenant les battre une seconde fois”. Le ton est donné. * On reprend * A la fin de la pause, on se relève, un peu courbaturé/e/s, mais une fois que l’on se remet au travail on avance bien: on a trouvé le rythme, les geste, la technique. Mais on n’a l’impression d’avancer lentement, lentement ... Nous pensons au 1700 km de route qui devrons être réalisées ... On se sens tout/e/s petit/e/s, mais faisant partie d’un grand mouvement, d’une grande réalisation. Même si nous n’avons avancé que de quelques mètres aujourd’hui, nous sommes des milliers à travailler et la route sera terminée dans quelques années (NB: je vous rassure tout de suite: à de nombreux endroit et dans les zones moins difficiles, les travaux sont d’avantage mécanisés!). * Double effet * Nous sommes aussi content/e/s que l’on nous aie confié un vrai travail: dans pas mal d’endroit les volontaire se voient confier des tâche parfois symbôliques, on prend bien soin qu’ils ne se fatiguent pas trop. Ici pas!). Plus tard on nous dira qu’une des choses les plus importantes que nous ayons fait en travaillant sur la route est d’apporter un véritable soutien au milliers de travailleur/euse/s qui ont vu à la télévision ou dans le journal que des jeunes du monde entier étaient venus jusqu’au Viet Nâm pour travailler à leurs côtés sur ce projet. * Repos! * Vers 5 heures on nous annonce la fin du travail. Nous retournons nous assoir avec les ouvriers et discutons un peu. Même si la langue reste une barrière, on se comprend par des signes et des expressions, et l’ambiance est excellente. Avant de partir, on procède évidemment à la traditionelle photo de famille avec toutes les personnes présentes sur le chantier. Notre bus de campagne arrive, nous re descendons vers le village et récupérons au passage le premier groupe. On chante encore tout au long du voyage, au grand étonnement des autres passagers, mais nos vois ont déjà un peu baissé! Et pour déjà se donner du coeur pour la journée du lendamain nous détournons la chanson “We shale not be moved” (‘On ne pourra pas nous bouger’) en “We shall not give up, we’ll work together to build the Hô Chi Minh road, etc” (‘Nous n’abandonnerons pas, nous travaillerons ensemble à la construction de la route Hô Chi Minh). * Nous sommes à bonne école * Nous retournons à notre “camp de base”: nous sommes installé/e/s dans une école primaire, deux classe nous servant de dortoirs. Nous y avons tendu des cordes, de manière à soutenir nos moustiquaires: nous devons nous protéger au maximum des moustiques, vecteurs de la malaria ... La salle des profs devient notre foyer, et nous profitons de l’électrification (malgré quelques coupures) pour pouvoir travailler. Apparement tout les environs ont l’électricité et la plupart des maison l’eau courante. * “I speak English” * Bien que se soit les vacances d’été, ils y a pas mal d’activité dans l’école: les professeurs de la région sont ici pour se familiariser avec une nouvelle méthode d’enseignement de l’anglais. Ils sont des dizaines à venir chaque jour, ou à loger sur place, pour se perfectionner et être capable d’apprendre la “langue internationale” au enfants des écoles primaires de la région. Nous constatons que la plupart des enfants du village d’une dizaine d’années ont des bases d’anglais. Pas de quoi tenir une conversation, plutôt des phrases type, mais nous sommes impressionnée/e/s par l’attention portée à cette matière, même dans une région reculée d’un pays du Tier-Monde. * Soirée culturelle: musique militaire? * De retour à l’école, passons le portail auquel pend une bannière souhaitant la bienvenue aux “volontaires ionternationaux” et nous nous ruons vers la salle de bain, couleur locale: en plein air, nous nous lavons avec des bassines et des seaux d’eau. Un vrai bonheur. Le repas préparé dans la cantine de l’école par le personnel secondé de quelques volontaires de notre groupe est un délice. Nous partons ensuite en groupe vers le ‘stade’ du village pour un concert de la section culturelle de l’Armée de la 5ème zone. Nous sommes assez curieux de ce que ça peu donné. Le concert est en fait organisé par le Corps des Volontaires, responsable de la sectionde 51km sur laquelle nous travaillons, pour divertir les travailleur/euse/s et les habitants du coin. En lieu et place de musique martiale, c’est à un show populaire et varié auquel nous avons droit. Une troupe d’une vingtaine de musiciens, chanteur/euse/s et danseu/euse/s très professionnels enchaîne performances inspirées des cultures traditionnelles, chanson pop façon ‘Eurovision’ et mimes, il y en aura pour tout le monde. D’après notre guide, environ un tier des chansons sont des romances, un autre traite de sujets divers, et le dernier traite de l’histoire et de sujet pédagogique, comme cette chanson qui promeut le travail volontaire. * Le clou du spectacle? Nous! * En plein milieu du show nous sommes invité/e/s à monter sur scène. Les Vietnâmiens présents perdent alors leur légendaire réserve (qui nous avait d’ailleurs surpris: nous étions quasi les seul/e/s à applaudir) pour nous faire un triomphe. Nous ne risquerons pas à pousser la chansonette, mais nous nous présentons devant tout le village et les habitants des environs. Dans cette région reculée, la plupart des gens n’ont jamais vu d’Occidentaux en chair et en os, et nous voyait d’un drôle d’oeil passer dans le village. Après qu’il ait été expliqué qui nous étions et pourquoi nous étions là, l’hatitude des gens du coin est devenue au contraire très chaleureuse et amusée: après le spectacle, quand nous quittons le ‘stade’ les enfants se groupent autour de nous, et particulièrement autour des géants de notre groupe, qui les amusent beaucoup et braquent leur lampes de poches sur leurs jambes ‘anormallement’ velues! ----- (*) Outil avec un long manche en bois avec à sont bour une ‘lame’ assez étroite, légérement recourbée, placée perpendiculairement au manche. Sert à égaliser le sol, creuser ou désherber. (#) TNXP: Thanh Nièn Xung Phong = Jeunes (ou jeunesses) Volontaires. Pendant la guerre c’est le corps qui s’occupait de la piste Hô Chi Minh (voir ci-dessus). Symbôle assez fort, le même nom a été repris pour le dévellopement de la route en temps de paix. ----- Lien ci-dessous: Vietnam: premières impressions ... exotiques. (RK1) .